Africa-Press – Madagascar. Après la montée des critiques et la vague d’indignation provoquée par le décès de la 31e victime de l’affaire d’Ambohimalaza, l’État cherche à se disculper. Face à la colère croissante de l’opinion publique, les autorités enchaînent les déclarations, dans ce qui ressemble à une tentative de reprendre la main. Ce sont d’abord les pompiers de service qui ont ouvert le bal sur les réseaux sociaux. Ils ont qualifié l’affaire de simple querelle familiale, niant toute implication de l’État. Une sortie qui a rapidement attisé les tensions, tant elle semble ignorer le rôle fondamental de l’État dans la prise en charge de la santé publique, surtout en cas de crise sanitaire.
Dans la foulée, les ministres sont montés au créneau. Le ministre de la Santé publique, le Pr Zely Randriamanantany, a tenté d’écarter l’hypothèse du botulisme. « Destruction du foie. Insuffisance rénale. Tension instable. Tachycardie », a-t-il énuméré pour souligner que ces symptômes ne correspondent pas aux signes classiques du botulisme. Il s’est même permis une pique à l’encontre de ceux qui avancent cette thèse: « Lisez bien ! Il y est écrit diplopie — donc vision double ». Mais demandez à tous ces gens, aucun n’a eu de vision double.
Il y a eu aussi la réaction du ministre de la Justice, Benjamin Rakotomandimby. Samedi soir, dans une déclaration télévisée, il a confirmé que la jeune femme dont l’anniversaire s’est transformé en tragédie, ainsi que ses proches, allaient être entendus par la justice. « Des plaintes ont été déposées contre elle et sa famille », a-t-il indiqué, dans un discours défensif, précisant que « l’État n’a personne à protéger dans cette affaire ».
Malgré ces tentatives, les zones d’ombre persistent et des questions restent sans réponse, comme l’attente de plus d’un mois pour enclencher des auditions élémentaires que les familles endeuillées réclamaient dès les premiers jours. En effet, depuis le 14 juin, les décès se sont enchaînés, et les familles des victimes, plongées dans l’incompréhension, attendent toujours des réponses claires.
Les auteurs présumés ont été interpellés, les analyses sont officiellement connues, et pourtant, rien n’a permis d’avancer efficacement dans la prise en charge des patients. Le bilan n’a cessé de s’alourdir alors qu’au lendemain de l’anniversaire, le nombre de décès était limité à une dizaine. Puis, le silence prolongé des autorités, suivi de ce soudain regain d’activisme face à la colère populaire, donne l’impression que les institutions réagissent davantage à la pression d’un président de la République soucieux de préserver son image qu’au devoir de vérité.
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