Traces Étranges sur Mars Contiennent-Elles de L’Eau

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Traces Étranges sur Mars Contiennent-Elles de L’Eau
Traces Étranges sur Mars Contiennent-Elles de L’Eau

Africa-Press – Guinee Equatoriale. L’hypothèse d’une eau liquide à la surface de Mars responsable d’étranges stries sur certaines pentes martiennes… tombe de plus en plus à l’eau.

Le 19 mai 2025, une étude parue dans Nature Communications se montre assez claire dès son titre: “Les stries sur les pentes martiennes sont sèches”. Ces traces passionnent les scientifiques depuis une quinzaine d’années. “Encore aujourd’hui, énormément de papiers continuent à sortir sur le sujet”, confirme Susan Conway, directrice de recherche CNRS au laboratoire de planétologie et de géosciences à Nantes.

Tout commence en 2011, quand le docteur McEwen et ses collègues découvrent sur des clichés réalisés par la Nasa d’étranges traces sombres. Ces bandes s’allongent progressivement et peuvent mesurer d’une dizaine à une centaine de mètres. Mais si elles ont retenu l’attention, c’est qu’elles apparaissent de manière saisonnière, au printemps et en été sur de fortes pentes, au bord des cratères ou des falaises. A la fin de l’été, elles disparaissent avant de revenir l’année suivante.

Mais entre les clichés, les lignes progressent, comme le feraient des coulées d’eau sur Terre. Des coulées d’eau, ce sont d’ailleurs les premières hypothèses du chercheur Mc Ewen depuis remises en question. Mais ces caractéristiques leur ont donné pour nom RSL (pour « recurring slope lineae », traduits en français par « écoulements saisonniers »).

Un mécanisme avec ou sans eau?

Les chercheurs de l’étude publiée ce mois-ci ont créé et utilisé un catalogue mondial répertoriant les RSL sur Mars. En plus des énigmatiques écoulements, ils ont aussi étudié un autre phénomène observé sur les pentes martiennes: les « slope streaks » (« stries de pente » en français). Ces traînées plus larges et longues de plusieurs kilomètres découvertes dans les années 70 ont une origine moins débattue que les RSL car elles ne progressent pas au fil du temps. Après avoir entraîné leur algorithme sur des observations confirmées, les chercheurs l’ont utilisé pour détecter automatiquement des « slope streaks » sur plus de 86.000 images satellites haute résolution.

Ils ont ensuite croisé ces détections, à la fois de RSL et de « slope streaks » avec d’autres données ou prédictions de modèles climatiques comme la température de la surface, la vitesse du vent, les tremblements de terre, les dépôts de poussières, etc. « La nouveauté est que nous pouvons prendre une perspective véritablement globale », évoque Valentin Bickel, auteur de l’étude, à Sciences et Avenir. Résultat, pour les RSL, pas de trace d’eau: ils se forment dans des régions où sont détectés des tourbillons de poussière appelés « dust devils ». Les chercheurs y ont aussi détecté de plus fortes rafales et un plus gros dépôt de poussière.

Si elle ne propose pas un mécanisme unique et précis de formation, l’étude soutient une nature sèche des RSL, comme des avalanches de sable et/ou de poussière, qui pourraient être déclenchés par du vent, des « dust devils » ou bien des chutes de pierre.

L’hypothèse aqueuse: un risque de contamination

Mais l’article n’est pas la première remise en cause de l’hypothèse aqueuse: “cela fait depuis 2018 –2019 que la communauté scientifique penche globalement pour une origine sèche”, avance Yann Leseigneur, chercheur post-doctorant au Laboratoire Atmosphères et Observations Spatiales (LATMOS).

Car il y a bien une importance à savoir si les traînées contiennent des traces d’eau ou non. Si ces lieux étaient explorés par des engins comme les rovers, ils pourraient être contaminés par des organismes terrestres. C’est pourquoi les sites de RSL sont exclus des zones d’exploration robotisée: même si le rover est nettoyé, le risque ne peut pas être écarté.

Dès la découverte du chercheur McEwen en 2011, des scientifiques émettent des doutes face à l’origine aqueuse des stries. Pourtant, en 2015, la Nasa annonce dans une conférence de presse la présence d’eau liquide dans ces traces, sous la forme de saumures. Avant de se rétracter deux ans plus tard face à une autre étude présentant, avec les mêmes données, une hypothèse sèche. De l’autre côté, d’autres chercheurs pointent les lacunes de l’hypothèse aqueuse: aucune eau n’a été trouvée en surface, en sous-surface ou même dans les souterrains.

Des avalanches de sable et de poussière…

Plusieurs mécanismes secs sont étudiés pour expliquer les RSL. Le premier, appelé pompe de Knudsen, s’appuie sur une variation de température entre la surface et la sous-surface. « Le Soleil peut chauffer la surface, amenant une différence de température verticale qui crée un flux de gaz déstabilisant les grains et entraîne l’écoulement », détaille Yann Leseigneur.

Le deuxième mécanisme, plus classique et précédemment évoqué, implique des avalanches de sable ou de poussière, avec un apport progressif venu de vent latéraux pour le sable ou de l’atmosphère pour la poussière. Lorsque la quantité de sable et de poussière devient trop importante, elle glisse et dévale la pente, créant les fameuses stries. Et la troisième théorie principale concerne des petits tourbillons de sable, les « dust devils », qui pourraient initier le mouvement en passant à proximité des RSL.

qui conservent encore une part de mystère…

Mais aujourd’hui, le mécanisme précis de formation reste largement méconnu. “La physique d’aujourd’hui peine à comprendre comment ces traces se forment”, soulève Susan Conway. Même si la haute résolution de la caméra HiRISE à bord du satellite de la Nasa permet d’observer le phénomène, on ne le comprend pas en profondeur, au centimètre près. Finalement, il faudrait pouvoir étudier le mécanisme au grain près !

Et surtout, la plupart des hypothèses évoquées plus haut ont du mal à expliquer l’allongement progressif des traces. Peut-être s’agit-il d’un ajout progressif de sable et de poussière qui permet la progression? Ou que des courants de vent ascendant font disparaître les traces? Sans images prises de façon rapprochée durant toute une année (une sorte de vidéo), impossible de savoir.

C’est pour cette raison que Yann Leseigneur prévoit de réaliser des expériences en laboratoire au Royaume-Uni pour tester, dans des conditions martiennes, les principaux mécanismes de formation des RSL avancés. “ Nous avons atteint les limites de l’observation, il est important maintenant de réaliser des expériences pour tester les hypothèses de formation”, appuie le chercheur.

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