Africa-Press – Mali. Le 16 juillet 2025, cinq politiciens Les Écologistes ont rencontré le personnel du Palais de la découverte, suite au succès de leur pétition. Ils se sont rendus aux Étincelles, le bâtiment éphémère implanté dans le quinzième arrondissement de Paris, où se déroulent les médiations, le temps des travaux. Parmi eux se trouvait notamment David Belliard, l’adjoint en charge des transports à la mairie de Paris, candidat pour les élections municipales de 2026 (élu à la primaire des Écologistes le 23 mars 2025).
Depuis 2021, en moyenne, les Étincelles organisent 132 médiations par semaine. Le lieu a retrouvé ses habitués, mais a également fait la rencontre de nouveaux publics, dont des écoles du quartier. Bien que les quatre salles d’exposition soient nettement plus petites que celles du Grand Palais, l’ambiance y est chaleureuse. Au total, ce sont plus de 100.000 visiteurs par an qui s’y rendent, cinq fois moins que le Palais dans son site historique. Ce bâtiment éphémère doit être retiré du parc André-Citroën en 2026.
Emmanuelle Lambert, directrice du département médiation scientifique au Palais de la découverte, interpelle les élus sur la détresse des médiateurs, épuisés par l’absence d’informations. Evanthia Ioannidou, muséographe et responsable éditoriale du parcours permanent du futur Palais, alerte sur l’absurdité de la situation. « On n’a reçu ni réponse positive, ni réponse négative: on nous parle de « pause ». Alors, nous continuons de travailler et on doit faire comme si de rien n’était ». Elle poursuit en affirmant que, dès que les espaces seront disponibles, les équipes s’y implanteront. « Nous sommes prêts à investir les espaces au Palais d’Antin et tout le projet a été conçu pour cet endroit. »
Rappel du contexte: Le Palais de la découverte devait rouvrir dès juin 2025, avec un festival “Premières Ondes” et une exposition temporaire sur l’intelligence artificielle, mais en mai 2025, les équipes du musée apprennent que la séquence de pré-réouverture est reportée sine die, à cause d’un retard de travaux. Dès lors, les informations sur l’avancée du projet sont rares et l’inquiétude au sein du personnel s’intensifie.
Aujourd’hui, c’est la réouverture du musée scientifique dans son site historique qui est menacée. Les tensions s’accentuent notamment avec les prises de paroles de Didier Fusillier, président du Grand Palais, le bâtiment où le Palais de la découverte occupe l’aile ouest (le Palais d’Antin) depuis 1937. Il ne cache pas sa volonté de déplacer le lieu de culture scientifique pour réapproprier les espaces du Palais d’Antin au Grand Palais. De même, la ministre de la Culture ne se montre pas rassurante, avec des discours flous et hors sujet. Quant à Philippe Baptiste, représentant la deuxième tutelle du Palais de la découverte, le ministère de l’Enseignement supérieur, il n’est pas tellement plus explicite. S’il affirme son attachement à ce lieu de culture scientifique si symbolique, il n’exprime pas d’opposition ferme à son déplacement géographique. En attendant l’annonce d’une nouvelle vision pour la culture scientifique par le président de la République Emmanuel Macron, tout semble suspendu.
Malgré ce flottement, le personnel du musée reste actif, a récolté plus de 115.000 signatures pour leur pétition et vise à sensibiliser les citoyens. La situation du Palais reflète la précarité de la culture scientifique en France. De nombreuses personnalités de la recherche et de la vulgarisation, ainsi que d’autres centres de culture scientifique en France et à l’international, ont manifesté leur soutien.
Les deux employées du Palais font ensuite un rappel de la récente chronologie et des enjeux. Les derniers travaux et aménagement des espaces permanents du Palais de la découverte étaient initialement prévus pour octobre 2025. Mais depuis le report de la réouverture, sine die, de nombreuses incertitudes planent, dont la Fête de la Science qui se tient du 3 au 13 octobre. “On ne sait pas si on pourra proposer ce qu’on avait prévu, explique Emmanuelle Lambert. Le thème de cette année est «Intelligence(s)». Cela résonne parfaitement avec notre exposition temporaire sur l’IA et nous avons prévu d’autres activités, dont la présence d’un prix Nobel, Alain Aspect”, craint-elle.
Un vœu porté par le Conseil de Paris
Sur proposition de Fatoumata Koné, Corine Faugeron, Alice Timsit (présente lors de la rencontre) et les élus du groupe Les Écologistes, le Conseil de Paris a émis un vœu à la Ville de Paris. Il s’agit d’une prise de position officielle du Conseil de Paris, adoptée par un vote en séance, exprimant une demande ou un souhait sur un sujet donné. Il ne s’agit pas d’une délibération et n’a pas de valeur juridique contraignante, mais plutôt une expression publique d’une prise de position politique. La maire de Paris n’est pas obligée d’agir et l’État n’a aucune obligation légale de répondre ou d’agir selon le vœu.
Le vœu en question souhaite que la Ville de Paris:
“réaffirme son engagement et son attachement au Palais de la découverte, ainsi que son soutien aux équipes qui le font vivre et à la mission de démocratisation scientifique qu’il incarne”
“demande au ministère de la Culture de rendre public, dans les meilleurs délais, un calendrier précis de réouverture du Palais de la découverte dans son espace historique au sein du Grand Palais”
“demande au ministère de la Culture de présenter un programme détaillé, précisant les orientations scientifiques, la programmation prévue, ainsi que les moyens humains, matériels et financiers consacrés à la relance pleine et entière du musée”.
Alice Timsit, chercheuse en droit et conseillère écologiste de Paris, s’insurge que les équipes du Palais doivent “naviguer à vue” sans information concernant les termes des discussions entre la présidence d’Universcience (structure comprenant la Cité des Sciences et de l’Industrie et le Palais de la découverte) et les ministères tutelles.
David Belliard annonce que la question de la précarité et l’instabilité de la culture scientifique sera un élément de sa campagne pour la Mairie de Paris, soutenant que l’accès aux savoirs et aux méthodes scientifiques, ainsi qu’au monde de la recherche sont essentiels à la construction d’un esprit critique. Il ajoute que “s’il n’y a pas des personnes qui élaborent une culture du fait, alors la démocratie va disparaître” et que son parti est “celui de la science et des faits, pour le débat mais contre le mensonge”.
En fin de discussion, les politiciens garantissent de “mobiliser le conseil de Paris autant que faire se peut”, et attendent de voir comment les demandes exprimées dans leur vœu se manifesteront.
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