Cri d’alarme des producteurs de lait

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Cri d’alarme des producteurs de lait
Cri d’alarme des producteurs de lait

Africa-Press – Madagascar. C’est la grande démotivation pour la production laitière à Vakinankaratra: après des années de croissance à deux chiffres, le marché se retrouve actuellement en difficulté. La surproduction menace la filière face à la diminution de la demande.

A la tête d’un centre de collecte de lais frais au cœur de la commune de Betafo, depuis plusieurs années, William Jean José Razafindrakoto est l’un des principaux collecteurs de lait frais de la région. En outre, il exploite une ferme comprenant 10 vaches pour la production laitière. Situé dans le fokontany Ambodifarihy, son centre emploie une vingtaine de personnes et collabore avec 500 éleveurs.

En période haute, le centre collecte quotidiennement environ 6 400 litres de lait frais, sept jours sur sept. Le litre de lait est ensuite vendu à partir de 1 300 Ar, et la majeure partie est rachetée par la grande transformation. Malheureusement pour José et ses nombreux collaborateurs, rien ne va plus depuis maintenant près de deux mois. Pour cause, les éleveurs ont de plus en plus de difficultés à trouver des preneurs de leur lait.

Aujourd’hui, José pousse un cri d’alarme: « nous vendons le lait à peine 800 ar le litre contre 1 300 ar auparavant. A défaut d’acheteur capable d’absorber toute la quantité de lait produite, nous avons été contraints de diminuer le nombre de jours de collecte de 7 à 5 jours, ce qui signifie deux jours de fermeture. A ce jour, nous ne pouvons collecter que 5 400 litres par jour sur une période de cinq jours, alors qu’auparavant nous collectons 6 400 litres par jour sur sept jours ».

Selon José, « la prolifération des produits importés, en particulier du Lait Concentré Sucré est la cause de ce désarroi. Cela se traduit par une diminution de la production des industries locales et une baisse de leur demandes en lait frais. Et il est important de souligner que seule la production locale à partir de lait frais peut assurer notre rentabilité ».

« Plus que jamais, nous avons besoin de mesures concrètes pour protéger l’industrie laitière locale. Il est crucial de limiter les importations de produits laitiers étrangers afin de préserver no producteurs locaux et de garantir la pérennité de notre secteur », a lancé José qui appelle à la responsabilité de l’Etat.

Face à la situation, la démotivation plane sur les producteurs de lait de Vakinankaratra, menaçant de compromettre la pérennité même de notre industrie laitière. « Les pertes s’accumulent mais les charges, elles ne diminuent pas. Tous les coûts ont augmenté: les engrais, les aliments, les minéraux, etc. Les prix de vente pratiqués actuellement ne permettent, ni de couvrir les charges, ni de rémunérer la min d’œuvre et les capitaux. La situation est d’autant plus difficile pour les éleveurs qui ont dû contracter des prêt bancaires pour démarrer leur exploitation » déplore José.

En 2022, Madagascar a importé plus de 10.000 tonnes de produits laitiers. En 2019, le Malagasy Dairy Board (MDB), structure de gestion de la filière lait, a déjà dénoncé l’importation massive du lait en poudre qui impacte non seulement sur les revenus des producteurs locaux mais la qualité qui est également inquiétante. Il y a un an, une taxe additionnelle de 32% du droit de douane a été imposée par l’Autorité Nationale chargée des Mesures Correctives et Commerciales (ANMCC) au lait concentré importé sucré, non sucré, écrémé ou demi-écrémé pour une durée d’application de quatre ans. Une mesure de sauvegarde face à l’accroissement des importations.

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