Université d’Antananarivo : Pour une gestion assainie

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Université d’Antananarivo : Pour une gestion assainie
Université d’Antananarivo : Pour une gestion assainie

Africa-PressMadagascar. Il n’y a pas si longtemps l’affaire Conscient Zafitody défrayait la chronique. Pour rappel, cet ancien Président de l’Université de Barikadimy à Toamasina n’avait pas procédé au règlement des bourses, en dépit d’un transfert de fonds réalisé six mois plus tôt par l’Etat. Ce retard avait provoqué la colère des étudiants. L’affrontement avec les forces de l’ordre avait abouti à la mort regrettable d’un étudiant. Des investigations ont mis en évidence que Conscient Zafitody avait passé outre à la fois l’avis du Conseil d’Etablissement et les relances du Ministère de l’Enseignement Supérieur. En filigrane, il avait commis un détournement de deniers publics. Lorsqu’un grave incident de la sorte a lieu, il convient d’engager des poursuites civiles, administratives et/ou pénales mais la sagesse veut également que les dirigeants politiques prennent leur responsabilité en remédiant aux dysfonctionnements. Tirer les enseignements d’une faille ou d’un échec est ce que l’on attend des décideurs. Pour cela, il faut toujours revenir à la loi. Seul le respect de la loi permettra de résoudre les tensions entre l’Université d’Antananarivo et le Ministère de l’Economie et des Finances. Ces tensions sont-elles justifiées ou au contraire sont-elles fallacieuses et entretenues ? On pencherait plutôt pour la seconde hypothèse. Comme l’Université de Barikadimy-Toamasina, celle d’Ankatso-Ambohitsaina Antananarivo est un établissement public jouissant de l’autonomie financière, conformément au Décret N°2002-565 du 4 juillet 2002 abrogeant et remplaçant le Décret N°2002-177 du 11 avril 2002 fixant l’organisation et le fonctionnement des Universités et des Etablissements d’Enseignement Supérieur. Certains responsables universitaires se focalisent sur le principe « d’autonomie financière » en éclipsant de mauvaise foi le statut « d’établissement public» qui exige le respect de dispositions légales. Ils souhaitent monopoliser le budget entre leurs mains pour l’utiliser selon leur bon vouloir, comme l’avait fait Conscient Zafitody. Les Universités publiques, en tant qu’établissements publics nationaux à caractère administratif, ne sont pas autorisées à se soustraire aux principes élémentaires qui régissent les finances publiques. L’Université d’Antananarivo, comme toutes les autres Universités publiques, ne doit pas se comporter comme un Etat dans l’Etat. Elle ne doit pas faire comme si elle était une Université privée et comme si elle ne recevait pas des fonds de l’Etat. L’Université d’Antananarivo n’a jamais respecté le principe de séparation entre ordonnateur et comptable public prévu par la Loi N°2018-037 fixant les principes régissant les établissements publics ainsi que les règles de création des catégories d’établissements publics. Le Président de l’Université d’Antananarivo est l’ordonnateur du budget mais il a pris soin de refuser toute désignation d’un agent comptable en charge de la gestion des comptes bancaires. Par conséquent, le budget tenu par le Président de l’Université d’Antananarivo est un fourre-tout volontairement opaque. Des dépenses posent problèmes. Certaines sont constituées d’heures supplémentaires exorbitantes ou d’heures de recherches non justifiées. D’autres sont des dépenses personnelles somptuaires. Un récent audit a révélé des violations des principes d’unité budgétaire et d’universalité budgétaire. Il a mis également en évidence des manipulations de deniers publics par des agents non habilités, ainsi que des règles de passation de marché publics non respectées sans parler des déficits de caisse. Une nouvelle loi relative au statut et à l’autonomie des universités est en gestation mais elle n’est pas encore en vigueur. Par conséquent, le Président de l’Université d’Antananarivo ne peut pas s’en prévaloir pour tenter de se soustraire à ses obligations. Dans l’état actuel de la législation, l’Université d’Antananarivo est dans l’obligation de se soumettre d’une part, au contrôle légal et règlementaire régissant les établissements publics, d’autre part, aux audits financiers diligentés par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et le Ministère de l’Economie et des Finances et d’autre part, au contrôle du Commissaire aux Comptes. Des délais raisonnables ont été accordés à la Présidence de l’Université d’Antananarivo pour se conformer à la législation en vigueur mais elle préfère jouer la carte du chantage et de la manipulation en brandissant à tort la menace d’une grève des enseignants-chercheurs et des étudiants. L’Université n’échappera à l’assainissement de l’administration souhaité par tous dans l’intérêt général.

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