Marify, le « Fosa » d’Andranomavo

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Marify, le « Fosa » d’Andranomavo
Marify, le « Fosa » d’Andranomavo

Africa-Press – Madagascar. L’homme passe mais l’histoire reste, dit-on. Malheureusement, certains ne figurent guère dans les écrits alors qu’ils ont énormément contribué dans la lutte contre les envahisseurs. L’ampanjaka Marify est un exemple.

Personne n’a jamais entendu parler de lui ! Évidemment, parce qu’il était un roitelet de la vallée d’Andranomavo, un village au Sud de Soalala, une zone très reculée. Pourtant, il était un patriote farouche qui n’a rien à envier aux « grands rois et reines » connus comme Tsimiharo, Binao, Ranavalona III ou encore l’homme fort d’Andafiavaratra Rainilaiarivony. Il était un conservateur du XIXe siècle, une période où les Européens, en l’occurrence les Français, venaient implanter leur culture à Madagascar. Marify, un roitelet qui n’a jamais reconnu la domination française jusqu’à son dernier souffle, malgré sa capitulation patriotique !

Une forte personnalité

. Si on lui attribuait un animal totem, ce serait un félin malgache, le fosa. Né vers 1833, Marify est devenu un redoutable personnage à la fin du XIXe siècle. C’est un être imprévisible, un brise-fer, qui demeure volontairement à l’écart des sentiments et des émotions. Il est plus qu’un roi pour son peuple, il est un talisman. Le porte-bonheur, le patriarche, le raiamandreny, la locomotive. Selon les recherches des historiens, « son royaume est couvert de bois marais alimentés par de nombreux cours d’eau, inaccessible en hivernage ». Bref, un village impénétrable. En effet, la tradition le donne grand gagnant dans la course au dédoublement. Puisqu’il évite les relations avec les roitelets du littoral, Marify est haï par ses homologues sakalava. Selon ces derniers, il est un « ampanjaka d’une branche obscure de la dynastie Maroserana ». En outre, on le considère comme un roi sauvage qui évite les contacts avec les étrangers.

Le résistant résiste.

En 1896, la Grande Île fut annexée par la France. Des mouvements de résistance à l’installation française éclatent un peu partout dans le pays. La plus souvent évoquée est celle des Menalamba, les manuels scolaires n’évoquent nullement les insurrections dans la région occidentale de Madagascar. La région d’Ambongo était, elle aussi, un théâtre d’affrontement entre les soldats français et les roitelets sakalava. Marify est l’un des chefs de la résistance. Ses soldats secouaient les troupes françaises. En 1898, ses partisans contrôlent les bassins d’Andranomavo. Il a fallu attendre un an pour les déstabiliser. D’après les récits historiques, la désunion des groupes ethniques Sakalava est l’une des principales causes de la capitulation de ce roitelet courageux. D’autant plus qu’il partage ses frontières avec des chefs qui ne pensent qu’à leurs intérêts au détriment de leur peuplade. Facilement influencés par le colonisateur, ils cèdent leur territoire à celui-ci. Alors le vieux Marify se trouve encerclé. Dès lors, le vieux fosa a non seulement perdu ses dents, mais voit aussi ses griffes arrondies.

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