Africa-Press – Madagascar. Lors de son déplacement dans les districts de Vohibato et Lalangina, dans la province de Fianarantsoa, le Président Andry Rajoelina a réitéré ses engagements en promettant qu’« aucune commune ne sera laissée pour compte ». Une déclaration ambitieuse qui s’ajoute à une longue liste de promesses déjà formulées pendant son premier mandat — sans que les résultats, eux, soient réellement visibles sur le terrain.
« Si lors de mon premier mandat, j’avais pris l’engagement qu’aucun district ne serait oublié, pour ce second mandat, je m’engage à ce qu’aucune commune ne soit laissée pour compte », a-t-il affirmé. Mais que reste-t-il de cette promesse initiale faite aux 120 districts que compte le pays? À ce jour, aucune visite officielle du président n’a couvert l’ensemble des districts, et encore moins des actions concrètes et équilibrées sur le terrain. Les rares zones qui bénéficient d’inaugurations ponctuelles deviennent des vitrines politiques, souvent détachées des véritables priorités des populations.
Le programme phare « One District, One Factory » (ODOF), censé impulser un développement industriel local, reste théorique. Les unités industrielles promises, capables de créer des emplois et de stimuler l’économie locale, sont quasiment inexistantes dans la majorité des districts. Aucun bilan public sérieux n’a été communiqué pour justifier de l’état d’avancement de ce projet, laissant penser que l’effet d’annonce a, une fois encore, dépassé les actes.
Quant à la santé publique, le président se targue de la construction de 30 hôpitaux depuis 2019, contre 18 sur six décennies précédentes. Si le chiffre impressionne sur le papier, il dit peu sur la qualité réelle des soins, la dotation en personnel qualifié, la disponibilité des médicaments ou l’accessibilité de ces structures. À quelques kilomètres à peine de Fianarantsoa, dans le district d’Ikongo, le système de santé est actuellement confronté à une crise dramatique liée au paludisme, où des dizaines de décès auraient été enregistrés. Silence radio sur cette situation alarmante, tandis que les projecteurs restent braqués sur des infrastructures fraîchement peintes, inaugurées à grand renfort de caméras.
Le président s’est voulu rassurant, voire moralisateur, face aux critiques. « Ne vous laissez pas abattre. N’acceptez jamais de croire que nous ne pouvons pas progresser. Ceux qui critiquent sans rien proposer n’améliorent pas la vie des citoyens », a-t-il lancé. Pourtant, les critiques se basent souvent sur des faits tangibles: pauvreté persistante, accès aux services de base dégradé, éducation à la peine, infrastructures routières impraticables. Dans un pays où le pouvoir d’achat s’effondre et où les inégalités territoriales s’accentuent, ce sont surtout les actions concrètes et l’écoute réelle des besoins locaux qui peuvent améliorer la vie des citoyens, pas les discours d’autosatisfaction.
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