Africa-Press – Mali. Les autorités maliennes ont décidé depuis le 15 août courant d’interdire l’importation, la distribution, la vente et l’usage du narguilé appelé la « chicha » ou tout appareil similaire sur toute l’étendue du territoire national.
Par voie d’arrêté interministériel, le gouvernement de la transition a déclaré : « Il est interdit l’importation, la distribution, la vente et l’usage de la chicha (narguilé) ou tout autre appareil similaire sur toute l’étendue du territoire national » ajoutant que « toute personne qui se rend coupable de la production ou de la commercialisation de la chicha est punie d’un emprisonnement de 1 à 10 jours et d’une amende de 300 à 18 000 F CFA ».
Une décision dénoncée par des vendeurs et des consommateurs à Bamako
Mohamed Aly Ag Mohamed vendeur grossiste du narguilé à Bacodjicoroni un quartier de Bamako, a déclaré à l’Agence Anadolu que « cette décision des autorités va créer beaucoup de problèmes dont le chômage, parce que la vente de la Chicha est devenue aujourd’hui, une activité génératrice de revenus pour beaucoup de jeunes. J’emploie plus de cinq personnes. Dans les boîtes de nuit, il y a plus de 1000 emplois uniquement dans la vente de cette marchandise ».
Il indique en outre : « Nous avons investi, il y a quelques semaines plus de 3 milliards de franc CFA dans ce produit. Donc cette interdiction brusque aura des conséquences incalculables sur notre chiffre d’affaires. Que deviendront ces jeunes employés et l’argent déjà injecté dans le produit ? Nous fournissons du narguilé aux restaurants, aux petits revendeurs, aux stations, mais aussi aux capitales régionales ».
« Nous avons été choqués en apprenant la nouvelle, on pensait qu’au moins on allait être prévenu en avance pour qu’on puisse se préparer. Nous n’avons plus le choix, c’est la décision du gouvernement nous prenons acte et acceptons. Cependant, nous souhaitons que l’État proroge le délai », a déclaré à l’Agence Anadolu un autre revendeur qui a préféré garder l’anonymat.
De son côté, Tidiane Traoré un revendeur du narguilé, explique » que la loi voudrait qu’on alerte d’abord les revendeurs afin qu’ils écoulent leurs marchandises sur le marché avant la mise en œuvre de la décision. Par ce que nous avons investi des millions dans ces marchandises. La vente de la Chicha est un plat en or qui rapporte beaucoup plus que la vente de la nourriture dans les restaurants ».
Certains consommateurs que nous avons rencontrés dans un « chicha club » ont également désapprouvé la décision des autorités d’interdire la consommation, la vente et l’importation de narguilés.
» En interdisant la vente de la chicha et son importation, l’Etat doit également interdire la cigarette qui nuit à la santé, dont le pays dispose d’une usine de fabrication sans oublier l’alcool, la drogue. Pourquoi et pour quelle raison interdire la consommation ? Je pense qu’on pouvait juste l’interdire dans les rues », regrette un jeune de Bamako.
Une décision salutaire explique l’économiste, Lamine Keita, affirmant que « l’économie est l’échange des biens et services pour satisfaire les différents besoins de l’homme sur le territoire. Cela dit, l’économie aussi doit également veiller à la santé des populations. Il y a des produits nuisibles à santé, la loi doit réglementer la mise à disposition de tel produit sur le marché ».
« Limiter ces produits ou interdire l’accès est une façon de protéger la santé publique. Il faut que la population soit en bonne santé pour pouvoir produire efficacement et être compétitive sur le plan national et international. Une population droguée est difficilement compétitive », a souligné la même source, affirmant qu’ « une meilleure façon de faire aurait été de consulter de manière graduelle à envisager des étapes pour la suppression au Mali. Ça allait permettre entre-temps à ceux qui ont investi de trouver des moyens de se désengager de ce produit ».
Le souci sanitaire avant tout
Dr Modibo Doumbia, Président du Conseil régional de l’Ordre des Médecins de Bamako souligne que « la consommation du narguilé a des conséquences néfastes sur la santé de la population en général qu’ils soient fumeurs ou non-fumeurs. La consommation peut avoir des effets sur le système de santé, la pollution atmosphérique ».
Et d’ajouter : « la consommation de la chicha est responsable des cancers de bouche, de l’estomac, de l’œsophage et broncho pulmonaire. Elle est aussi responsable d’attaques cardiaques et cérébrales ».
« Une récente thèse élaboré à la faculté de médecine a montré que 80 % des jeunes dont la tranche d’âge varie entre 17 à 25 ans consomment de la chicha dans certaines communes de Bamako. Et cette tranche d’âge est la population juvénile, si une population juvénile s’adonne à la consommation de drogue cela menace la santé publique », a déclaré Doumbia.
L’interdiction de la chicha au Mali, une initiative par l’Office Central de lutte contre les stupéfiants
Colonel Fousseyni Keïta directeur de l’Office Central de lutte contre les Stupéfiants affirme que « la chicha était à l’origine destinée à la consommation du tabac, mais aujourd’hui, cette consommation est détournée en servant de moyen de consommation de produits stupéfiants, tels que le tramadol, le haschich. C’est pourquoi nous avons saisi le ministère de la Sécurité afin d’interdire la consommation de la chicha ».
«La délinquance a augmenté ces derniers temps et c’est, en grande partie, dû à cette consommation de produits stupéfiants. Laisser la jeunesse dans la dépravation où interdire la consommation de produit stupéfiant. Il faut faire un choix. Le choix, c’est aller dans le sens de l’intérêt général qui est de protéger la jeunesse », a expliqué la même source.
Colonel Keïta rappelle que « l’arrêté interministériel a donné un délai de grâce de six mois à la population pour se conformer à cet arrêté signé le 15 août 2022 qui prend fin le 15 février 2023. À partir du 15 février 2023, les mesures de l’arrêté seront appliquées rigoureusement », ajoutant que Bamako dispose d’une trentaine de Chicha club.
Pour rappel, l’Office central de lutte contre les Stupéfiants est chargé d’assurer la coordination de l’action préventive et répressive contre le trafic illicite de drogues.
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INTERDICTION DE LA CHICHA.
LA LISTAB FÉLICITE LE GOUVERNEMENT DU MALI
Le gouvernement de la République du Mali dans le cadre de la lutte contre le tabagisme en Afrique vient de prendre une très importante décision en interdisant l’importation, la distribution, la vente et l’usage de la chicha dans tout le pays.
Selon l’arrêté, « toute personne qui se rend coupable de la production ou l’importation de la chicha ou tout autre appareil similaire, est punie d’un emprisonnement de 1 à 10 jours et d’une amende de 300 à 18 000 francs F CFA», et que toute personne reconnue « coupable de la commercialisation de la chicha ou tout autre appareil est punie d’une amende de 300 à 10 000 francs CFA ». , et que tout individu qui se rend coupable de l’usage de la chicha ou tout autre appareil est puni d’un emprisonnement de 1 à 10 jours et d’une amende de 300 à 10 000 francs CFA.
Cette décision va dans sens du respect de la Convention Cadre de la Lutte Contre le Tabac de l’OMS CCLAT, que les pays qui l’ont ratifie sont tenue de respecter.
Nous tenons publiquement et solennellement à féliciter les autorités maliennes pour cette décision de hautes portées qui va dans le sens de la préservation de la santé des populations maliennes et africaines.
Nous savons tous que la jeunesse africaine est fortement menacée par l’industrie du tabac et ses produits meurtriers.
Il y’a quelques jours nous avons interpellé le gouvernement du Sénégal pour lui rappeler que malgré d’énormes efforts consentis et des résultats obtenus grâce à l’engagement des véritables acteurs, la lutte contre le tabagisme continue de rencontrer des obstacles du fait tout simplement de la situation incompréhensible à laquelle la lutte contre le tabac est confronté dans notre pays.
Nous lui rappelions que certains textes règlementaires qui doivent régir et renforcer les dispositions juridiques et complémentaires de la loi contre le tabac manquent d’être concrétisés sans que personne ne puisse nous fournir des explications sur les points suivants :
Le Décret sur les Débits de tabac.
Depuis trois longues années nous courrons derrière le projet de décret relatif aux modalités, conditions de retrait et de délivrance de l’autorisation d’ouverture et de fermeture d’un débit de tabac qui est dans le circuit administratif entre le Ministère de la Santé et de l’Action Sociale MSAS et le Se¬crétariat Général du Gouvernement.
L’arrêté sur la Chicha.
et l’arrêté portant interdiction de l’importation, de la distribution, de la vente et de l’usage de la Chicha ou narguilé déjà signé par les Ministres de la Santé et celui du Commerce depuis plus trois ans qui attend nous dit-on juste une numérotation pour entrer en vigueur.
400 bars à chicha à Dakar.
Retenez plus de 400 bars à chicha sont enregistrés à Dakar un moyen qui pousse les jeunes âgés entre 10 et 18 ans de s’adonner au vapotage au vu et au sus de tous.
Nous attirons l’attention du Président Macky Sall , et de la nouvelle Ministre de la Santé Docteur Marie Khémesse Ngom Ndiaye sur la situation de NON-APPLICATION de la loi Anti-Tabac du Sénégal votée depuis le 14 Mars 2014.
La situation de la lutte contre le tabac au Sénégal mérite un traitement urgent et direct du Chef de l’État, et nous profitons de cette tribune pour solliciter publiquement l’intervention du Président Macky Sall.
Coût annuel du tabagisme au Sénégal.
Au Sénégal, le coût annuel du tabagisme est estimé à près de 122 milliards de FCFA, dont 74 milliards rien que pour les dépenses de soins de santé liés au tabagisme (coûts directs).
Les ménages supportent 71 milliards des coûts par an et l’Etat dépense, et 51 milliards pour le traitement des patients souffrant des maladies liées à la consommation des produits du tabac.
Les pertes de revenus dues à l’absentéisme des patients et leurs accompagnants au travail et celles liées au décès des patients avant la retraite s’élèvent à 48 milliards de FCFA.
Le traitement des maladies non transmissibles imputables à la consommation des produits du tabac absorbe 17% du budget que le Sénégal alloue annuellement au secteur de la santé.
Et les dépenses directes sont de 74 milliards de FCFA, se répartissant entre les dépenses directes médicales (69 milliards de FCFA) et celles non médicales (5 milliards de FCFA).
Au Sénégal les jeunes et les enfants sont encore très exposés au tabac.
La preuve est l’enquête du GYTS, environ 13 % des jeunes sénégalais sont exposés au tabagisme secondaire chez eux, et plus de 25 % à l’intérieur des lieux publics.
Une enquête épidémiologique des autorités sanitaires nationales montre que l’âge d’initiation au tabagisme est tombé à 7 ans, contre 10 ans en 2013.
Nous alertons encore une fois sur les risques que la présence du tabac fait peser sur nos pays , nos économies , nos populations dont les franges les plus ciblées sont les femmes , les jeunes et surtout les enfants qui sont particulièrement fragiles et sensibles aux produits du tabac.
En Afrique les enfants sont aussi exposés que les adultes au tabagisme sinon plus, et ils ne disposent d’aucune protection.
Si des mesures immédiates ne sont pas prises, nos populations subiront l’aggravation de maladies liées au tabac comme la tuberculose, et certaines maladies non transmissibles (MNT) (comme le cancer, les maladies cardiovasculaires, respiratoires et le diabète)
Amadou Moustapha GAYE.
Président de la Ligue Sénégalaise Contre le Tabac LISTAB.