À Madagascar, critiquer le président peut coûter cher

16
À Madagascar, critiquer le président peut coûter cher
À Madagascar, critiquer le président peut coûter cher

Africa-Press – Madagascar. À Madagascar, les locaux d’un journal critique vis-à-vis du président ont été perquisitionnés. Les associations de journalistes dénoncent un harcèlement judiciaire contre La Gazette de la Grande Île.

En 2017, un journaliste d’investigation, Fernand Cello, était poursuivi en justice après deux enquêtes. L’ONG Reporters sans frontières estimait alors que les « enquêtes sur des abus de pouvoir dérangent ». Cela faisait alors près de quatre décennies qu’un journaliste n’avait pas été condamné. À l’époque, Andry Rajoelina n’était pas encore président.

Mais sur la Grande île, les temps changent. « Le Code de la Communication, réformé en 2020, ne consacre que partiellement la fin des peines privatives de liberté et plusieurs articles restés inchangés renvoient vers le Code pénal », déplore ainsi RSF qui indique que « les amendes prévues en cas de ‘diffusion d’informations mensongères’ sont plus lourdes et les possibilités des autorités de fermer des médias ou d’arrêter des programmes sont assez larges ».

L’arrivée d’Andry Rajoelina au pouvoir a, semble-t-il, changé les conditions des journalistes malgaches. En 2021, les autorités « ont voulu interdire des programmes et émissions ‘susceptibles de troubler l’ordre public’ dans une dizaine de médias avant de finalement y renoncer », se souvient RSF, qui a fait chuter de 41 places la Grande île dans son classement consacré à la liberté de la presse dans le monde.

Harcèlement judiciaire ?

D’ailleurs, déplore l’ONG, il demeure un problème législatif de taille : l’Autorité de régulation (ANRCM), prévue dans les textes, n’a toujours pas vu le jour et « ses prérogatives sont assurées par les ministères de la Communication et de la Culture ».

Conséquence : la liberté des médias malgaches, autrefois assurée par les pouvoirs successifs, n’est plus garantie. La perquisition, ce jeudi, dans les locaux de La Gazette de la Grande Île, n’étonne donc personne. D’autant que le propriétaire de la revue — la seule non affiliée à un parti politique —, Lôla Rasoamaharo, est dans le collimateur du pouvoir. Arrêté le week-end dernier, l’homme d’affaires est déjà poursuivi pour « tentative d’extorsion de fonds, diffamations, menaces et injures ».

Selon la radio RFI, le patron de média devrait être déferré ce vendredi matin au parquet. La justice reproche, outre la plainte contre Lôla Rasoamaharo, des arriérés de paiement datant de 2016 auprès de la compagnie nationale d’eau et d’électricité, la Jirama.

Fernando Cello, six ans après ses propres démêlées avec la justice, est aujourd’hui le vice-président de la Fédération des associations des journalistes de Madagascar. Il estime que La Gazette de la Grande Île « est le seul média qui dénonce l’injustice, qui ose critiquer le président et le gouvernement ». Il estime être « convaincu que l’État est derrière tout ça ».

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Madagascar, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here