Mandimbisoa R.
Africa-Press – Madagascar. Le projet minier Base Toliara semble bel et bien relancé, à en croire la récente décision du Conseil des Ministres d’approuver une communication verbale portant sur les responsabilités sociales de l’entreprise (RSE). Cette initiative officielle, qui suit des négociations menées directement par le président de la République, marque une étape significative dans l’évolution d’un projet longtemps gelé et contesté.
Initialement suspendu en 2019 face à une forte opposition locale et à des inquiétudes environnementales, Base Toliara revient aujourd’hui sous un angle plus présentable: celui du développement communautaire. Un fonds de 4 millions de dollars, augmenté de 2 % chaque année, est désormais dédié à des actions sociales. Une enveloppe préliminaire d’un million a d’ores et déjà été mobilisée pour des travaux d’infrastructure, notamment l’installation de châteaux d’eau à pompes solaires, la réhabilitation de pistes sur la RN9, le curage de canaux d’irrigation, ainsi que la rénovation d’écoles.
Ces mesures, bien que louables sur le papier, soulèvent toutefois plusieurs interrogations. D’abord, l’absence de consultation transparente des communautés concernées alimente la suspicion d’un passage en force. Ensuite, l’accent mis sur les retombées sociales tend à occulter les préoccupations de fond: l’impact environnemental du projet, les conséquences sur les terres agricoles et le mode de vie des populations locales, ainsi que les modalités réelles de partage des bénéfices à long terme.
Nombre d’observateurs et d’acteurs de la société civile redoutent que ces investissements, certes visibles, servent davantage à faire accepter un projet controversé qu’à résoudre les problèmes structurels auxquels sont confrontées les populations. Le recours à une communication verbale au sein du Conseil des Ministres — plutôt qu’à un débat public ou parlementaire — renforce cette impression de manque de transparence.
Alors que les autorités mettent en avant la RSE comme gage de bonne foi, certains y voient surtout une tentative de relancer discrètement un projet politiquement sensible, dans un contexte économique tendu où les besoins en investissements étrangers ne doivent pas faire oublier les exigences de justice sociale et environnementale.
Source: Madagascar-Tribune.com
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