Africa-Press – Guinee Equatoriale. Pour la première fois depuis le début de la conquête spatiale avec Spoutnik-1 en 1957, une entreprise est contrainte de payer une amende pour pollution de l’espace.
Echostar-7, un satellite abandonné qui représente un danger
En effet, l’entreprise américaine de télécommunications, Dish Network, est sanctionnée par la commission américaine des communications (FFC) pour avoir abandonné un satellite (Echostar-7) en orbite. Elle doit payer 150.000 dollars car il représente un danger pour les autres objets orbitaux encore en fonctionnement. En effet, des règles très strictes quant à la fin de services des satellites sont en vigueur, tant les enjeux sont importants.
Par exemple, la loi demande aux compagnies propriétaires de satellites de les propulser dans une “orbite cimetière” (située à 300 kilomètres de l’orbite originelle) lorsqu’ils sont obsolètes, afin de ne pas engendrer des collisions avec d’autres engins de la même zone. Pour rappel, l’orbite en question est celle qui contient la majorité des satellites, et est située à 35.789 km d’altitude. Elle permet à ces objets de rester en permanence à la même distance de la planète grâce aux lois de l’attraction universelle, ou attraction de deux corps qui ont une masse. La Terre retient les objets présents autour d’elle, ce qui génère des orbites avec des objets géostationnaires (qui restent en permanence à la même distance de la Terre).
“La compagnie Dish Network s’est engagée à envoyer son satellite dans une orbite située à 300 kilomètres de celle opérationnelle lorsqu’il serait en fin de mission”, indique la FFC dans un communiqué. La rupture de cette promesse prise en 2002 par la société a été découverte par la FFC suite à une enquête. Même si ces lois sont éditées, “ceci est une première dans l’application des règles sur les déchets spatiaux, et de ce fait, la commission a intensifié sa politique de gestion des fins de missions satellitaires”, précise la FFC. Ce durcissement des sanctions et des lois vise à protéger le peu d’espace non pollué et à contraindre les grandes compagnies d’être plus vigilantes quant à la gestion des fins de mission des satellites.
Le scénario de Gravity, pas si fictif que ça ?
Depuis quelques années, l’Agence spatiale européenne (ESA) dénombre des objets orbitaux de plus en plus nombreux. Ils ont recensé pas moins de 15.880 satellites envoyés orbites, depuis le début de la conquête spatiale en 1957, dont 10.590 toujours dans l’espace. Cela représente 11.000 tonnes de métal gravitant au-dessus de nos têtes, selon les dernières données de 2023.
Le projet Starlink, mené par la société Space X d’Elon Musk, compte aujourd’hui plus de 4 600 satellites lancés et le projet Kuiper d’Amazon dépasse les 3000 satellites, ce qui constitue un nombre astronomique d’objets orbitaux et inquiète de plus en plus la communauté scientifique. Surtout que ces deux immenses entreprises ne comptent pas s’arrêter là, et Elon Musk annonce sur son site le lancement de 30.000 satellites en tout et pour tout.
“Aujourd’hui, le nombre de manoeuvres d’évitement croit de manière exponentielle”, s’inquiète lors d’une interview pour le journal américain Space, Hugh Lewis, un professeur d’astrophysique de l’université de Southampton (Grande-Bretagne). Dans le film Gravity (2013), réalisé par le Mexicain Alfonso Cuarón, les protagonistes sont face à ce que les spécialistes nomment le syndrome de Kessler, qui est un exemple de réaction en chaine : un débris détruit des satellites, ce qui génère encore plus de débris et donc de casse. En 2023, plus de 640 cas de collision entre débris et satellites ont été notés par l’ESA. C’est pour lutter contre ce problème de plus en plus récurrent qu’une mission de nettoyage Spaceclear-1 est programmée pour 2026 afin de désencombrer l’espace autour de la planète.
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