La TVA sur les Intérêts des Crédits Bancaires Suspendue

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La TVA sur les Intérêts des Crédits Bancaires Suspendue
La TVA sur les Intérêts des Crédits Bancaires Suspendue

Africa-Press – Madagascar. Un nouvel épisode de la saga kafkaïenne de la gouvernance malgache vient de s’écrire sous nos yeux, avec une légèreté consternante et un mépris manifeste pour la rigueur institutionnelle et la stabilité économique. Le ministère de l’Économie et des Finances, véritable chef d’orchestre de cette cacophonie, fait à nouveau parler de lui, et pas en bien.

Après avoir glissé sans consultation ni explication la taxation des intérêts des crédits bancaires dans la Loi de Finances 2025, voilà que ce même ministère, par le biais de la Direction générale des impôts (DGI), recule subitement. Un communiqué nocturne diffusé dans la nuit de mardi à mercredi annonce que « l’application de la TVA sur les intérêts des crédits bancaires attend encore des précisions officielles du gouvernement ». En d’autres termes: on met sur pause, sans calendrier ni responsabilité assumée.

Incompétence ou immaturité?

Mais que signifie réellement ce rétropédalage? La question mérite d’être posée. Comment une mesure aussi lourde de conséquences, qui impacte directement les portefeuilles des citoyens et les équilibres des institutions financières, peut-elle être introduite dans la loi puis suspendue sur un simple communiqué? Cette improvisation permanente interroge sur les compétences – ou leur absence – au sein du ministère de l’Économie et des Finances.

Ce même ministère est à l’origine de la réintroduction de cette taxe controversée. Elle figure noir sur blanc dans la Loi de Finances 2025, adoptée sans la moindre modification par des députés dont on peut sérieusement douter qu’ils aient pris la peine de lire ou comprendre le texte. Le Parlement malgache, dans son rôle censé être de garde-fou législatif, a ici validé un cheval de Troie fiscal dont les conséquences économiques et sociales n’ont manifestement pas été mesurées.

Les banques, boucs émissaires malgré elles

Ce sont les établissements bancaires qui, appliquant la loi dès le 1er juillet, ont dû annoncer à leurs clients l’entrée en vigueur d’une taxe de 20 % sur les intérêts de leurs emprunts. À leur corps défendant, ils n’ont fait que respecter une disposition légale — désormais suspendue. La crédibilité des banques et la confiance des usagers sont ainsi sacrifiées sur l’autel de l’improvisation gouvernementale.

Cette volte-face soudaine, mal formulée et juridiquement floue, est symptomatique d’une gouvernance instable, flottante, qui navigue à vue sans vision claire. L’absence de concertation préalable, l’amateurisme dans la communication, le manque de coordination entre l’exécutif, les administrations techniques et les institutions financières traduisent un problème structurel profond.

Faut-il rappeler que la fiscalité n’est pas un jouet politique? Qu’une loi de finances engage non seulement l’État, mais également les acteurs économiques et la population dans son ensemble? On ne peut pas expérimenter une taxation comme on teste un produit sur un marché: la fiscalité requiert rigueur, cohérence, et surtout respect des mécanismes institutionnels.

Ce nouvel épisode érode encore davantage la confiance, déjà fragile, entre les citoyens et leurs dirigeants. Il illustre une dérive inquiétante où la loi devient une variable d’ajustement politique, au gré des pressions ou des réactions publiques. Une telle légèreté ne peut qu’aboutir à un discrédit croissant du gouvernement malgache sur la scène nationale comme internationale.

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