Icann : pourquoi le régulateur des noms de domaine sur Internet est remis en question

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Icann : pourquoi le régulateur des noms de domaine sur Internet est remis en question
Icann : pourquoi le régulateur des noms de domaine sur Internet est remis en question

Africa-Press – Guinee Equatoriale. En octobre 2023 se tenait le 18e Forum sur la Gouvernance d’Internet (IGF) des Nations Unies. Cet événement a été l’occasion pour différents pays d’exprimer leurs inquiétudes et volontés concernant la gestion du “réseau des réseaux”. Au cœur des critiques se trouve l’Icann, la Société pour l’attribution des noms de domaines et des numéros d’Internet (en anglais “Internet Corporation for Assigned Names and Numbers”).

Comment fonctionne Internet

Pour fonctionner, Internet se base sur un ensemble de normes et de protocoles tel que l’adressage IP. L’adresse IP (ensemble de quatre nombres allant de 0 à 256 dans sa quatrième version) est en quelque sorte le numéro de téléphone d’un appareil sur le réseau Internet. C’est au moyen de ces numéros que nos appareils communiquent entre eux comme pour vous connecter au site de Sciences et Avenir.

Il est cependant compliqué pour un humain de retenir l’ensemble des adresses IP des sites qu’il utilise. C’est pourquoi, les internautes utilisent des noms de domaine (www.sciencesetavenir.fr par exemple), qui sont ensuite traduits en adresse IP par des serveurs DNS, équivalents de carnets de contact pour les appareils d’Internet. En résumé, quand vous souhaitez vous connecter à un site web, vous fournissez à votre ordinateur un nom de domaine qu’il doit ensuite traduire en IP à l’aide d’un serveur DNS.

Pour assurer l’interopérabilité, il faut éviter que plusieurs serveurs utilisent le même nom de domaine, voire utilisent la même adresse IP. C’est le travail de l’Icann, qui s’occupe de réguler l’utilisation de ces protocoles. Cet organisme fournit des agréments et des autorisations pour exploiter les domaines haut niveau (TLD) – il s’agit des “.com”, “.fr” et autres – mais régule également l’attribution des adresses IP sur le réseau Internet.

L’Icann, un rôle primordial

N’importe qui peut louer un nom de domaine, et ce sans même connaître l’existence de l’Icann. En effet, cet organisme se pose en régulateur qui autorise des entreprises à exploiter des noms de domaine. Il fournit des agréments aux entreprises donnant accès aux noms de domaine pour toute personne souhaitant référencer un site internet.

L’Icann a donc un rôle primordial dans l’interopérabilité des réseaux constituant Internet. Si son utilité dans l’Internet actuel est incontestable, son indépendance, relativement au gouvernement des États-Unis, et sa capacité à défendre l’intérêt du plus grand nombre est remis en question.

En effet, l’Icann a été fondé en 1998 par la chambre de commerce des États-Unis. Ce lien avec le gouvernement étasunien est censé être coupé depuis octobre 2016 (fin de l’accord liant l’Icann à la chambre de commerce). L’Icann applique depuis un fonctionnement dit en “bottom-up”, c’est-à-dire que la décision doit être acceptée au consensus par le bas de l’échelle décisionnelle avant de monter vers les comités les plus haut placés. Des gouvernements, des personnes de la société civile ou encore des entreprises peuvent participer.

La chercheuse et professeure à l’Université de Rennes, Brussenen Bertrand, experte dans les enjeux du numérique, rapportait récemment auprès du Monde que l’Icann n’est plus perçu comme l’unique régulateur d’Internet, avec l’arrivée d’autres instances de gouvernance, y compris au sein de l’ONU avec les groupes d’experts gouvernementaux.

Vers un éclatement d’Internet : des bulles de plus en plus isolées

Lors du 18e Forum sur la Gouvernance d’Internet (IGF), les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ont plaidé leur volonté d’avoir leur propre souveraineté concernant Internet. Le gouvernement chinois (ayant également tenu sa propre conférence mondiale sur Internet, le 8 novembre 2023 à Wuzhen, dans le sud de la Chine) a, par cette volonté, créé son propre régulateur du net baptisé WIC afin de concurrencer l’Icann.

La gouvernance indépendante de chaque Etat sur le net pourrait exacerber le phénomène d’éclatement du réseau Internet. Cette fragmentation d’Internet a déjà cours à travers le monde. La Russie, par exemple, empêche l’accès aux réseaux sociaux occidentaux (Facebook, Twitter ou Snapchat par exemple) ou encore certains pays coupant entièrement Internet dans des zones géographiques complètes comme l’Inde avec le Cachemire ou l’Éthiopie avec le Tigré.

L’ONU plaide de son côté pour une gouvernance mondiale et concertée. La fragmentation du net est une priorité pour les Nations Unies qui tiendront fin septembre 2024 “Le Sommet de l’avenir”, durant lequel ce sujet sera abordé.

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