Africa-Press – Madagascar. Le face-à-face entre le gouvernement et les députés a repris jeudi pour une durée de deux jours dans l’hémicycle de Tsimbazaza. À la tribune, le Premier ministre Christian Ntsay a présenté, en quatre heures, un rapport d’activités de 58 pages, censé rendre compte des actions de l’Exécutif depuis 2023. Mais dans la salle, les doléances des élus ont surtout mis en lumière un décalage criant entre les chiffres avancés et la réalité vécue par la population.
Les interventions ont fusé. Routes dégradées, insécurité, services publics en déliquescence… Les députés, particulièrement ceux de l’opposition, ont multiplié les interpellations. Le député de Bekily a rappelé que 3.000 zébus ont été volés dans son district, sans que les autorités n’apportent de réponses concrètes. Celui d’Antsalova a dénoncé le mutisme de certains ministères, qui ignoreraient les élus de terrain. Le député Gascar Fenosoa a mis en cause l’inaction face aux coupures d’électricité et aux pénuries d’eau. « On est prêt à appeler le peuple à descendre dans la rue », a-t-il lancé, exigeant des résultats tangibles, et non de simples promesses. Il a aussi interpellé l’Exécutif sur le don chinois de 28 millions de dollars dont le sort reste flou.
À l’heure où le gouvernement affiche des priorités budgétaires, la population, elle, attend des réponses simples: de la lumière, de l’eau, de la sécurité lancent les députés.
Dans son rapport, Christian Ntsay a défendu les actions du gouvernement. Il a mis en avant les progrès dans le secteur de la santé: réhabilitation d’infrastructures, approvisionnement en médicaments et augmentation du budget pour les hôpitaux. Des chiffres, certes, mais dont l’impact reste difficile à percevoir pour une partie de la population. La députée de Vatomandry, Sophie Ratsiraka rapporte ses démarches répétées auprès du ministère de la Santé et le décès d’une femme morte en couche à la Pentecôte, faute de soins adaptés.
Si quelques députés proches du régime saluent les efforts du gouvernement, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur leur portée réelle. Le dialogue, tant attendu, ne suffit pas à dissiper les doutes. Les regards sont désormais tournés vers la deuxième journée de ce face-à-face, qui pourrait raviver encore davantage les tensions, à l’heure où les défis du pays dépassent de loin les mots couchés dans les rapports officiels.
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