Dyslexie et dispositifs scintillants : pas de preuve d’efficacité, selon une étude

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Dyslexie et dispositifs scintillants : pas de preuve d’efficacité, selon une étude
Dyslexie et dispositifs scintillants : pas de preuve d’efficacité, selon une étude

Africa-Press – Mali. Non, les différents dispositifs scintillants (stroboscopiques) comme des lunettes et lampes censées “aider 90% des dyslexiques”, selon les arguments marketing de leurs constructeurs, ne reposent sur aucun argument scientifique solide. La preuve avec une étude menée par une équipe du laboratoire UNICOG (Neurospin) récemment publiée dans la revue Proceedings Royal Society.

“A ce jour, seules deux techniques ont fait la preuve de leur efficacité”

Pour la première fois, les chercheurs ont ici décidé de tester scientifiquement ce type de dispositifs auprès d’une vingtaine d’enfants dyslexiques et volontaires, recrutés pour évaluer l’impact de la lampe Lexilight et des lunettes Lexilens sur la fluidité de lecture, l’identification des lettres et le traitement des lettres miroirs (b et d, p et q).

On sait que la dyslexie est un trouble neurodéveloppemental caractérisé par d’importantes difficultés dans l’apprentissage de la lecture qui concerne 3 à 12 % des enfants. Mais, outre la rééducation orthophonique, “à ce jour, seules deux techniques – l’agrandissement des lettres et de leur espacement – ont fait la preuve de leur efficacité, précise à Sciences et Avenir Marie Lubineau, post-doctorante au laboratoire Neurospin du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) et première auteure de ce travail.

D’où la nécessité d’aller étudier scientifiquement les dispositifs développés ces dernières années revendiquant une haute efficacité, souvent uniquement sur la foi des témoignages d’utilisateurs. D’ailleurs, comme on peut le lire dans le communiqué du CEA, les travaux sur lesquels ils reposent ont été mis au point sur la base de l’hypothèse suivante. Contrairement aux normo-lecteurs, les personnes dyslexiques n’auraient pas d’œil dominant et seraient incapables de faire le “choix” entre deux images qui viendraient se superposer. Un clignotement haute fréquence, imperceptible à l’œil nu, permettrait d’éteindre l’une des deux images et devrait ainsi faciliter la lecture.

Une efficacité à évaluer selon la sous-catégorie dyslexique

Mais ce pré-requis est finalement ici mis à mal par les chercheurs du CEA, aucun impact détectable des dispositifs stroboscopiques n’ayant été retrouvé, les résultats de lecture étant les mêmes que les mots clignotent ou pas et l’intérêt du scintillement n’étant pas démontré.

Néanmoins, “nos conclusions ne doivent pas être interprétées comme impliquant que ces dispositifs ne sont jamais utiles pour certains dyslexiques, précise la chercheuse. La dyslexie n’est pas un trouble homogène et implique des déficits multiples”. D’où la nécessité de poursuivre les travaux. “Certaines sous-catégories de patients peuvent peut-être en tirer avantage, mais leur proportion est impossible à rigoureusement chiffrer aujourd’hui “, détaille Marie Lubineau.

Pour en savoir plus, la chercheuse a d’ailleurs l’intention de démarrer, dans les mois qui viennent, un autre travail auprès cette fois de plusieurs centaines d’enfants pour justement mieux appréhender la proportion des différentes sous-catégories de dyslexiques dans la population française. Car identifier les sous-types de dyslexie constitue une étape essentielle afin de pouvoir ensuite mieux aider les personnes en difficulté.

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