Mai 1972 : Carambolage d’idées sur l’évènement

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Mai 1972 : Carambolage d’idées sur l’évènement
Mai 1972 : Carambolage d’idées sur l’évènement

Africa-Press – Madagascar. Les enseignants chercheurs en général, les historiens en particulier ont bel et bien accompli leur mission, la semaine dernière. La commémoration de la manifestation de 1972 s’est bien déroulée comme prévu ! D’Antaninarenina à Ambohitsaina, l’histoire douloureuse du 13 mai 1972 s’est fait sentir dans la capitale malgache. Souvent pointés du doigts, critiqués par les citoyens, les historiens se donnent corps et âme pour faire connaître la réalité. Les qualifiés de prêcheurs dans le désert d’autrefois, ces adeptes de la science des dates se font écouter depuis le 11 mai dernier.

« La commémoration est une forme symbolique souple… elle a supporté des fonctions sensiblement différentes selon les sociétés » comme disait une chercheure.

La commémoration était tout simplement réussie à Antananarivo. Mais qu’en est-il dans les faritra. Les régions se sentent-elles concernées ? Des questions qui assaillent les observateurs de rues et les intellectuels des quartiers démunies.

Mais, jusqu’ici, les citoyens des faritra ne connaissent guère l’histoire du 13 mai 1972, parce que la manifestation y était maigrement attendue ! Les parents ne racontent pas cet épisode de l’histoire car « la ville était plus ou moins calme ». Comme ceux des Hautes terres centrales, exceptés Ambalavao, ne savent pas comment s’est déroulée l’opération Ironclad des britanniques, car elle concernait uniquement le Nord et le Nord-Ouest de la Grande-ile. Mais, là encore, les habitants de la zone concernée n’arrivent pas à croire que leur ville natale a été le mini-théâtre de la Seconde Guerre mondiale.

Sous un autre angle, il y a une forte raison pour que les populations de certaines contrées ne s’identifient pas à l’histoire de 1972. D’une part, le président de la République de l’époque était issu de leur lignée, originaire de leur région. D’autant plus qu’une frange de gardiens traditionnels raconte leur version des faits. Ainsi, les enfants d’Anahidrano ne commémorent pas la date du 13 mai, parce que Tsiranana, le père de l’Indépendance de Madagascar, est originaire de ce village.

En effet, la manifestation n’a pas entièrement touché la Grande-Ile. Dans le Nord, par exemple, il y avait une « contre révolution ». Francophile, la population de la région ne partage pas le même avis que les habitants de la capitale. Marionnette des français pour ces derniers, Tsiranana était « protecteur des tanindrana » pour la première. Ici, il n’est pas question de prôner l’ethnicité, mais de dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas.

« 13 mai 1972, c’est la fin de la belle époque », disait un vieil homme de 75 ans. Né à Antsiranana en 1948, Ambroise a vu, dit-il, « l’évolution négative de Madagascar ». « Entre les années 1950-1960, l’économie de Madagascar battait son plein. Bref c’était la belle époque. Mais, après ces manifestations estudiantines, je m’en souviens très bien car j’avais 24 ans à l’époque. Après le départ de Tsiranana, Madagascar a connu un déclin ».

13 mai 1972, était une journée de manifestation ; 1972, une année où le peuple malgache espérait se débarrasser du système français pour les uns. Mais pour les autres, l’événement a chambardé totalement la vie des raiamandreny, eux qui vivaient paisiblement dans les cités construites par le régime, eux qui étaient les nouveaux riches de l’époque, ou ceux qui bénéficiaient des certains avantages grâce aux Vazaha.

Alors, pour les nostalgiques des années 1950-1960, la manifestation des années 1972 était une erreur. Pour les conservateurs, c’était les faritra qui ont été rongées par la flamme provoquée par Antananarivo. Une version qui a sûrement été soulevée par les historiens mais souvent qui n’était pas écoutée par des bons entendeurs.

Iss Heridiny

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