Troisième pouce : l’essayer c’est l’adopter

4
Troisième pouce : l’essayer c’est l’adopter
Troisième pouce : l’essayer c’est l’adopter

Africa-Press – Guinee Equatoriale. Ne l’appelez pas “prothèse”: cet attribut artificiel ne remplace pas un organe manquant. Non, il s’agit littéralement d’un troisième pouce, sorte de doigt robotique imprimé en 3D.

De l’effet du 3e pouce sur le cerveau

Ce dispositif a été mis au point en 2021 par une équipe notamment constituée de la spécialiste en design industriel Dani Clode et de la neuroscientifique Tamar R. Makin de l’Institut des neurosciences cognitives de l’University College London (Grande-Bretagne). Spécialistes des interactions entre l’humain et la machine, ces chercheuses s’intéressent à la façon dont des appareils destinés à “augmenter” l’individu peuvent faire corps avec lui. Et comment l’usage d’un membre artificiel se lit dans le cerveau.

Le 3e pouce est un dispositif monté sur le côté de la paume (1 ; voir schéma ci-dessous tiré de la publication de Science robotics, publiée en 2021) et actionné par deux moteurs fixés à un bracelet de poignet. Ces équipements permettent un contrôle indépendant de la flexion et de l’adduction. Le 3e pouce est alimenté par (2) une batterie externe, attachée autour du bras et contrôlée sans fil par (3) deux capteurs de force fixés sous les gros orteils du participant.

Tamar R. Makin et son équipe avaient travaillé dans cette étude de 2021 sur la représentation mentale du 3e pouce, visible dans le cerveau grâce à l’imagerie cérébrale. Les chercheuses avaient alors montré que l’usage de cet organe robotique s’imprimait dans le cerveau et changeait la représentation de la main biologique.

Si l’on reparle aujourd’hui du 3e pouce, c’est parce qu’il a été testé sur près de 600 personnes à l’occasion de l’exposition scientifique d’été de la Royal Society à Londres. Les observations faites dans ce cadre en 2022 par l’équipe de Tamar R. Makin font l’objet d’une publication dans l’édition de Science robotics de mai 2024.

Le 3e pouce a été testé par des gens de 3 à 96 ans

L’emploi du 3e pouce pendant l’exposition a nécessité que le dispositif soit adapté. En effet, il s’agissait d’une semaine intense d’utilisation continue, avec un grand nombre de personnes utilisant l’appareil, chacune pendant une courte période. Impossible de demander à chaque expérimentateur d’enlever ses chaussures et d’équiper ses gros orteils de bandelettes à capteurs…

À la Royal Society, le 3e pouce était contrôlé via deux plaques externes sur lesquelles appuyer avec les pieds, avec des capteurs de pression intégrés, placées au sol devant la table d’exposition. Bref, un accès facile pour l’utilisateur, qui pouvait donc rester chaussé. Par ailleurs, le dispositif était branché à une source d’alimentation principale pour que les batteries n’aient pas besoin d’être constamment rechargées.

Résultat des courses ? L’expérimentation a été un franc succès: les utilisateurs du 3e pouce lui ont accordé… un “pouce levé”, pour reprendre les usages des réseaux sociaux.

Ces visiteurs étaient âgés de 3 à 96 ans ; genres et ethnies différents étaient représentés, ainsi que des personnes en situation de handicap. A l’arrivée, seulement quatre de ces expérimentateurs n’ont pas réussi à utiliser le doigt supplémentaire.

Les jeunes enfants ont eu le plus de difficultés, ce qui a été aussi le cas de certaines personnes âgées. Mais dans l’ensemble, la plupart ont réussi à se familiariser avec le dispositif et à l’utiliser pour effectuer des tâches comme ramasser et placer des objets de forme irrégulière dans un panier. Finalement, ce sont 98 % des participants qui ont pu manipuler des objets avec succès en utilisant le pouce supplémentaire dès la première minute d’utilisation.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Guinee Equatoriale, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here