La moule qui se prenait pour une araignée

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La moule qui se prenait pour une araignée
La moule qui se prenait pour une araignée

Africa-Press – Guinee Equatoriale. Peu de recherches avaient été menées sur les moules zébrées (Dreissena polymorpha) et autres moules quagga (Dreissena bugensis), pourtant bien connues et de fort longue date des navigateurs, puisque ce sont les espèces invasives que l’on retrouve enkystées par dizaines notamment sur les coques des bateaux. Daniel Jackson, Matthew Harrington de l’université McGill (Montréal, Canada), et leurs collègues se sont penchés, dans la revue Pnas, sur les étonnantes capacités adhésives de ces animaux d’eau douce qui occasionnent des dommages économiques et écologiques importants.

Au moyen d’outils de spectroscopie et de diffraction à rayons X, ils ont analysé la structure fibreuse moléculaire des byssus, ces fibres collantes secrétées par tous les mollusques bivalves. Connues depuis l’Antiquité, ces soies brunes sont alors cardées et tissées en textiles luxueux et d’une qualité exceptionnelle même si de nos jours cet artisanat a pratiquement disparu.

Une structure cristalline analogue à celle de la soie des araignées

Les analyses structurelles des chercheurs canadiens leur ont révélé que les byssus des moules zébrées et quagga se distinguent des autres par une structure cristalline analogue à celle de la soie des araignées. Jamais auparavant une telle complexité n’avait été documentée dans les byssus d’autres mollusques.

De plus, une analyse protéomique les a renseignés sur l’histoire évolutive de ces grappins naturels. Grâce à leur plus grande largueur et leur poids moléculaire plus lourd que les super-hélices protéiques du même type que l’on connaissait habituellement, les byssus de ces moules peuvent adopter mécaniquement une structure cristalline qui leur confère résistance et adhésivité. Poussant leurs investigations un cran plus loin, les chercheurs ont analysé la composition génétique de ces filaments pour découvrir qu’ils auraient été hérités des bactéries voilà au moins 12 millions d’années.

Plus de 5000 moules quagga au centimètre carré dans des lacs alpins !

La prolifération de ces deux espèces de moules ne se limite pas aux seuls lacs du nord de l’Amérique, puisque l’on retrouve ces espèces envahissantes depuis quelques années dans plusieurs plans d’eau européens, notamment la moule quagga. Modestes en taille, pas plus de 3 cm, ces mollusques contaminent notamment désormais en force le fond de plusieurs lacs alpins, fragilisant l’écosystème des milieux qu’ils envahissent. Il n’est pas rare de retrouver concentrés plus de 5000 individus au mètre carré, attachés les uns aux autres ! Étant donné qu’une seule moule quagga peut filtrer jusqu’à deux litres d’eau par jour, elle prive d’autres espèces natives du phytoplancton et des bactéries nécessaires à leur survie.

Sans oublier les répercussions sur la qualité de l’eau potable puisque ces animaux obstruent facilement les canalisations et les installations de prélèvement. L’introduction de ces espèces s’est principalement opérée à cause des propriétaires de bateaux qui n’entretiennent pas suffisamment leurs embarcations, coques, ballasts, matériels de pêche ou de sports nautique, et laissent ainsi se propager ces espèces exotiques en se déplaçant d’un plan d’eau à un autre. D’autant plus que la moule quagga peut également vivre dans des eaux légèrement salées puisqu’elle serait originaire de la mer Caspienne ou de la mer Noire.

Une fois implantée dans un milieu, sa prolifération rapide et massive, facilitée — on le comprend aujourd’hui avec cette étude — par ses étonnantes capacités adhésives, rend toute forme d’éradication impossible.

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