Africa-Press – Madagascar. Tandis que le soleil se lève sur les côtes étincelantes du sud-ouest malgache, l’ombre persistante de la pauvreté continue de planer sur la majorité de ses habitants. Une réalité douloureusement rappelée par la Commission Épiscopale Justice et Paix lors de sa récente assemblée générale tenue à Madiorano, dans le diocèse de Toliara. Dans un message sans détour, les évêques de Madagascar tirent la sonnette d’alarme: dans un pays débordant de richesses naturelles, les pauvres continuent de pleurer.
Madagascar, terre bénie par une profusion de ressources – or, nickel, saphirs, vanille, cobalt, terres rares, et tant d’autres – voit ses richesses fuir au profit d’une minorité, tandis que l’immense majorité de sa population demeure engluée dans la misère. Des ressources convoitées par des puissances étrangères comme la France, la Chine, le Japon ou encore les États-Unis, mais dont les bénéfices ne semblent jamais atteindre ceux qui en ont le plus besoin: les Malgaches eux-mêmes.
Le paradoxe est saisissant: comment un pays si riche peut-il rester si pauvre? La réponse, selon la Commission Justice et Paix, réside dans un système d’exploitation anarchique, teinté de corruption, d’illégalité et de silence complice. Derrière les beaux discours sur le développement et la croissance se cache une réalité bien plus amère: les inégalités s’accentuent, l’environnement se dégrade, et la dignité humaine est trop souvent bafouée.
L’Église, dans un rare moment de fermeté, dénonce une exploitation minière déloyale qui « accroît la corruption dans tous les secteurs » et appelle à une refondation éthique du rapport aux ressources. Car « la richesse n’est une richesse que si elle profite à tous », rappellent les évêques, soulignant au passage l’échec criant d’un modèle économique qui concentre les bénéfices dans les mains de quelques-uns, au détriment du bien commun.
Mais au-delà du constat, c’est un appel à l’action que lance la Commission: changer les mentalités, appliquer la loi sans exception, instaurer une répartition équitable des richesses, et surtout, replacer l’humain – et non le profit – au cœur des priorités nationales. La « maison commune » – Madagascar – ne pourra être sauvée que si chacun, de l’État aux citoyens, en passant par les entreprises, assume enfin ses responsabilités.
Dans un pays où « tout est prioritaire », le temps des tergiversations semble révolu. « Servir la patrie est un devoir sacré », martèle le message épiscopal, comme pour rappeler à tous que l’indifférence est devenue un luxe que Madagascar ne peut plus se permettre.
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