Africa-Press – Madagascar. L’ancien président de la République Hery Rajaonarimampianina continue de jouer sur plusieurs tableaux, au point de brouiller totalement les lignes entre opposition et soutien déguisé au régime actuel. Si officiellement il se présente comme un farouche opposant d’Andry Rajoelina – allant jusqu’à dénoncer avec Marc Ravalomanana, dans une déclaration commune, les dérives autoritaires du régime actuel et demandant le report du sommet de la SADC à Madagascar – ses actes récents jettent une ombre sérieuse sur sa sincérité.
Pas plus tard que ce week-end, Hery Rajaonarimampianina a parrainé un événement organisé par un proche parent du Premier ministre Christian Ntsay, à Suèvres, une initiative aux allures anodines en apparence, mais au contenu fortement politique dans le contexte actuel. S’il s’agissait véritablement d’une opposition assumée et cohérente, une telle proximité avec les piliers du pouvoir aurait été évitée à tout prix. Or, des sources fiables issues de la diaspora malgache en France affirment que l’ancien chef d’État savait pertinemment qui était derrière l’organisation de l’événement. Sa présence ne relève donc pas d’un hasard ni d’une simple courtoisie.
Ce double langage, Hery Rajaonarimampianina le cultive depuis longtemps. Après avoir tourné le dos à ses alliés du TGV dès son accession à la magistrature suprême en 2014, il n’a cessé de se repositionner selon les opportunités, sans jamais assumer pleinement ses contradictions. Son installation en France après sa défaite cuisante au premier tour de la présidentielle de 2018, puis sa tentative infructueuse en 2023, l’ont relégué à un rôle de figure d’appoint. Pourtant, il continue d’entretenir l’image d’un leader d’opposition auprès de certains de ses partisans, refusant de se reconnaître comme ce qu’il semble être devenu: un acteur périphérique, manœuvrant dans l’ombre.
L’information selon laquelle le proche du Premier ministre souhaiterait intégrer le gouvernement lors d’un prochain remaniement n’est qu’un élément de plus venant conforter la thèse d’un rapprochement calculé entre l’ancien président et le pouvoir actuel. Lui-même ancien ministre des Finances de la Transition sous Rajoelina, Hery Rajaonarimampianina n’a, semble-t-il, jamais vraiment quitté la sphère du régime qu’il prétend combattre. Plus que jamais, son attitude laisse penser qu’il ne s’agit pas d’opposition, mais d’un recyclage politique en douceur, sous couvert d’indignation démocratique.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Madagascar, suivez Africa-Press