Bus ÉLectriques: ProgrèS Déconnecté À Madagascar

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Bus ÉLectriques: ProgrèS Déconnecté À Madagascar
Bus ÉLectriques: ProgrèS Déconnecté À Madagascar

Africa-Press – Madagascar. À Madagascar, on ne manque décidément pas d’ambition… ni d’ironie. Le 24 juin, le président Andry Rajoelina a fièrement présenté au public les tout premiers bus électriques de l’histoire du pays. Une avancée technologique spectaculaire sur le papier, mais qui soulève de nombreuses questions dans un pays où, faut-il le rappeler, l’électricité elle-même reste un luxe que beaucoup de foyers n’ont toujours pas les moyens – ni la possibilité – de s’offrir.

Les bus sont là, flambant neufs, silencieux, écologiques… sauf que leur principal carburant – le courant électrique – est chroniquement absent du paysage urbain et rural malgache. Comment rechargera-t-on ces véhicules, alors que la JIRAMA, fournisseur national d’eau et d’électricité, peine déjà à alimenter en énergie les hôpitaux, les écoles, les ménages ou même les feux de signalisation dans la capitale? Nul ne le sait. Mais qu’importe: l’image d’un président souriant aux côtés d’un bus électrique en plein Ivato vaut visiblement plus qu’un plan énergétique cohérent.

La nouvelle ligne Tsarasaotra-Ivato, qui doit être alimentée par ces bus, s’annonce ainsi comme un miracle roulant, capable peut-être de créer ses propres kilowatts en priant les ancêtres ou en captant l’énergie du soleil – les panneaux solaires ne faisant pas partie du kit, pour l’instant. Ce projet aurait pu être crédible si le pays n’était pas classé parmi les pires en matière d’accès à l’électricité, avec à peine 20 % de la population raccordée au réseau national, et une fréquence de délestages digne d’un film d’horreur.

Cerise sur le gâteau: ce sont 1 500 emplois qui devraient être créés avec les 300 bus annoncés. Très bien, mais combien de ces nouveaux employés seront payés pour pousser les bus en cas de panne… ou d’absence de courant? Le président a aussi promis des salaires « attractifs » pour les conducteurs. Tant mieux pour eux, à condition que les caisses publiques, elles aussi, ne soient pas à sec comme les centrales thermiques de la JIRAMA.

L’objectif est noble: moderniser le transport urbain. Mais avant de rouler propre, ne serait-il pas plus urgent d’avoir de l’électricité tout court? On nous vante les vertus du progrès vert, pendant que des quartiers entiers s’éclairent encore à la bougie, et que les frigos – quand ils ne servent pas simplement de meubles – refusent obstinément de refroidir. Il ne reste plus qu’à espérer que ces bus, eux, ne tombent pas en panne au milieu de nulle part, faute de prise.

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