4% de la population est génétiquement à risque de maladies que la médecine sait déjà prévenir ou soigner

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4% de la population est génétiquement à risque de maladies que la médecine sait déjà prévenir ou soigner
4% de la population est génétiquement à risque de maladies que la médecine sait déjà prévenir ou soigner

Africa-Press – Mali. Certaines mutations sont des guillotines qui pendent au-dessus du cou des gens”, résume le neurologue Kari Stefansson. A la tête de la société deCODE, récemment acquise par le laboratoire pharmaceutique Amgen, il co-signe une étude venant couronner 27 ans de travail sur la génétique de la population islandaise, publiée dans le prestigieux New England Journal of Medicine.

Elle révèle 4% de porteurs de mutations génétiques augmentant le risque de maladies pour lesquelles il existe des mesures de prévention ou de soin. Un risque associé à une diminution médiane de l’espérance de vie de trois ans, constituant un argument en faveur d’un dépistage génétique précoce de la population et la mise en place d’une politique de prévention adaptée.

Les gènes “actionnables”, dont les mutations appellent à l’action

Du fait de son isolement géographique, l’Islande et ses 350.000 habitants sont relativement homogènes génétiquement parlant, en faisant une population idéale pour les études génétiques, explique la Pr Dominique Stoppa-Lyonnet, onco-généticienne à la tête du service de génétique de l’Institut Curie (Paris) et professeur à l’Université Paris Cité. “Près de 60.000 personnes, soit un sixième de la population ont accepté le séquençage de leur génome entier par deCODE.”

Parmi les 22.000 gènes que compte l’ADN humain, les scientifiques en ont séquencé 73, dont les variations sont liées à un risque accru de maladies pour lesquelles il existe des mesures préventives ou curatives. Ces gènes sont donc dits “actionnables”. Parmi ces pathologies se retrouvent principalement des cancers et maladies cardiovasculaires.

4% de la population est concernée

4% de la population islandaise possède une mutation dans ces gènes actionnables, conclut l’étude. “C’est un pourcentage important, que l’on retrouve probablement dans toutes les populations d’origine européenne”, commente Kari Stefansson. Ces mutations étaient liées à une diminution médiane de l’espérance de vie de trois ans, et jusqu’à huit ans dans le groupe des gènes actionnables liés au cancer, principalement du sein, de l’ovaire et du côlon, précise Dominique Stoppa-Lyonnet.

Trois cancers dont la rémission est largement favorisée par leur détection précoce ou une prévention chirurgicale. “L’impact de la prévention par ablation des ovaires et des trompes dès 40 ou 45 ans – selon le gène impliqué – sur le risque ovarien est important”, précise l’onco-généticienne.

Un quart des porteuses des mutations BRCA1 et BRCA2 ont un risque de 75% de développer un cancer du sein, tandis que les porteurs masculins ont 3,5 fois plus de risques de déclarer un cancer de la prostate et sept fois plus de risques d’en mourir, détaille Kari Stefansson. “Mais même lorsque nous ne démontrons pas qu’elles diminuent la durée de vie, les autres pathologies confèrent elles-mêmes un risque d’autres maladies que l’on veut absolument éviter”, ajoute-t-il. Certains gènes actionnables augmentent par exemple le risque de développer une cirrhose ou un cancer du foie, illustrent les chercheurs dans la publication.

Faut-il informer les gens de leur sur-risque de maladie future ?

La question se pose donc : lorsqu’un gène actionnable est découvert par hasard ou lors d’une investigation connexe, faut-il en informer le porteur, quitte à l’inquiéter alors qu’il est techniquement encore en bonne santé ? “Le stress est certes un facteur de risque de développer une maladie, convient Kari Stefansson. Cependant, le stress d’être porteur d’un risque de développer une maladie pour laquelle il existe des mesures préventives n’est rien comparé à celui qu’éprouve le patient une fois que la maladie s’est déclarée.”

Reste cependant à travailler sur l’estimation individuelle des risques tumoraux, tempère Dominique Stoppa-Lyonnet. “A titre d’exemple, le risque de cancer du sein des femmes porteuses d’une altération BRCA1/2 peut varier d’un facteur trois par rapport aux études faites en population.” Autre chantier important : établir le classement des variants de signification inconnue (VSI), ces gènes mutés dont on ne connait pas encore la dangerosité et qui sont peu présents dans la population islandaise si homogène.

“Le classement de ces VSI est un cauchemar pour les généticiens et les patients, qui exige des efforts internationaux”, précise-t-elle. Mais pour elle, “il ne fait pas de doute qu’à terme des tests de dépistage génétique seront proposés en population générale”, mais uniquement “chez des personnes informées, accompagnées et protégées”.

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