Sandy RAZ
Africa-Press – Madagascar. Les revendications de levée de la suspension des activités du projet Base Toliara ont repris à un rythme accéléré ces derniers temps. Au mois de mars, les discussions entre l’Etat et le promoteur du projet Base Toliara avancent, avait indiqué le ministre en charge des Mines Herindrainy Rakotomalala. D’après les communications des promoteurs de Base Toliara au niveau international, des pourparlers relatifs aux redevances et ristournes seraient en cours de finalisation avec l’Etat Malagasy.
Base Toliara caresse ainsi l’espoir de pouvoir démarrer l’exploitation des sables minéralisés de son gisement. Selon son rapport trimestriel d’activité, la compagnie aspire à sa certification d’éligibilité dans le cadre du régime LGIM ou Loi sur les grands investissements miniers.
Ce grand projet d’exploitation (comparable à celui d’Ambatovy) de sables minéralisés de la région Atsimo-Andrefana est l’objet de controverse depuis plusieurs années. En 2019, Le conseil des ministres a décidé sa suspension jusqu’à une durée indéterminée. Une petite victoire pour une partie de la population dans la région de Ranobe, opposant au projet. Un coup de massue pour les promoteurs du projet qui avait annoncé le début de production vers la fin de l’année 2021 après achèvement des travaux de construction d’infrastructures.
La reprise du projet Base Toliara semble pourtant imminente. Il figure en effet parmi les cinq grands projets miniers annoncés par le président de la République cette année. Avec un investissement de 700 millions de dollars, le gouvernement considère le potentiel de ce projet minier indexé à la politique générale de l’État, le secteur minier contribuant fortement à remplir les caisses de l’État grâce à de nouvelles normes fiscales.. Par ailleurs, des élus locaux se portent ouvertement favorable à cette reprise et sur l’impact favorable du projet, surtout à l’échelle régionale.
De son côté, une partie de la communauté locale soutenue par plusieurs organisations civiles, ne cessent de tirer la sonnette d’alarme. Depuis des années, Le Collectif Tany attire l’attention de la population et des décideurs politiques sur le caractère éminemment radioactif des sables minéralisés qui vont être exploités et transportés vers le port. Le rapport de préfaisabilité de ce projet publié par la maison mère australienne Base Resources a en effet mentionné que le zircon contenu dans le gisement de sables minéralisés de Ranobe contient de l’uranium et du thorium dont la radioactivité empêchera l’exportation des produits aux Etats-Unis et au Japon, rapporte-t-il en ajoutant que les scientifiques malgaches ont confirmé cette radioactivité dans des publications. Par ailleurs, le nombre d’emplois directs ou indirects permanents créés par le projet ne compensera pas le nombre d’emplois détruits en conséquence, dans les secteurs de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, selon toujours le Collectif Tany. Enfin, l’insuffisance hydrique dans la Région va encore être aggravée par cette exploitation minière forte consommatrice d’eau, au détriment des besoins agricoles et ménagers, craint l’organisation.
Une éventuelle réouverture du projet Base Toliara n’amènera pas “l’indépendance économique” dans la région Atsimo-Andrefana, déclare le Collectif Tany dans son dernier communiqué du 23 juillet. Il fait par ailleurs mention du rachat de la société australienne Base Ressources par la compagnie américaine Energy Fuels en avril dernier, qui transformerait radicalement les activités de Base Toliara. Certes, le personnel actuel sera conservé en l’état. En revanche, en plus de l’ilménite, du zircon et du rutile prévus précédemment être extraits des gisements de sables minéralisés de Toliara II, des terres rares ainsi que des “quantités importantes d’uranium seront également produites (…) à faible coût (…) à partir de la monazite, pendant toute la durée du projet”, affirme le Collectif Tany.
Source: Madagascar-Tribune.com
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