Les pies australiennes terrorisent-elles vraiment les passants ?

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Les pies australiennes terrorisent-elles vraiment les passants ?
Les pies australiennes terrorisent-elles vraiment les passants ?

Africa-Press – Guinee Equatoriale. Le cassican flûteur, connu sous le nom de “pie australienne” car natif de l’Australie, est le deuxième oiseau préféré des Australiens, selon un sondage mené par le magazine australien Birdlife australia en 2013. Pourtant, lors de chaque printemps (septembre-novembre pour cette région du monde), les médias locaux les décrivent comme “terrorisant les passants”, accusation que toute la presse internationale relaie. Mais pourquoi ces animaux s’en prendraient-ils aux humains ? Les attaques sont-elles vraiment si nombreuses ?

Le cycliste ou le piéton vu comme un potentiel prédateur

Les cassicans flûteurs possèdent un comportement territorial prononcé et tolèrent mal les étrangers sur ses terres. Ces individus sont sédentaires et chassent sur leur territoire. Ils sont insectivores opportunistes (c’est-à-dire qu’ils sont capables de se nourrir de petits mammifères ou autres si l’occasion se présente) et ne sont pas menacés d’extinction. Ils ont une voix mélodieuse pouvant s’élever de jour et occasionnellement de nuit, rappelant étrangement les sons d’un célèbre petit droïde.

Les cassicans flûteurs se reproduisent quand vient le printemps (septembre-novembre) et élèvent leurs petits dans des nids souvent haut perchés dans les arbres des villes ou des campagnes. Et ils deviennent très protecteurs envers leurs oisillons. Pas question pour eux de laisser un prédateur s’approcher !

C’est là que le conflit prend racine. Les cyclistes et piétons humains, qui ne savent même pas qu’un nid est dans les parages, prennent la route pour aller travailler ou à l’école et se font attaquer par un missile de plume en colère. Ces oiseaux visent principalement la tête ou les yeux (ce n’est pas sans rappeler Les oiseaux d’Alfred Hitchcock, sorti en 1963).

Des oiseaux capables de mémoriser les visages humains

Certains habitants avouent être terrifiés car les oiseaux semblent leur en vouloir personnellement. En réalité, ils n’ont pas totalement tort. Ces oiseaux, à l’instar de nos pies ou corneilles françaises, sont capables de reconnaitre et de mémoriser les visages humains. Et ils sont très rancuniers. Ainsi, si vous les avez offensés (sans même vous en rendre compte), ils vous considèreront comme vos ennemis et vous attaqueront dès que vous serez en vue.

Mais alors, comment s’en prémunir ? Beaucoup d’habitants, maintenant habitués, sortent avec des casques munis de piques, à la manière des herses anti-pigeons qu’on voit à Paris, les enfants se couvrent avec des boites sur lesquelles figurent des gros yeux peints, afin d’intimider les volatiles. “Si vous voulez éviter d’être un ennemi pour les pies australiennes, nourrissez-les. Dès lors, elles cesseront de vous attaquer”, conseille aux habitants Darryl Jones, écologue de l’université de Griffith (Australie) à l’origine de la découverte de la capacité de la reconnaissance faciale des pies, dans le journal Brisban Times.

“L’accent médiatique est mis sur les anecdotes des personnes ayant subi des attaques”

Mais qu’en est-il réellement ? Tous les cassicans flûteurs attaquent-ils les humains lorsque vient leur saison de reproduction ? C’est pour répondre à cette question que Darryl Jones et son équipe ont étudié le rôle de la presse locale dans notre perception des pies. L’étude, parue dans la revue Animals en 2016, fait un état des lieux de la relation presse-oiseaux. Les chercheurs ont analysé les articles des médias australiens locaux (à une échelle régionale) entre le 1er janvier 2010 et le 31 décembre 2014. Ils ont remarqué que les journaux locaux avaient tendance à surfer sur la vague des “bad news” en lien avec les conflits humains-biodiversité.

“L’accent médiatique est mis sur les anecdotes des personnes ayant subi des attaques”, écrivent-ils dans l’étude. Ce qui implique un biais dans notre perception de ces attaques, accentué par le peu d’études scientifiques disponibles sur le sujet. L’une d’entre elles, provenant là encore de Darryl Jones et parue en 1999 dans le Wildlife Society Bulletin, relate que “seules 10% des pies australiennes sont agressives envers les humains, et ce sont toujours les mâles”.

Selon ce chercheur, les médias mettent en avant des faits bien réels, mais parfois tournés comme une généralité (par exemple, toutes les attaques ne génèrent pas des blessures graves, fort heureusement). “L’attention des lecteurs n’est pas portée sur l’écologie des pies australiennes, incluant leur statut de conservation et leur nombre qui tend à décliner le long des côtes depuis 1999 sans que cela soit mentionné dans un seul des articles de presse cités dans notre étude de 2016”, déplore-t-il.

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