Anthony Ramarolahy, Ingénieur : « Le redressement judiciaire est incontournable pour Air Madagascar »

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Anthony Ramarolahy, Ingénieur : « Le redressement judiciaire est incontournable pour Air Madagascar »
Anthony Ramarolahy, Ingénieur : « Le redressement judiciaire est incontournable pour Air Madagascar »

Africa-Press – Madagascar. L’on ne peut-il pas suspendre la mise en place de Madagascar Airlines parce qu’Air Madagascar va licencier plusieurs de ses employés ? Un poste et une personne dans l’administration publique, alors qu’au niveau de Air Madagascar un directeur général d’une autre entité siège toujours au sein de son Conseil d’Administration.

Président de la République : Je suis bien heureux de vous accueillir ici chez moi à Ambohimangakely. Et c’est un plaisir également pour moi de participer, en tant que premier invité, à votre émission.

Il faut d’abord souligner que la compagnie Air Madagascar est une fierté nationale. Cette compagnie a été en difficulté et demeure toujours dans cette situation. C’est la raison pour laquelle Air Madagascar – à l’instar de autres 23 compagnies aériennes dans d’autres pays, comme le South Africa Airways en Afrique du Sud, celle de Danemark, Irlande ou Royaume-Uni, même en Espagne, qui, après la pandémie de Covid-19 – doit procéder à un redressement judiciaire. Notre compagnie ne peut alors pas échapper à cette option afin de pouvoir trouver une solution durable pour redresser la barre. Toutefois, faut-il dire qu’Air Madagascar est confronté à un problème de gouvernance. Et il ne faut pas oublier que dans une compagnie nationale, les notions de régularité et de ponctualité sont fondamentales. Il faut, par exemple, éviter que les gens ne prennent connaissance de l’annulation d’un vol annoncé qu’une fois arrivés à l’aéroport. Et, il faut également respecter les horaires établis. Quand on annonce, par exemple, que le départ sera à 9h ou à 10h, on doit les respecter et éviter les reports. Sur ce, je reviens à la question qui est posée par ce lecteur. Le redressement judiciaire est incontournable pour Air Madagascar. Aussi, le sureffectif au niveau du personnel de la compagnie nationale pose également problème. Il dépasse largement les besoins réels en ressources humaines de Air Madagascar. Il est indiscutable que nous devons alors planifier le sauvetage et le redressement d’Air Madagascar. En effet, dans un très court terme, nous devons voir comment on pourra renforcer la flotte de la compagnie, qui ne dispose maintenant que de deux ATR 72 opérationnels. Alors, on se pose la question selon laquelle comment nous pouvons ainsi développer notre tourisme si un avion débarque de l’étranger avec 300 passagers à son bord et que nos avions ne disposent que de 72 places pour assurer leur transport dans le cadre des vols domestiques vers Nosy-Be ou Sainte-Marie voire dans le Sud. Tous les responsables à tous les niveaux, que ce soit au niveau du ministère des Transports ou au niveau de Air Madagascar, travaillent dessus afin de faciliter la circulation des biens et des personnes à l’échelle nationale par le biais de Air Madagascar, et ce conformément aux instructions émises.

Rivo Narivony Andriamiarisoa, Responsable sinistre chez Assurance Aro : Beaucoup d’étudiants qui ont terminé leurs études se heurtent au refus des entreprises faute d’avoir eu trois ou cinq années d’expériences. Comment devra-t-on faire pour que les étudiants qui sortent des écoles de formation puissent être embauchés. Beaucoup de diplômés restent au chômage.

Président de la République : Je suis bien conscient des inquiétudes des étudiants qui sont déjà à quelques pas de finir de leur parcours scolaires et ceux qui ont déjà terminé leurs formations universitaires. Parce qu’on leur impose toujours ces années d’expériences. Il faut d’abord faire en sorte que les formations puissent répondre aux besoins réels du pays. Ensuite, l’établissement d’un partenariat entre les universités publiques et privées avec le secteur privé est aussi une solution que nous pouvons apporter à cette problématique, de manière à pouvoir négocier un stage d’apprentissage en entreprise pour un étudiant. Ce stage doit être rémunéré. Vous, par exemple, au niveau de Midi Madagasikara, vous pouvez faire ainsi. Même l’administration publique devrait également accueillir ces stagiaires afin qu’ils puissent accumuler les expériences durant ce processus d’apprentissage des métiers.

Ulmer Claudia, Coiffeuse : Je subis les violences de mon mari qui s’accapare mes revenus. Maintenant, je me suis séparée de lui et je compte créer un salon de coiffure mais mes moyens financiers sont très réduits.

Président de la République : On voit à travers toutes ces questions que toutes les catégories sociales lisent Midi Madagasikara. La question de cette lectrice est liée à la violence conjugale. C’est dans cette optique que ma femme a créé, dans le cadre de l’Association Fitia, un centre spécialisé dans la lutte contre la violence basée sur le genre. Ce centre peut prodiguer des conseils et accompagner également les femmes victimes de violences conjugales afin qu’on puisse les soutenir moralement, voire au niveau des démarches administratives nécessaires. J’invite cette lectrice à consulter ce centre qui a déjà plusieurs antennes dans le pays. Celle d’Antananarivo, par exemple, est sise à Mahamasina. Mais elle a également exprimé son souhait de pouvoir créer son propre salon de coiffure. Nous avons décidé de créer des centres de formation professionnelle pour que les gens comme elle puisse avoir leur chance. L’objectif étant qu’une personne puisse s’épanouir et ne plus constituer un fardeau ni pour le ménage ni pour la société encore moins pour le pays. Prochainement ces centres verront le jour pour former différents métiers comme plombier, électricien, maçon, coiffeuse, carreleur, couturière, soudeur. Voire dans le secteur de la boulangerie ou de la pâtisserie. Il faut donc faire en sorte que nos formations répondent aux besoins des entreprises. Nous allons donc créer ces centres dans chaque région avec le concours des ministères concernés. Et une fois que la formation sera terminée, on peut ensuite les soutenir dans les équipements et les accompagner dans la création d’entreprise. Une proposition qui est déjà en cours, par exemple, consiste à former 1000 ouvriers-couturiers dans chaque région. Les meilleurs d’entre eux intégreront, ensuite, une association pour que l’Etat puisse leur octroyer un marché dans la confection des tabliers scolaires ou les blouses du personnel médical au niveau de tous les centres de santé et les hôpitaux. Et dans le cadre de la célébration de la fête nationale, ils peuvent aussi fournir les drapeaux nationaux dans les régions. L’objectif est non seulement de former mais aussi de créer des emplois. Mais je reviens sur la doléance de cette lectrice. On peut l’aider à s’équiper et en lui fournissant un local pour son projet de salon de coiffure.

Questions de Daniel, Consultant : Madagascar dispose d’un grand potentiel en énergie fossile. Pourquoi vous ne parlez jamais du secteur pétrolier amont ? Même la Politique générale de l’Etat n’en fait mention.

Président de la République : Nous l’avons déjà décrit dans le Plan Emergence Madagascar et l’Initiative pour l’Emergence de Madagascar que nous pouvons exploiter les ressources minières du pays pour en faire un levier de développement. Toutefois, il faut dire que la recherche et l’exploitation pétrolières nécessitent des décennies entières pour les réaliser. Et cela me fait penser à la chanson du groupe Mahaleo intitulée Bemolanga. La chanson créée dans les années 70 disait que « Quand pourrait-il ressurgir ? Serait-ce d’ici peu que Bemolanga pourrait venir, et nous ne serons plus démunis ». Tout le monde sait que Bemolanga est un gisement d’huiles lourdes. Les réserves sont réelles. Je m’y rendrai personnellement d’ici peu pour constater de visu les potentialités cette exploitation qui peut ravitailler la Jirama en huiles lourdes. Pourtant, il faut reconnaître que des difficultés techniques existent bel et bien, notamment sur la liaison entre le site de production et les villes de Maintirano et d’Antananarivo. On verra alors les solutions qui peuvent être mises en œuvre avec la société exploitante s’il est nécessaire de mettre en place un pipeline ou plutôt de réhabiliter des routes, afin qu’on puisse exploiter nos ressources pétrolières. D’autres recherches affirment également que Madagascar dispose des réserves en gaz. L’histoire de notre pays va changer incessamment, si on parvient à exploiter toutes ces ressources. En Thaïlande, par exemple, les taxis roulent tous en gaz. Donc, on peut opérer des transformations pour répondre à nos besoins énergétiques surtout après ces différentes crises, et particulièrement celle de l´Ukraine. Les pays européens sont actuellement conscients qu’il fallait produire du gaz afin de limiter la dépendance à d’autres pays fournisseurs. Là où je veux donc en venir c’est que la puissance d’un pays est basée sur sa capacité à satisfaire ses propres besoins. Et nous, on est un pays béni de Dieu, nous allons faire en sorte d’accélérer l’exploitation de ces ressources pour que la population puisse jouir de leurs retombées.

Recueillis par Rija R.

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