Comment le Mali essaye à nouveau de séduire les marchés

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Comment le Mali essaye à nouveau de séduire les marchés
Comment le Mali essaye à nouveau de séduire les marchés

Par Nadoun Coulibaly

Africa-Press – Mali. En sollicitant les marchés financiers pour lever 100 milliards de F CFA, Bamako met les bouchées doubles pour attirer les investisseurs régionaux. Explications.

Pour attirer les investisseurs dans un marché financier de plus en plus sollicité par les États de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa), Bamako n’a pas hésité à proposer une batterie de facilités pour sa nouvelle émission obligataire.

La souscription, lancée le 3 juillet et d’un montant de 100 milliards F CFA (15 millions d’euros), est ouverte jusqu’au 14 juillet prochain. Selon l’État malien, cette émission obligataire « vise à lever des ressources pour financer des infrastructures de développement prévues dans le budget 2023 ».

Garantie souveraine

L’opération bénéficie tout d’abord de la garantie souveraine de l’État. Les emprunts sont sécurisés par un compte d’amortissement (compte séquestre), qui sera ouvert par le Trésor public malien dans les livres de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).

Ensuite, les emprunts sont sécurisés par un compte d’amortissement, qui sera ouvert au nom du Trésor public du Mali dans les livres de la BCEAO. « Ce compte sera approvisionné avec des ressources (fiscales et non fiscales) nécessaires au paiement des échéances, indique l’État malien. À chaque échéance, la BCEAO débitera le compte séquestre du montant de l’échéance pour mettre les fonds à la disposition du Dépositaire Centrale/Banque de Règlement (DC/BR) qui procède au règlement des différents détenteurs des titres à travers les SGI ».

Dénommé « Emprunt obligataire par appel à l’épargne publique sur la période 2023-2030 », l’opération, arrangée par SGI Mali, intermédiaire boursier à la BRVM, consiste en l’émission de « 10 millions d’obligations d’une valeur nominale de 10 000 F CFA chacune, payable par obligations en une seule fois ». Elle est rémunérée au taux d’intérêt de 6,5 % pour une maturité de sept ans avec trois ans de différé.

« Ce recours au marché financier régional confirme la capacité des autorités maliennes à faire usage des instruments de mobilisation des ressources financières », analyse Constantin Dabiré, ancien conseiller spécial et patron de SA2IF, une société d’intermédiation boursière basée à Ouagadougou. Mais, cette opération, avertit l’ancien cadre de la Banque ouest-africaine de développement, « constitue un challenge que le pays devra relever au regard de son expérience en la matière et surtout des récentes performances économiques ».

Une dette publique sous contrôle

En 2023, Bamako ambitionne de lever 1 409 milliards de F CFA pour le financement d’infrastructures de développement prévues au budget 2023 de l’État et couvrir les besoins ponctuels de trésorerie de l’État. Ce montant, qui sera émis à travers 27 émissions de titres publics et 50 milliards de bons infra-annuels, est réparti entre les obligations de Trésor (1 200 milliards de F CFA) et le reliquat, soit 209 milliards de F CFA réservés aux bons de Trésor.

Bamako vise enfin deux emprunts obligataires pour une somme totale de 300 milliards de F CFA dont une partie, soit 120 milliards de F CFA, a été mobilisée en mai. À la fin de 2022, l’encours de la dette publique à moyen et long terme est estimé à 5 860,4 milliards de F CFA. Celle-ci est détenue principalement à 56,2 % par des créanciers étrangers. L’encours de la dette s’est ainsi établi à près de 54% du produit intérieur brut (PIB), largement en deçà des injonctions communautaires.

Effets dévastateurs de l’embargo

Après avoir surmonté les effets dévastateurs de l’embargo imposé par les instances régionales, l’économie malienne a cru de 3,7 % en 2022, en recul de 1,3 points comparé aux projections initiale de Bamako. Dans le sillage de la reprise de l’activité économique, les autorités espèrent atteindre un taux moyen de 5,1 % à partir de cette année.

Alors que le référentiel national en matière de développement, le Cadre stratégique de relance économique et de développement (Credd 2019-2023), arrive à terme, Bamako peaufine un nouveau cadre qui fixera la vision du développement jusqu’en 2028, tout en tenant compte des aspirations formulées lors des assises nationales de la refondation. Parmi les principales priorités, figurent la promotion d’un secteur agricole durable, le développement d’une industrie intégrée, ainsi que la diversification de l’économie pour une croissance forte et inclusive.

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