Pour BNP Paribas, l’Afrique subsaharienne n’est plus une priorité

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Pour BNP Paribas, l’Afrique subsaharienne n’est plus une priorité
Pour BNP Paribas, l’Afrique subsaharienne n’est plus une priorité

Africa-Press – Madagascar. banque française se retire encore un peu plus du continent, misant sur l’Europe et l’Asie pour se déployer et renforcer sa position de géant mondial. Explications.

« En Afrique, nous avons adopté une stratégie ciblée et continuons à nous renforcer là où les caractéristiques du marché correspondent bien à nos forces et aux conditions souhaitées en termes de développement et de maîtrise des risques », explique-t-on au siège de BNP Paribas en France.

Officiellement, le premier groupe bancaire français en termes d’actifs, qui a réalisé un bénéfice net de plus de 9,5 milliards d’euros en 2021 et compte encore sept implantations en Afrique*, voit toujours le continent comme une composante de son « dispositif international ». Mais les faits et la dynamique de cessions entamée depuis trois ans disent le contraire.

Comme le révélait Africa Business+ fin février, BNP Paribas a engagé une opération de cession de sa filiale détenue à 54,11% dans le pays de la Teranga : la banque française est sur le point de vendre ses parts dans sa filiale Banque internationale pour le commerce et l’industrie du Sénégal (Bicis) à un repreneur pour le moment non identifié.

Sixième banque du Sénégal

Selon nos informations, la banque aurait décidé de se désengager après la décision de l’État sénégalais de réduire ses parts dans l’actionnariat : fin décembre 2020, l’État détenait près de 25 % du capital de la Bicis contre 42 % lors de sa privatisation partielle en 1991.

À noter que le projet de cession de la filiale sénégalaise, discuté à l’occasion d’un comité exécutif exceptionnel fin février, s’inscrit par ailleurs dans la stratégie de recentrage du groupe.

Sixième banque du Sénégal en termes de total au bilan, la Bicis a enregistré un Produit net bancaire (PNB) de 52 millions d’euros l’année dernière, soit 3,5 fois moindre que celui de la première filiale africaine du groupe (l’Afrique du Sud). La Bicis reste la moins performante des deux dernières filiales ouest-africaines de BNP puisque la Banque internationale pour le commerce et l’industrie de la Côte d’Ivoire (Bicici) a réalisé 70 millions d’euros de PNB en 2021.

Recentrage en Europe et en Asie

« Les indices du recentrage de l’activité du groupe se multiplient ces derniers mois », confie à JA un cadre africain de la banque qui souhaite conserver l’anonymat. « Celui-ci ne concerne pas uniquement l’Afrique alors que le groupe souhaite se concentrer sur l’Europe et l’Asie », poursuit-il, rappelant la ligne directrice du plan stratégique 2020-2025 de la banque française.

En effet, fin décembre, BNP Paribas a cédé sa banque américaine Bank of the West pour plus de 16 milliards de dollars et signé son retrait du marché américain de la banque de détail après plus de 40 ans de présence.

Sur le continent, BNP Paribas vient de céder au groupe Vista Bank, du Burkinabè Simon Tiemtoré, ses filiales burkinabè (Biciab) et guinéenne (Bicigui) en juillet dernier. Il y a un an, le groupe bancaire avait revendu ses participations au Gabon, au Mali et dans les Comores à son partenaire ivoirien Atlantic Financial Group de Koné Dossongui.

En Tunisie, plus de deux ans ont été nécessaires pour finaliser la cession, entamée en 2019, de la majorité de contrôle de sa filiale Union bancaire pour le commerce et l’industrie (UBCI) au tunisien Carte.

Cas particuliers de l’Algérie, du Maroc et de la Côte d’Ivoire

Aujourd’hui, et pour la banque de détail (les implantations en Afrique australe étant dédiées à l’activité « personal finance »), les forces de BNP ne sont donc plus concentrées qu’en Afrique du Nord et en Afrique de l’Ouest pour le Sénégal et la Côte d’Ivoire.

Si la cession du Sénégal devient définitive prochainement, ne restera plus que la Côte d’Ivoire. Alors que des sources en interne soutiennent que seule la Bicis est pour l’heure évoquée, le holding parisien ne confirme ni n’infirme la rumeur de départ de Côte d’Ivoire.

Située dans le top 5 des banques dans le pays, la filiale ivoirienne de BNP a dégagé un PNB de 70 millions d’euros en 2021, après avoir réussi à le maintenir à près de 68 millions en 2020, au plus fort de la crise sanitaire.

Mais la stratégie va au-delà des simples résultats. « Même si la Côte d’Ivoire et le Sénégal sont rattachés à la région Europe Méditerranée de BNP [tout comme le Maroc et l’Algérie, ndlr], la banque est plus proche des établissements d’Afrique du Nord et les investissements réalisés dans ces filiales, notamment dans le domaine de l’IT, le prouvent », souligne un cadre. De fait, en 2021, le Maroc pèse le plus lourd dans la balance après avoir enregistré un PNB de 278 millions d’euros, soit un résultat quatre fois supérieur à celui de la première filiale en Afrique de l’Ouest.

Le plan stratégique de BNP Paribas arrivant à échéance en 2025, il reste du temps pour voir venir.

* Au 31 décembre 2021, BNP Paribas est présent en Afrique du Sud, Algérie, Côte d’Ivoire, Namibie, ainsi qu’au Maroc, au Sénégal et au Botswana.

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