Africa-Press – Madagascar. Andry Rajoelina a annoncé dans la nuit du 13 octobre avoir quitté le territoire national pour des raisons de sécurité à la suite d’une tentative de coup d’État menée par une faction militaire, selon ses dires. Dans un discours solennel adressé à la nation, il a déclaré avoir pris cette décision sur les conseils de ses collaborateurs, après que la tension ait atteint un niveau critique au sein des Forces armées. Il se trouverait ainsi en lieu sûr sans donner plus de précision sur l’endroit où il se trouve.
Cette déclaration a été diffusée sur la page Facebook officielle de la Présidence et sur la chaîne de télévision privée VIVA, propriété du chef de l’État. Elle devait initialement être retransmise à 19h sur les chaînes nationales, mais la diffusion a été reportée par deux fois (20h30 et 21h30). La présidence de la République a indiqué qu’il y aurait eu une tentative de certains militaires de prendre le contrôle de la TVM (Télévision Nationale Malagasy).
Selon les explications d’Andry Rajoelina, un petit groupe de militaires aurait tenté d’attenter à sa vie et de renverser le pouvoir en place. Le chef de l’État a révélé que des soldats du Capsat (Corps d’administration et des services de l’armée de terre) avaient déjà cherché, vendredi dernier, à prendre d’assaut le Palais d’État d’Ambohitsorohitra, la veille de leur mutinerie. Pour prévenir toute attaque, il aurait ordonné au ministre des Forces armées d’affréter un avion militaire à destination d’Antsiranana, dans le nord du pays, afin de renforcer la garde présidentielle. L’opération a tourné court, les militaires sur place ont refusé d’obéir et bloqué l’appareil.
Face à ce blocage et à la montée de la tension, Andry Rajoelina affirme avoir choisi de préserver sa vie et la stabilité du pays plutôt que de risquer un affrontement armé. Selon les informations révélées par RFI, le Chef d’Etat a été exfiltré par un avion militaire français après un accord avec le président français Emmanuel Macron. Interrogé par les médias français, ce dernier n’a pas confirmé cette exfiltration mais a déclaré sa préoccupation face au respect des dispositions de la Constitution à Madagascar.
Andry Rajoelina a déclaré dans son intervention que Madagascar ne pouvait supporter une nouvelle crise politique. Selon lui, 54 projets financés par des banques internationales sont menacés d’être suspendus, et l’aide budgétaire — estimée à 100 millions de dollars — pourrait être gelée si l’instabilité persiste. « Il est facile de détruire, mais difficile de reconstruire », a-t-il souligné, évoquant les séquelles du mouvement estudiantin de 1972, qui avait laissé la capitale sans Hôtel de ville pendant plus de trois décennies.
Malgré la gravité de la situation, Rajoelina a assuré ne ressentir « aucune rancune » envers ses adversaires, y compris ceux qui ont envisagé d’attenter à sa vie. Il a insisté sur sa volonté de réconciliation nationale, rappelant avoir déjà accordé des grâces à certaines personnes et promettant de poursuivre ce processus pour ceux détenus « de manière injuste ».
Sur le plan économique et social, le chef de l’État a abordé la crise énergétique qui paralyse le pays. Il a indiqué superviser personnellement la réception de groupes électrogènes envoyés par des pays partenaires, afin de soulager la Jirama.
Rajoelina a également annoncé la levée du couvre-feu instauré ces derniers jours, tout en maintenant la sécurité comme priorité absolue. Il a rappelé que la liberté d’expression restait garantie, mais a mis en garde contre les dérives susceptibles de perturber les activités économiques.
Enfin, il a appelé les citoyens à faire preuve de responsabilité collective. « Le chemin que nous choisirons déterminera l’avenir de notre nation », a-t-il conclu.
Ce départ précipité de Andry Rajoelina à l’étranger, marque une nouvelle étape dans la crise politique qui secoue le pays. Tandis qu’une partie de l’armée semble avoir pris ses distances avec le pouvoir, l’avenir institutionnel du pays reste incertain.
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