Africa-Press – Mali. L’adoption d’un projet de loi abrogeant les protections fondamentales de la participation politique par le Conseil des ministres et la signature d’un décret suspendant les activités des partis politiques jusqu’à nouvel ordre au Mali constituent une violation directe des droits humains fondamentaux, a averti jeudi un groupe d’experts indépendants de l’ONU.
« Ce décret suspendant les activités politiques doit être immédiatement abrogé. De plus, s’il est adopté, le projet de loi du 30 avril mettra le Mali en contravention avec ses obligations en matière de droits humains, notamment en ce qui concerne les libertés d’association et d’expression », ont souligné ces experts des droits de l’homme dans un communiqué conjoint.
Le gouvernement du Mali a fait valoir que l’abrogation des lois existantes ne remettait pas en cause l’existence des partis politiques et que le gouvernement cherchait seulement à « mettre fin à la prolifération des partis politiques » dans le pays, souligne l’ONU.
Cependant, les experts ont souligné que la prolifération des partis est plus facile à réduire avec des règles électorales légitimes, y compris celles qui subordonnent l’enregistrement à des résultats électoraux antérieurs. « Au lieu de cela, le projet de loi récemment adopté conditionnera l’enregistrement d’un parti et les candidatures à des dépôts financiers onéreux, limitant le droit à la participation politique aux secteurs à forte capacité économique », ont-ils averti.
« Le gouvernement affirme qu’il s’agit de propositions directes issues des dialogues nationaux: les Assises Nationales de la Refondation de 2021 et les consultations sur la révision de la Charte des Partis Politiques d’avril 2025. Cependant, aucune consultation véritable n’est possible dans le climat actuel de suppression de l’espace civique, où les opposants et les journalistes indépendants ont des raisons de craindre que la liberté d’expression soit sanctionnée », ont déclaré les experts.
Plusieurs partis politiques ont boycotté les consultations d’avril 2025 parce qu’ils craignaient, à juste titre, que les autorités maliennes de transition n’utilisent le processus comme un outil pour dissoudre les partis politiques ou interdire leurs activités, rappelle l’ONU.
Le Collectif des partis politiques pour la Constitution a annoncé, jeudi soir, le report à une très prochaine date du meeting initialement prévu pour ce vendredi 9 mai à Bamako pour exiger des autorités de la transition le respect de la constitution, du multipartisme et l’annulation du décret présidentiel portant suspension de leurs activités.
Par voie de communiqué, le collectif indique que ce report s’explique par « des manœuvres corroborées, entre autres, par les multiples appels à la violence, les menaces et les insultes proférés sur les réseaux sociaux par deux membres du Conseil national de transition (CNT) qui, par lâcheté, se sont finalement cachés, la diffusion sur les mêmes réseaux d’une fausse demande antidatée pour la tenue d’un autre rassemblement, aux mêmes heure et lieu que le leur, attribuée à des inconnus se faisant appeler « Jeunes leaders ».
Le président de la transition du Mali, le général d’armée Assimi Goïta, avait décidé, mercredi, de suspendre « jusqu’à nouvel ordre » les activités des partis politiques et des associations à caractère politique et de toutes les organisations à caractère politique sur toute l’étendue du territoire, selon un décret présidentiel lu à la télévision nationale.
« Sont suspendues jusqu’à nouvel ordre pour raisons d’ordre public les activités des partis politiques et les activités à caractère politique des associations sur toute l’étendue du territoire national », a-t-on annoncé dans le décret.
Le Collectif des partis politiques pour la constitution (regroupant une centaine de partis et de mouvements politiques maliens) a annoncé, jeudi, avoir engagé une procédure judiciaire en urgence pour exiger l’annulation du décret présidentiel portant suspension de ses activités, selon un communiqué dont Anadolu a reçu une copie.
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