Expédition 5300 : le Sang des Habitants de la Ville la Plus Haute du Monde Est « Hallucinant »

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Expédition 5300 : le Sang des Habitants de la Ville la Plus Haute du Monde Est « Hallucinant »
Expédition 5300 : le Sang des Habitants de la Ville la Plus Haute du Monde Est « Hallucinant »

Africa-Press – Guinee Equatoriale. Hallucinant », « jamais vu », « les valeurs les plus élevées au monde »: de retour de la ville la plus haute de la planète, les scientifiques grenoblois n’en reviennent toujours pas. Car à La Rinconada (Pérou), où 50.000 habitants vivent à 5.300 mètres au-dessus du niveau de la mer, le sang des locaux est si visqueux qu’il bouche les machines médicales, et l’oxygène sanguin si rare qu’en bas on les hospitaliserait directement. Mais malgré leurs adaptations génétiques exceptionnelles, les habitants pâtissent de ces conditions extrêmes, et réclament des soins que l’Expédition 5300 compte bien leur apporter dès février 2020. Sera alors entamé un essai clinique particulièrement délicat, le plus haut du monde.

La ville la plus haute du monde, où on pensait la vie humaine impossible

« Nous considérions jusque-là que la vie humaine n’était pas possible au-delà de 5.000m d’altitude, en raison de la baisse d’oxygène que cela occasionnerait dans le sang », se souvient Samuel Vergès, chercheur à l’Inserm à la tête de l’Expédition 5300. Mais voilà qu’un médecin péruvien s’intéressant à La Rinconada contacte les futurs membres de l’Expédition 5300 et leur ouvre les portes d’une ville de 50.000 habitants, la plus haute du monde. Là-bas, il y a moitié moins d’oxygène qu’en plaine, aucune culture et pas de tout à l’égout. Les locaux y montent depuis des milliers d’années, parfois pour y rester toute leur vie, pour exploiter les mines d’or qui s’y trouvent.

En février 2019, Samuel Vergès réalisait avec plus d’une dizaines de scientifiques et médecins spécialistes de l’hypoxie (le manque d’oxygène) les premières expériences sur des péruviens vivant en haute altitude, où l’oxygène se fait rare.

« Hallucinant », « jamais vu », « les valeurs les plus élevées au monde »: de retour de la ville la plus haute de la planète, les scientifiques grenoblois n’en reviennent toujours pas. Car à La Rinconada (Pérou), où 50.000 habitants vivent à 5.300 mètres au-dessus du niveau de la mer, le sang des locaux est si visqueux qu’il bouche les machines médicales, et l’oxygène sanguin si rare qu’en bas on les hospitaliserait directement. Mais malgré leurs adaptations génétiques exceptionnelles, les habitants pâtissent de ces conditions extrêmes, et réclament des soins que l’Expédition 5300 compte bien leur apporter dès février 2020. Sera alors entamé un essai clinique particulièrement délicat, le plus haut du monde.

La ville la plus haute du monde, où on pensait la vie humaine impossible

« Nous considérions jusque-là que la vie humaine n’était pas possible au-delà de 5.000m d’altitude, en raison de la baisse d’oxygène que cela occasionnerait dans le sang », se souvient Samuel Vergès, chercheur à l’Inserm à la tête de l’Expédition 5300. Mais voilà qu’un médecin péruvien s’intéressant à La Rinconada contacte les futurs membres de l’Expédition 5300 et leur ouvre les portes d’une ville de 50.000 habitants, la plus haute du monde. Là-bas, il y a moitié moins d’oxygène qu’en plaine, aucune culture et pas de tout à l’égout. Les locaux y montent depuis des milliers d’années, parfois pour y rester toute leur vie, pour exploiter les mines d’or qui s’y trouvent.

En février 2019, Samuel Vergès réalisait avec plus d’une dizaines de scientifiques et médecins spécialistes de l’hypoxie (le manque d’oxygène) les premières expériences sur des péruviens vivant en haute altitude, où l’oxygène se fait rare. A Puno d’abord (haute de 3.800 m) puis à La Rinconada (5.300 m), respectivement 23 et 55 personnes ont vu leur sang analysé, leur réaction à l’effort observé, leur génome disséqué. L’objectif: comprendre comment et dans quelles conditions ils vivaient malgré le manque d’oxygène, afin d’aider au soin de maladies entraînant l’hypoxie, ou encore à la conquête de l’espace.

« Si nous nous transfusions du sang d’un habitant de La Rinconada, nous ferions un AVC »

Leurs aptitudes génétiques, accumulées et préservées au fil des milliers d’années de vie en altitude, s’avèrent exceptionnelles: à Puno, les habitants vivent normalement là où la plupart des gens des plaines peineraient à reprendre leur souffle. Mais même ces péruviens adaptés à l’altitude atteignent leurs limites à La Rinconada, 1,5 km plus haut. Pour compenser le manque d’oxygène dans l’air, les habitants produisent un nombre très élevé de globules rouges, les transporteurs d’oxygène dans le sang. Chez un habitant des plaines, les globules rouges représentent 40% du volume sanguin. A Puno, cette valeur monte à 56%, soit un peu plus qu’un athlète très entraîné.

A La Rinconada, les chercheurs mesurent des valeurs « hallucinantes » allant jusqu’à 80 à 85%. Ce sont « les plus hautes valeurs du monde », affirme Samuel Vergès. Leur sang est si épais qu’il bouche les machines d’analyse, et les scientifiques peinent à le prélever. « Si nous nous transfusions du sang d’un habitant de La Rinconada, nous ferions un AVC en quelques minutes à quelques heures », tant l’épaisseur du liquide boucherait nos vaisseaux sanguins, illustre le chercheur.

Compenser le manque d’oxygène prélève un lourd tribu sur l’organisme

Les conséquences sur leur organisme sont importantes: pour compenser cette viscosité, le volume de sang est plus important, 8 litres au lieu de nos 4 à 6 litres ! De plus, le cœur doit pomper plus fort et les artères se distendre. Résultat, le cœur droit (expulsant le sang vers les poumons) des locaux est hypertrophié, la pression générée dans les artères pulmonaires est énorme et occasionne une hypertension pulmonaire intense, et les artères sont au maximum de leur pouvoir de dilatation. Mais même cette impressionnante quantité de globules rouges ne parvient à se charger en oxygène qu’à 82%, tandis que la valeur normale se situe plutôt à 98%. Du « jamais vu », pour Samuel Vergès.

Un quart des habitants souffre du mal chronique des montagnes

« Dans les plaines, des résultats de ce type enverraient quelqu’un à directement l’hôpital « , explique Samuel Vergès, « toutes les valeurs sont dans le rouge, mais pour ces populations particulières elles ne sont pas forcément pathologiques ». Pourtant, si grâce à leur condition exceptionnelle ces péruviens vivent plutôt bien à Puno, lorsqu’ils montent vivre à La Rinconada 25% d’entre eux développent le syndrome du mal chronique des montagnes, version longue durée du mal aigu des montagnes.

Parmi les symptômes, un essoufflement anormal, des palpitations, maux de tête, acouphènes ou encore un sommeil perturbé. « 5 à 20% des habitants de haute altitude – plus de 2.500 m de haut – souffrent de ce mal chronique des montagnes. Un quart, c’est donc beaucoup », explique Samuel Vergès. D’après les scientifiques de l’expédition, ce mal chronique est probablement le signe d’une usure de l’organisme face à ces conditions extrêmes. « Il se peut aussi que les produits agressifs utilisés pour traiter l’or ou les conditions sanitaires et le régime alimentaires jouent un rôle », signale Samuel Vergès. Si les scientifiques n’ont pas assez de données pour estimer l’espérance de vie à La Rinconada, ils observent que très peu d’habitants ont plus de 55 ans.

L’essai clinique le plus haut du monde

En février 2020, un an après la première phase de l’Expédition 5300, l’équipe retourne donc à La Rinconada pour y mettre en place un essai clinique visant à soigner au mieux ce mal chronique des montagnes. Il est conçu pour être randomisé (les patients sont répartis dans les groupes au hasard), contrôlé (un groupe sous placebo permettra de comparer) et en double aveugle (ni les patients ni les médecins ne savent quel traitement est administré à qui).

Les patients recevront soit des statines, à l’effet protecteur sur les conséquences cardiovasculaires dont souffrent ces habitants, soit du Diamox. Ce dernier, qui stimule la ventilation, est normalement administré transitoirement et préventivement aux personnes qui prévoient d’aller en altitude. Ces médicaments ont été soigneusement sélectionnés pour leurs propriétés et la facilité à se les procurer. Les patients seront examinés trois semaines puis six mois après le début de l’expérimentation.

En parallèle, pour aider ces habitants vivant dans le dénuement le plus complet, l’Expédition 5300 organise une campagne de dons. Pour aider la population avec des fournitures scolaires et des kits de soin de première nécessité, rendez-vous sur le site de l’Expédition 5300.

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