Africa-Press – Madagascar. Les chats, des animaux solitaires et flegmatiques ? Indifférents aux autres et au monde qui l’entoure ? Ce n’est pas ce que démontre une étude américaine, parue le 18 octobre 2023 dans la revue Behavioral process.
Les chats possèdent 276 expressions faciales différentes !
Brittany Florkiewicz, une psychologue de l’évolution du département de psychologie du Lyon College dans l’Arkansas, et Lauren Scott, une étudiante en médecine de l’université du Kansas, se sont lancées dans l’analyse des interactions sociales de chats habitant dans le CatCafé Lounge de Los Angeles. Elles ont enregistré pas moins de 194 minutes de vidéos (filmant spécifiquement des comportements sociaux entre chats plutôt qu’entre humains et chats) puis les ont analysées à l’aide d’un logiciel spécialisé dans la détection des mouvements faciaux des chats : CatFACS. Y sont exclus tous les mouvements en lien avec la respiration, la mastication ou encore le bâillement.
Et voici leurs conclusions : les chats possèdent 276 expressions faciales différentes, toutes étant le résultat de combinaisons d’au moins 4 des 26 mouvements faciaux uniques (par exemple, des pupilles dilatées ou contractées, des clignements ou semi-clignements des yeux, des mâchoires détendues, des lèvres entrouvertes, etc.). “A titre de comparaison, les humains possèdent 44 mouvements faciaux uniques, mais on ne sait toujours pas combien de combinaisons peuvent être obtenues. Il en va de même pour les chiens qui en ont 27, mais dont le nombre d’expressions est inconnu”, affirme la psychologue Brittany Florkiewicz auprès de Sciences et Avenir.
Les chats domestiques sont plus sociables qu’avant
Les chercheuses ont pu catégoriser les expressions des chats en trois types : agressif, amical et intermédiaire. De manière surprenante, le type “amical” est le plus observé avec 45% d’expressions, suivi de près par le type “agressif” avec 37% puis le type “intermédiaire” avec 18%. “Nous avons observé une plus grande proportion d’expressions faciales dans le contexte amical que dans le contexte d’agression. Cela est probablement dû au fait que les chats sont en réalité plus tolérants socialement et plus enclins à former des liens qu’on ne le pensait, et ce, grâce à la domestication ! ” s’exclame la psychologue.
Il est également ressorti que les chats, au même titre que les chiens, les chimpanzés ou les humains, partageaient des expressions nommées “common face play “(“une expression de jeu commune” en français). “Les expressions de jeu sont très répandues dans le règne animal. Elles sont produites lorsque les animaux jouent entre eux et consistent à tirer les coins des lèvres vers l’arrière et à abaisser la mâchoire pour exposer les dents et la bouche. Les humains produisent également ce type de visage : les visages de rire ! Notre étude démontre la continuité de l’évolution : les expressions de jeu ont été préservées chez les chats, probablement en raison des interactions affiliatives (qui ont pour but de préserver ou de renforcer les liens entre les individus, ndlr) qui se produisent avec d’autres chats ! Et ces interactions affiliatives sont plus susceptibles de se produire chez les chats en raison de la domestication et de la coévolution”, raconte Brittany Florkiewicz.
Bien que le nombre d’expressions faciales soient importantes, un schéma global se dessine lorsqu’on tente de départager des interactions amicales ou agressives : “Lors d’interactions affectives, les chats avancent leurs oreilles et leurs moustaches vers l’autre chat tout en fermant les yeux. Lors d’interactions agressives, les chats reculent leurs oreilles, se lèchent les babines et rétrécissent leurs pupilles”, explique-t-elle.
En clair, cette étude permet aux humains de mieux comprendre leur animal domestique favori, qui se révèle plus complexe que ce à quoi les chercheuses s’attendaient. “Ces résultats sont utiles pour les personnes cherchant à adopter un autre chat ! Connaître les expressions faciales associées à l’amitié ou la méfiance peut aider les propriétaires d’animaux à évaluer la relation entre leurs chats”, conclut Brittany Florkiewicz.
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