Pourquoi sommes-nous de plus en plus allergiques ?

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Pourquoi sommes-nous de plus en plus allergiques ?
Pourquoi sommes-nous de plus en plus allergiques ?

Africa-Press – Madagascar. La fréquence et la gravité des allergies est en augmentation constante ces dernières années, bien que leur impact reste souvent sous-estimé : en France, presque une personne sur deux considère qu’une allergie n’est pas une maladie. Pourtant, celles-ci peuvent impacter lourdement la qualité de vie et dans certains cas engager le pronostic vital. Elles représentent ainsi un véritable enjeu, et nécessitent d’être à la fois mieux comprises, anticipées et prises en charge. Un défi de taille, qui nécessite de repenser le système de santé afin de permettre une prise en charge des malades plus adaptée, aussi bien sur l’aspect préventif que curatif.

De plus en plus d’allergies alimentaires

Lait, œufs, gluten, poissons, soja, fruits à coques… Peut-être surveillez-vous la présence de ces allergènes dans vos aliments lorsque vous faites vos courses, ou quand vous choisissez un plat sur la carte du restaurant. Peut-être aussi que les denrées alimentaires auxquelles vous êtes allergique ne figurent pas parmi les 14 produits habituellement cités. Pourtant, ces dernières années, les allergies alimentaires ont tendance à augmenter et à se diversifier : lait de chèvre, sarrasin, sésame, pois, lentilles ou encore kiwis sont des allergènes de plus en plus fréquents alors qu’ils sont courants dans notre alimentation. En 20 ans, le nombre de chocs anaphylactiques (réactions généralisées potentiellement mortelles de l’organisme face à un allergène) a été multiplié par quatre. Autant de raisons pour lesquelles les professionnels de santé demandent à ce que ces nouveaux allergènes soient obligatoirement signalés sur les emballages de produits qui en contiennent, en plus des 14 autres déjà obligatoires. Ces émergences nécessitent une adaptation qui passe notamment par la réévaluation des normes actuelles.

Il existe plusieurs causes à ces allergies émergentes, bien que les mécanismes à leur origine représentent encore un vaste terrain d’étude auprès des chercheurs. Aliments ultra-transformés, alimentation insuffisamment variée, tabagisme passif ou encore mode de vie occidental peuvent jouer un rôle dans le développement des allergies. En effet, le fait de vivre dans des milieux toujours plus propres fait que les enfants sont moins confrontés à des bactéries et virus qui pourraient renforcer leur système immunitaire et leur microbiote intestinal.

Des allergies en hausse et un environnement qui se dégrade

La qualité de l’environnement extérieur et intérieur ont une grande influence sur les allergies. En intérieur, l’exposition aux moisissures, aux polluants chimiques comme ceux présents dans certaines peintures, ou aux acariens, contribue au développement de l’asthme et en aggrave les symptômes. L’air intérieur est 5 à 10 fois plus pollué que l’air extérieur, alors que nous y passons plus de 80% de notre temps. Il existe plusieurs astuces pour prendre soin de son espace, comme aérer son logement quotidiennement.

Les émissions de dioxyde de carbone (CO2) jouent aussi un rôle dans le développement des allergies, notamment de l’asthme. Une étude publiée en 2022 a montré que le trafic automobile était responsable de 2 millions de cas d’asthme chaque année chez les enfants, à cause du CO2 et du dioxyde d’azote (NO2) notamment émis par les véhicules diesels. Les Zones à Faibles Émissions (ZFE) font partie des solutions mises en places dans certaines villes de France afin de limiter ces rejets et de réduire le nombre de décès et de maladies liés à la pollution atmosphérique.

A cause des températures toujours plus élevées et des émissions de CO2 qui peinent à baisser, des arbres et plantes opportunistes produisant du pollen allergène peuvent se développer plus facilement. Dans les années à venir, la saison des pollens deviendra sans doute plus longue et plus intense. Selon une étude publiée en 2022 dans Nature Communications, d’ici la fin du siècle, la quantité de pollen produite pourrait augmenter de 40%.

Prendre en charge la moitié de la population

A ce jour, le diagnostic allergique est encore un processus long et difficile. L’errance thérapeutique fait qu’il faut en moyenne 7 ans pour qu’un patient consulte un allergologue, temps pendant lequel les maladies ont le temps de se développer et de s’aggraver.

« Il m’a fallu 10 ans pour que mon asthme sévère soit identifié et bien pris en charge, témoignait Dorian Cherioux, vice-président du collège patients de l’association Asthme & Allergies, lors du colloque « Demain, tous allergiques ? Agir pour prévenir » organisé le 9 mars 2023 au ministère de la Santé. J’accepte aujourd’hui ma maladie chronique ; je regrette juste que mon médecin généraliste ne l’ait pas détectée plus tôt parce qu’il ne connaissait pas les traitements de désensibilisation ; de mon côté, j’ai probablement voulu minimiser la maladie au départ. »

Du côté de la prise en charge, alors que le nombre de patients allergiques continue d’augmenter et devrait concerner la moitié de la population d’ici une trentaine d’années, le nombre de médecins allergologues continue de baisser. A ce jour, moins de 30 allergologues par an sont formés en France, pour 80 départs à la retraite. Bien que des efforts aient été faits ces dernières années pour rendre ces filières attractives, nous sommes encore loin de pouvoir répondre au défi posé par les allergies. Non seulement, on compte en France un praticien pour environ 66 000 personnes, mais en plus ceux-ci sont répartis inéquitablement autour du territoire et certains départements n’ont pas de praticien dans cette spécialité. Aujourd’hui, il faut en moyenne un an pour obtenir un rendez-vous chez un allergologue.

De nombreuses pistes sont actuellement étudiées pour pallier ces problèmes : rendre les filières d’allergologie plus attractives, proposer des formations plus appropriées ou encore encourager les téléconsultations afin d’améliorer la prise en charge des patients. « Il est urgent de mettre en place des formations, de nouvelles structures dédiées, mais aussi de déployer des actions de prévention et de lutte contre les allergènes et les sources d’allergies. Des actions qui auront également à cœur de proposer les mêmes parcours de prévention, de diagnostic et de traitement partout en France », expliquait le professeur Frédéric de Blay, pneumologue et chef du pôle de pathologies thoraciques au CHU De Strasbourg, dans un communiqué.

Des traitements parfois coûteux

Mais le parcours du combattant ne s’achève pas là : trouver un traitement adapté à sa situation n’est pas toujours évident, et les coûts des médicaments varient. Alors que les antihistaminiques ou les corticoïdes sont remboursés par l’assurance maladie, ce n’est pas le cas pour les traitements des formes d’allergie les plus graves : les Allergènes Préparés Spécialement pour un seul Individu (APSI) qui étaient remboursés à 65% ne le sont plus qu’à 30% depuis 2018 et les allergènes injectables ont été entièrement déremboursés. A l’époque, cela avait suscité de nombreuses réactions de la part des médecins et associations de patients, qui dénonçaient une perte de chance pour de nombreux patients ainsi qu’une inégalité d’accès aux soins. Pour les comprimés sublinguaux, le remboursement se fait à hauteur de 15%. La Haute Autorité de Santé devrait réévaluer cette décision en 2023.

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