Ikala Paingotra
Africa-Press – Madagascar. Les dernières semaines ont souligné l’écart entre les réalités et la théorie de la Refondation tant clamée pour ramener Madagascar sur les rails de la démocratie et de l’État de Droit, comme le demandaient les manifestations de la Gen Z.
Le dernier dérapage en date est cette curieuse histoire de démission de trois membres de la Haute cour constitutionnelle, remplacés au pas de charge dès le lendemain. Pourtant, ils ont affirmé qu’ils n’avaient jamais envoyé de quelconque démission. Dans cet épisode, quelqu’un ment: qui et pourquoi?
Auparavant, il y a eu le voyage express du colonel Randrianirina à Dubai, pour des raisons suspicieuses non seulement pour les tentatives d’explications emberlificotées des officiels, mais aussi par le lieu: beaucoup se demandent si la présence de Andry Rajoelina dans cette ville est un hasard.
Puis récemment, Gascar Fenosoa, le populiste ministre de la Culture et de la Communication (MKS), s’est affiché avec une personne au comportement bien connu au sein du tribunal d’Anosy, et qui a été condamnée en 2023 à sept ans de travaux forcés, et qui est curieusement libre. On a également appris que la dame a contacté un des représentants de la GenZ pour proposer son aide pour des œuvres sociales: une manœuvre cousue de fil blanc pour se refaire une virginité.
Les déclarations de certains hiérarques du pouvoir provoquent aussi l’étonnement sur leur sens démocratique. Le député Fidèle Razara-Pierre avait affirmé qu’il serait hors de question de laisser la nouvelle opposition accéder à la Place du 13 mai et à certains médias. Le ministre Gascar Fenososa a souligné que des mesures seront prises contre les députés qui entretiennent encore des liens avec le clan orange. On ne parlera même plus des perquisitions qui s’enchainent, pour des motivations peu claires et dans des circonstances qui ne semblent pas toujours respecter les dispositions juridiques.
Enfin, la lecture de la liste des nominations du dernier Conseil des ministres autoriserait des réflexions sur plusieurs cas. Il y a particulièrement celui d’Alban « Bàbà » Rakotoarisoa, nommé Directeur général de l’Aviation civile de Madagascar en récompense de sa contribution au tolona. Malgré tout le bien que l’on peut penser de lui en tant que politicien, on est en droit de se demander si son passé d’agent d’escale à Ivato lui a donné les épaules assez larges pour affronter les défis techniques et juridiques inhérents à ce poste.
C’est pour tout ce qui précède que nous prenons le parti de croire que la nomination d’Onitiana Realy est une bonne nouvelle, car ses compétences en analyse politique seront bénéfiques au Président de la refondation de la République de Madagascar pour l’éclairer intelligemment. En effet, tant de dérapages en si peu de temps interrogent sur plusieurs problématiques-clés liées à divers aspects de la bonne gouvernance: transparence, lutte contre la corruption, dignité dans la fonction, priorité à la compétence technique, respect des principes démocratiques. À moins que ces points ne soient devenus quantité négligeable maintenant que les clans politiques sont bien installés et que la Gen-Z est écartée. Est-il alors temps pour les premiers de laisser tomber les masques du pseudo-renouveau pour répliquer ce qui a été fait depuis des décennies?
Source: Madagascar-Tribune.com
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