Protection des produits locaux : « Les mesures prises affichent de bons résultats », selon l’ANMCC

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Protection des produits locaux : « Les mesures prises affichent de bons résultats », selon l’ANMCC
Protection des produits locaux : « Les mesures prises affichent de bons résultats », selon l’ANMCC

Africa-Press – Madagascar. Les mesures de sauvegarde et d’anti-dumping prises par l’ANMCC (Autorité Nationale chargée des Mesures Correctives Commerciales) ont permis d’améliorer les niveaux de la production locale, selon son DG Barthélémy. Interview.

Midi Madagasikara (MM). L’ANMCC a déjà cinq années d’existence. Quel bilan pourriez-vous présenter très brièvement ?

DG Barthélémy (ANMCC). Effectivement l’ANMCC, créée le 18 mai 2017, célèbre cette année ses cinq ans. Dans ce cadre, nous allons communiquer les rôles de cette autorité, ainsi que les avantages déjà obtenus par les entreprises et par l’économie malgache dans son ensemble. La réponse à cette question sera mise en avant durant l’événement, car nous organiserons au Jardin ORTANA Antaninarenina, des ventes-expo auxquelles, les entreprises qui ont bénéficié de la protection de l’ANMCC vont présenter leurs productions et l’évolution de leurs activités. Nos partenaires, comme l’OMAPI (Office malgache de la propriété intellectuelle), la BNM (Bureau nationale des normes), la Chambre de Commerce et d’Industrie, le Conseil de la Concurrence, etc. seront également au rendez-vous pour exposer leurs activités.

MM. Vous parlez de protection. De quoi s’agit-elle ?

ANMCC. À la demande des entreprises qui se sentent victimes, nous appliquons des mesures contre les produits d’importation. Cela se fait, soit lorsque ces produits importés inondent le marché, soit lorsqu’il y a des pratiques déloyales, par exemple, lorsque des produits importés bénéficient de subventions de leurs pays d’origine. Il s’agit donc de mesures de sauvegarde et d’anti-dumping, pour protéger nos productions locales.

MM. Combien d’entreprises ont bénéficié de ces mesures de protection ?

ANMCC. Plus de 40 entreprises ! Au départ, elles étaient seulement six. Leurs activités concernent les pâtes alimentaires, les couvertures et le savon en poudre. Mais cela a évolué petit à petit. Avec l’amélioration de la concurrence sur le marché local, cela contribue à la promotion de la création d’entreprises dans ces secteurs concernés. On peut constater qu’il y a moins d’importations. Par exemple pour les pâtes, en 2018, Madagascar avait produit 7.000t et importé 45.000t. Aujourd’hui, le pays produit 41.000t et importe seulement près de 19t.

MM. Ces mesures ne favorisent-elles pas la hausse des prix ?

ANMCC. Au départ oui, car il y a la baisse des importations, suivie de l’amélioration de la capacité de production locale. Mais à terme, cela permet même de stabiliser les prix. Par exemple pour les pâtes. L’évolution des prix entre 2018 et 2021 affiche une hausse, mais l’augmentation moindre que celles des autres produits de première nécessité (PPN) comme l’huile, ou le savon qui ne bénéficie pas de mesures de sauvegarde. Il est vrai que le pays importe de la farine pour produire des pâtes, mais cela ne représente qu’une partie du coût de production.

MM. Y a-t-il des conditions pour que l’ANMCC intervienne ?

ANMCC. Bien évidemment. Nous avons des accords internationaux sur le commerce à respecter. Les mesures sont conditionnées et limitées. À chaque requête, une enquête est menée pour voir si elle est conforme aux accords internationaux signés par Madagascar. Il y a donc des entreprises qui réclament des mesures de protection, mais n’obtiennent pas satisfaction. Neuf enquêtes ont déjà été ouvertes, mais trois seulement ont abouti à la prise de mesures de protection.

MM. L’île Maurice se plaint de ces mesures. Comptez-vous les alléger ou les annuler ?

ANMCC. Maurice se plaint, elle devrait comprendre que ces mesures prises ont justement comme objectif de limiter les importations pour favoriser la production locale malgache. Certaines usines étrangères décident de se délocaliser ici, à cause de cela. C’est aussi l’un de nos objectifs.

MM. Les mesures que vous avez prises concernent les industries. Qu’en est-il de l’économie rurale ?

ANMCC. Notre vision pour les 5 prochaines années concerne justement l’économie rurale. Madagascar produit d’importantes quantités de fruits, de légumes, de produits artisanaux, etc. mais nous importons toujours ces types de produits. Si on prend l’exemple de la tomate, notre capacité de production est énorme, alors que nous importons des milliers de tonnes de tomates concentrées. Les paysans producteurs sont lésés. Aujourd’hui, nous sommes en train de trouver des solutions pour protéger ces producteurs dans les zones rurales. Même les industries de tomate concentrée devraient s’approvisionner chez nous.

Antsa R.

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