Photovoltaïque : comment bien négocier son virage solaire

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Photovoltaïque : comment bien négocier son virage solaire
Photovoltaïque : comment bien négocier son virage solaire

Africa-Press – Madagascar. Ça y est, l’installation de panneaux solaires en France décolle enfin. En 2022, pour la première fois, le seuil de deux nouveaux gigawatts (GW) a été franchi. Jusque-là, notre pays était un très mauvais élève au sein de la classe du solaire, et la puissance installée ne dépasse toujours pas les 15 gigawatts (GW) – alors que l’objectif de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) était de 20 GW pour 2023.

Entre 2012 et 2019, le rythme annuel de croissance a été de 0,9 GW. Environ 450.000 particuliers ont équipé leurs toits, soit 4 % des logements à bon potentiel de production. C’est la 12e place en Europe. Pour atteindre l’objectif de 40 GW prévu dans la PPE 2023-2028, il faudrait désormais installer 4 GW par an. La loi d’accélération des énergies renouvelables que vient d’adopter le Parlement a effacé des obstacles administratifs, juridiques et réglementaires et va permettre de changer de rythme. Cette loi impose également d’équiper d’om-brières les parkings de plus de 1.500 m2 et les toits des bâtiments d’une surface de plus de 500 m2, soit une grande part des immeubles d’habitation, de bureaux et de PME.

“L’installation de panneaux solaires coûte 10.000 euros en moyenne par foyer et le retour sur investissement entre huit et dix ans était jusqu’ici dissuasif, note Arthur Jouannic, directeur du cabinet français LCP Delta, spécialisé dans la transition énergétique. Mais les brusques hausses du prix de l’électricité constatées en 2022 changent la donne. ” Une énergie de proximité dont le coût ne dépend pas de contingences lointaines et incontrôlables devient attirante.

Ainsi, la gestion de l’autoconsommation est-elle le principal poste d’investissements prévus par le distributeur d’électricité Enedis qui doit s’adapter à ces modifications profondes dans la façon de consommer le “courant”. “Avec la loi d’accélération des énergies renouvelables adoptée au Parlement en mars, ce contexte énergétique fait exploser la demande “, se réjouit Alexandre Roesch, délégué général du Syndicat des énergies renouvelables (SER). Les études de marché de LCP Delta prévoient une croissance de 11 % par an de toitures équipées d’ici à 2030, soit 1.586 000 logements équipés. Voici les règles à suivre pour bien réussir son virage énergétique.

Une bonne installation doit viser 100 % d’autoconsommation

Jusqu’en 2018, la règle était celle de la vente totale de l’électricité produite par ses panneaux solaires. Le tarif était fixe et garanti dans le temps. Mais l’investissement de départ (autour de 10.000 euros) était élevé, et les aides trop peu importantes pour assurer un retour sur investissement avant huit ans. Les panneaux photovoltaïques ont certes une durée de vie de quarante ans et ils effacent le bilan carbone de leur construction (même provenant de Chine) en trois ans seulement, mais ces arguments n’ont convaincu que les citoyens les plus motivés.

Aujourd’hui, tout a changé : la totalité des contrats de production signés se font désormais sur la base de l’autoconsommation. “C’est une vraie logique que de consommer soi-même son électricité plutôt que de la vendre, assure Alexandre Roesch. D’autant que les compteurs Linky permettent de bien faire la part entre ce qui vient du toit et ce qui est apporté par le réseau. ” Des chiffres à la lecture desquels il faut néanmoins être initié car deux notions sont parfois confondues.

Il y a d’abord le taux d’autoconsommation : c’est la part de la production qui est directement consommée dans la maison, le surplus étant vendu au réseau. Une bonne installation doit viser les 100 %. Le second chiffre important est le taux de couverture. Une installation type de 1 kilowatt-crête (kWc, puissance maximale dans les meilleures conditions d’ensoleillement), qui représente 5 à 6 m2 de surface de panneaux, produit entre 1200 et 1500 kilowattheures selon la région. Mais cette énergie est par définition intermittente. Le taux de couverture représente la part d’électricité photovoltaïque par rapport aux besoins annuels du foyer sur l’année. Selon l’orientation de la maison, la productivité des panneaux, la surface photovoltaïque, il est compris entre 15 et 30 %.

Comment se lancer ? Il existe aujourd’hui des kits photovoltaïques que l’on branche tout simplement à une prise de courant du logement. Ces matériels comprennent le ou les panneaux, les micro-onduleurs qui transforment le courant continu en courant alternatif et les câbles de connexion. Ils sont homologués par les pouvoirs publics selon des critères techniques stricts.

Ainsi, la tension en courant continu des modules photovoltaïques doit être inférieure à 120 volts, qui représentent la limite haute de la très basse tension qui équipe les logements (lesquels sont en 220 volts en courant alternatif). Le matériel doit être branché à une prise de terre. Le SER et l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) viennent de publier un guide répertoriant toutes les consignes techniques à respecter. Les coûts d’achat et d’installation de base sont inférieurs à 2000 euros. Ces matériels sont en vente dans les chaînes de magasins de bricolage. L’installation nécessite l’intervention d’un professionnel.

Il faut changer ses habitudes de consommation

Comment bien déterminer la dimension de son installation ? Il faut d’abord étudier la puissance de ses appareils et ses habitudes de consommation au cours de la journée et selon les saisons et établir ainsi sa “courbe de charge”. Pour les logements équipés d’un compteur Linky, l’information est accessible sur le compte client d’Enedis. Ces données permettent de faire la différence entre le “talon” et les autres usages électriques.

Le “talon”, c’est la consommation incompressible des appareils toujours allumés : VMC, réfrigérateur, congélateur. La connaître permet de choisir la part des besoins qui seront couverts par l’autoconsommation. En moyenne, il faut compter 1 kWc. Entre 1 et 3 kWc, on peut étendre l’autoconsommation à d’autres usages comme le cumulus, la machine à laver, la climatisation. Attention, le chauffage électrique ne doit pas entrer en ligne de compte car il risquerait de surdimensionner l’installation, la rendant trop puissante l’été alors que l’hiver le solaire est moins productif. Selon l’Ademe, il faut prévoir un investissement de 2500 à 2800 euros pour 1 kWc posé, près de 8500 euros pour 3 kWc.

Pour optimiser l’autoconsommation, il faut ensuite changer ses habitudes et oublier le réflexe “heures creuses” de la nuit. L’usage des appareils électriques doit en effet coïncider avec l’ensoleillement. Il faut donc programmer les appareils au milieu de la journée quand le soleil est au zénith, profiter de ces heures pour charger les batteries des téléphones, ordinateurs, etc. et passer l’aspirateur. Le plus simple est d’installer des outils de domotique conçus pour aider à la gestion des appareils.

Partager la production entre voisins, une pratique croissante

Ensuite, il est possible d’envisager l’autoconsommation de façon collective en partageant la production solaire entre voisins. La première communauté énergétique française a été créée en mars 2020 sur l’île d’Yeu (Vendée). Elle réunit cinq producteurs qui ont installé sur le toit de leurs maisons 64 panneaux photovoltaïques. La production est partagée entre 23 foyers du même lotissement.

À l’initiative de l’expérience, Engie a constaté après trois ans de fonctionnement un taux d’autoconsommation de 96 % et un taux de couverture de 19 %, ce qui a permis de réduire les factures de 40 % pour les producteurs et de 15 % pour les acheteurs puisque l’électricité fournie par le voisin est moins chère que celle d’EDF. Engie a abandonné la gestion de la boucle énergétique aux producteurs qui sont désormais indépendants.

“L’intention est évidemment d’accroître la taille de la boucle d’autoconsommation collective en y intégrant de nouveaux membres, ambitionne Michel Bourgery, adjoint au maire de l’île d’Yeu. Forte également de l’expérience acquise sur ce projet, la mairie est à même de répliquer le concept aussi bien pour des groupes d’habitants intéressés que pour ses besoins propres, favorisant ainsi la production d’énergie décarbonée et solidaire à un prix qui n’est pas soumis à la volatilité des marchés. ”

Cette approche collective commence à se répandre en France, à l’échelle de la commune. “En 2022, cela a été une véritable explosion en corrélation avec les tensions sur le marché de l’énergie, savoure Vianney de l’Estang, président de Smart Energies, une entreprise spécialisée dans les toitures solaires. Et l’obligation désormais d’équiper les bâtiments de plus de 500 m2 de toiture va encore accélérer les projets. ” À la suite de l’île d’Yeu, ce sont environ 150 projets qui ont été réalisés et plus de 200 sont en attente d’enregistrement par Enedis, le distributeur basse tension étant chargé de mesurer les flux entrants et sortants d’électricité de ces coopératives d’un nouveau genre.

Des modes de gestion de plus en plus variés

Les configurations sont de plus en plus diverses. Spécialiste de gestion de ces réseaux, Rémi Bastien, directeur général d’Enogrid, distingue trois catégories. “L’autoconsommation patrimoniale est le fait de collectivités qui relient entre eux des bâtiments communaux pour réduire les factures. L’autoconsommation collective ouverte réunit des acteurs différents qui sont voisins, comme des entreprises sur une zone d’activité ou un supermarché qui distribue l’électricité quand il est fermé. Et enfin, avec l’autoconsommation sociale, un bailleur de HLM donne gratuitement l’électricité pour faire baisser les charges des locataires. ”

Il y a deux cas de figure. Soit le porteur de projet garde la main sur la gestion de l’installation, soit il la délègue à une société dont c’est le métier. Sur ce secteur, on trouve aussi bien des multinationales comme Engie ou EDF énergies renouvelables que des start-up comme Enogrid ou Smart Energies.

La loi sur l’accélération des énergies renouvelables a simplifié les démarches administratives et Enedis a créé un guichet réservé à la gestion de ces projets. Mais il faut formaliser par contrat les relations entre les autoconsommateurs et gérer au jour le jour les flux d’énergie. C’est le travail d’Enogrid qui invente ainsi une nouvelle activité en créant des logiciels permettant une exploitation fluide de structures qui à l’avenir compteront des centaines de participants.

Source: Sciences et Avenir

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