Africa-Press – Madagascar. Le nouveau rapport de l’IPC (Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire) publié cette semaine révèle une dégradation alarmante de la situation alimentaire et nutritionnelle à Madagascar entre mai 2025 et avril 2026. Selon les estimations, plus de 1,2 million de personnes, soit 13 % de la population des districts analysés, sont déjà en situation d’insécurité alimentaire aiguë élevée. Parmi elles, environ 29 000 se trouvent en phase d’urgence (Phase 4 de l’IPC), nécessitant une assistance immédiate.
La situation devrait s’aggraver au fil des mois. Entre octobre 2025 et janvier 2026, période marquée par la soudure, le nombre de personnes concernées atteindrait 1,5 million. D’ici avril 2026, près de 1,64 million de personnes seront en crise ou en urgence alimentaire, soit 18 % de la population des zones évaluées. Dans le Grand Sud, certains districts comme Ambovombe, Beloha, Tsihombe ou Antanimora Sud concentrent déjà une partie des ménages les plus vulnérables.
Les causes de cette crise sont multiples. Les aléas climatiques récurrents – sécheresse, cyclones et inondations – ont compromis les récoltes et réduit les surfaces cultivées. Les infestations acridiennes et les attaques de ravageurs ont aggravé la baisse des rendements agricoles. Parallèlement, l’inflation persistante, la hausse des prix alimentaires et l’isolement de certaines zones limitent fortement l’accès des ménages aux marchés. À ces difficultés économiques s’ajoutent des conditions sanitaires dégradées, notamment le manque d’eau potable et d’infrastructures d’assainissement.
La malnutrition aiguë progresse également à un rythme inquiétant. Entre mai 2025 et avril 2026, plus de 558 000 enfants de moins de cinq ans souffriront de malnutrition aiguë, dont 155 600 de formes sévères. Le district d’Ikongo, dans le Grand Sud-Est, enregistre déjà un taux de malnutrition aiguë globale de 13,5 %, dépassant le seuil d’urgence.
Le rapport met en garde contre un affaiblissement de la résilience des communautés et une réduction notable de l’aide humanitaire, en baisse depuis plusieurs années. Sans une intensification rapide et coordonnée des interventions, notamment dans les zones rurales les plus touchées, des millions de personnes risquent de basculer vers des niveaux critiques d’insécurité alimentaire.
À travers cette analyse, l’IPC appelle à une mobilisation accrue des acteurs nationaux et internationaux pour prévenir une détérioration encore plus dramatique de la sécurité alimentaire et protéger les populations les plus vulnérables, en particulier les enfants et les femmes enceintes ou allaitantes.
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