Africa-Press – Madagascar. A quelque 636 années-lumière de la Terre, dans la constellation des Poissons, l’exoplanète WASP-76b orbite autour d’une étoile un peu plus grosse et lumineuse que le Soleil. C’est une géante gazeuse de la masse de Jupiter mais environ deux fois plus grosse que cette dernière. Cette inflation de taille est due au fait que la planète est très proche de son étoile dont elle fait le tour en 1,8 jour ; elle est en quelque sorte “gonflée” par le flux de radiation qu’elle reçoit. Cette exoplanète a été découverte en 2013 et fait, depuis, l’objet de maintes attentions, si bien qu’elle a acquis une certaine célébrité dans la communauté astronomique et aussi dans le grand public.
WASP-76b, une exoplanète qui connait un jour éternel
Car une des caractéristiques de WASP-76b est sa dichotomie. Elle est située tellement près de son étoile que la planète ne tourne plus sur elle-même: elle est verrouillée par les forces de marée et elle montre perpétuellement la même face à celle-ci qui connaît donc un jour éternel tandis que l’autre côté est plongé dans une obscurité tout aussi durable.
Si bien que du côté jour, il règne une température de 2400 degrés Celsius. Des éléments qui formeraient des roches sur Terre y fondent et s’évaporent, avant de se condenser sur la face nocturne, légèrement plus froide, créant des nuages de fer qui dégoulinent en pluie de fer, comme ont pu le mettre en évidence les astronomes de l’Université de Genève avec l’instrument NESPRESSO, installé sur le Very Large Telescope (VLT).
Après cette découverte, d’autres chercheurs de l’Université de Genève ont utilisé le télescope spatial CHEOPS (CHaracterising ExOPlanets Satellite) pour continuer à observer WASP-76b et se sont intéressés à une autre particularité de cette géante: l’asymétrie entre les deux terminateurs de la planète. Le terminateur étant cette ligne imaginaire qui sépare le coté jour du coté nuit d’une planète. Dans le cas de WASP-76b, les observations montrent une augmentation de la quantité de lumière pour le terminateur à l’est de la planète par rapport à celui qui se trouve à l’ouest.
Un arc-en-ciel causé par des particules de fer
Pour comprendre ce phénomène, les astrophysiciens ont réalisé 23 observations de WASP-76b avec CHEOPS durant une période de trois années. Leurs conclusions, publiées dans un article paru dans la revue Astronomy & Astrophysics, indiquent que l’excès de lumière du terminateur est pourrait être dû à un phénomène lumineux semblable à un arc-en-ciel que les spécialistes appellent un “effet de gloire”. Il s’agit d’un phénomène optique en forme d’ellipse qui arbore les mêmes couleurs que le traditionnel arc lumineux. Selon les auteurs de l’étude, “l’effet de gloire se produit quand la lumière est réfléchie par des nuages constitués d’une substance parfaitement uniforme. Dans le cas de la Terre, le nuage est composé de gouttelettes d’eau”.
Dans le cas de WASP-76b, ce n’est bien sûr pas de l’eau qui cause ce phénomène mais ce pourrait être des particules de fer parfaitement sphériques réunies sous forme de nuages. Ce n’est pas impossible, vu que ce métal a déjà été détecté dans l’atmosphère de la géante. Néanmoins, d’autres conditions sont aussi nécessaires, notamment une grande stabilité de ces nuages.
Aussi, d’autres observations devront être conduites, en particulier avec le télescope James Webb qui devra confirmer cet excès de lumière et son explication. Si tel était le cas, cela voudrait dire que depuis la Terre, les instruments dont disposent les astrophysiciens sont capables de déduire la présence de particules de quelques millimètres de diamètre… sur des planètes situées à des centaines d’années-lumière !
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