Africa-Press – Guinee Equatoriale. Il améliore la santé des sols. Il stocke le CO2. Le biochar a des qualités reconnues par la science. Mais celles-ci pourraient avoir été largement sous-estimées, nous apprennent aujourd’hui des chercheurs.
Brûlez de la matière végétale sans lui apporter d’oxygène – c’est le principe de la pyrolyse – et vous obtiendrez une sorte de charbon que les scientifiques appellent biochar. C’est lui qui, en Amazonie, rend les terra preta, les terres noires, aussi fertiles. Les chercheurs commencent à comprendre comment il agit. Sa structure poreuse aère les sols usés par des années d’exploitation agressive. Elle y maintient une certaine humidité aussi. Et le pH élevé du biochar aide à désacidifier les terres. Selon de récentes études, le biochar améliore aussi les interactions entre le microbiome du sol et les racines des plantes qui y poussent.
Ce que le biochar fait également très bien, c’est stocker du carbone. Car la pyrolyse de matière végétale a pour effet de concentrer dans le biochar obtenu le carbone caché dans le CO2 que les plantes ont capté tout au long de leur vie. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) l’identifie d’ailleurs comme un outil de plus à notre disposition pour éliminer une part du CO2 présent dans notre atmosphère. Un outil de plus.
Le biochar retient le carbone pendant des millions d’années
Mais des chercheurs de l’université d’Aarhus (Danemark) vont plus loin aujourd’hui. Dans une étude parue dans la revue Biochar, ils vont jusqu’à évoquer un « énorme potentiel en tant que solution prête à l’emploi d’élimination du CO2 à long terme ». Et voilà comment du statut de « technologie prometteuse », le biochar pourrait bien passer à celui de « technologie essentielle » dans nos stratégies climatiques.
Pour comprendre, il faut savoir que des doutes avaient été émis concernant la stabilité dans le temps du biochar. Mais il y a un an, une étude parue à l’International Journal of Coal Geology avait finalement fait la preuve des capacités du biochar à stocker du carbone sur le long terme. Comprenez, pendant des millions d’années ! Partant de là, les chercheurs danois estiment que les modèles utilisés par les experts du climat pour réaliser leurs projections se basent sur des hypothèses obsolètes concernant le biochar. Ils démontrent même que ces modèles ne comprennent pas la chimie sous-jacente et surestiment considérablement les taux de décomposition du biochar.
Une solution fiable pour éliminer le CO2 de notre atmosphère
Les chercheurs établissent enfin des bases qui devraient permettre au biochar d’être reconnu comme une technologie de stockage du carbone efficace, évolutive et permanente. Ils appellent notamment à une caractérisation physicochimique complète du biochar qui pourrait aider à maximiser la séquestration du carbone tout en améliorant la santé des sols.
Les auteurs de l’étude espèrent que leurs résultats inciteront les décideurs politiques, les industriels et les chercheurs à agir immédiatement. « Le biochar, c’est une technologie prête à être mise en œuvre et qui peut avoir un impact immédiat », assure Henrik Ingermann Petersen, professeur au Geological Survey of Denmark and Greenland, dans un communiqué. Grâce à des modèles précis et soutenus par les dernières découvertes expérimentales, le biochar et la pyrolyse lente pourraient bientôt occuper le devant de la scène en tant que solution fiable et scientifiquement validée pour l’élimination du CO2.
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