Dépression : la piste d’un traitement aux toxines hallucinogènes de crapaud

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Dépression : la piste d’un traitement aux toxines hallucinogènes de crapaud
Dépression : la piste d’un traitement aux toxines hallucinogènes de crapaud

Africa-Press – Madagascar. Un psychédélique issu du venin d’un crapaud toxique pourrait être un traitement contre la dépression et l’anxiété. Ce n’est pas la première fois que la recherche s’intéresse aux possibilités qu’offrent les psychédéliques dans le traitement de maladies mentales. Pour le moment, la majorité des travaux portait sur un récepteur à la sérotonine (5-HT2A). Mais ces nouveaux résultats, publiés dans Nature, se concentrent sur une nouvelle cible.

Du poison au traitement thérapeutique

La sérotonine est une molécule qui agît comme un neurotransmetteur dans le cerveau. Elle influe sur l’humeur et, lorsqu’elle est à un taux équilibré, est associée à l’état de bonheur. La sérotonine est aussi la cible des antidépresseurs dans le traitement de troubles psychiatriques, comme l’anxiété ou la dépression.

Appelés “inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine”, ces médicaments ont pour but d’augmenter le niveau de sérotonine dans le cerveau. Ils font en sorte que la sérotonine reste plus longtemps dans la synapse, à la jointure entre deux neurones. Les récepteurs de la sérotonine sont alors plus stimulés.

Cette fois, l’équipe de l’école de médecine de Mount Sinai a voulu trouver une substance capable de mieux stimuler ces récepteurs. Elle s’est pour cela intéressée au crapaud Incilius alvarius.

Surnommé crapaud de la Colorado River (ou Colorado River Toad en anglais), on le retrouve aux États-Unis dans l’extrême Sud-Est de la Californie, dans le Sud de l’Arizona et dans l’extrême Sud-Ouest du Nouveau-Mexique. Lorsqu’il se sent en danger, ce crapaud toxique sécrète un poison associé à des expériences psychédéliques intenses.

L’hallucinogène 5-MeO-DMT qu’il produit interagit avec un récepteur à la sérotonine appelé 5-HT1A. Après avoir examiné sa structure et modifié certains sites spécifiques, l’équipe a voulu évaluer le potentiel thérapeutique de cet agent dans le cadre de la dépression.

Droit au but

A ce stade de la recherche, l’essai clinique n’a pas été mené sur l’humain mais sur la souris. Sur une souris modélisant la dépression, le nouveau composé a montré les mêmes effets qu’un traitement au LSD et qu’un traitement à base d’antagonistes 5-HT1A déjà identifiés. Mais, différence notable, la molécule s’est montrée bien meilleure au moment d’atteindre son but dans le cerveau.

Comparé à la cible 5-HT12, sur laquelle portent déjà de nombreux travaux, le composé s’est montré 800 fois plus sélectif sur 5-HT1A. Cela signifie qu’il parvenait à toucher 800 fois mieux cette cible et qu’elle pourrait être une cible thérapeutique potentielle. Surtout, aucun effet hallucinogène n’a été rapporté, ce qui renforce son statut de possible candidat pour un traitement sur l’humain.

Grâce à ces travaux, les chercheurs espèrent réussir à dentifier quels psychédéliques parviennent le mieux à moduler les récepteurs dans le cerveau des mammifères. Cette nouvelle cible prometteuse pourrait faire l’objet d’une nouvelle classe de médicaments destinés aux troubles neuropsychiatriques. Il faudra, en attendant, réussir à démontrer que ces premiers résultats encourageants s’appliquent aussi aux humains.

Ce n’est pas la première fois qu’une substance hallucinogène est étudiée pour traiter les troubles dépressifs. Récemment, de nombreuses recherches ont porté sur l’apport des drogues psychédéliques comme le LSD.

Le principe actif des champignons hallucinogènes, la psilocybine, est également étudié. Si ces expériences ont montré des résultats intéressants, elles ont été réalisées dans un cadre clinique très strict ; l’auto-médication avec ce type de produits est formellement déconseillée.

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