«Je vais partir en mission pour l’ONU au Mali»

40

En octobre prochain, si tout va bien, je serai au Mali. Pas pour du tourisme et pas tout à fait pour une expatriation non plus. À 34ans, j’aurai la chance de rejoindre ce pays africain en tant qu’experte de police, détachée du Département fédéral des affaires étrangères pour la MINUSMA, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali. Chaque année, la Confédération contribue à des missions de maintien de la paix pour l’ONU, l’Union européenne ou l’OSCE en déployant du personnel. Des civils et des militaires font souvent partie de ces détachements, mais aussi des policiers et des policières, comme moi.

Je vais ainsi rester environ un an au Mali comme conseillère de police pour aider à la reconstruction des forces de sécurité locales, amenant mes connaissances et ma motivation pour assister, former et accompagner les services de police sur place.

do, j’aimais énormément le sport, mais j’étais aussi mordue d’art et de littérature. Au gymnase, en arts visuels, je m’imaginais d’ailleurs bien devenir professeur de français. Sauf que des événements de la vie m’ont finalement mise sur la voie d’un apprentissage d’employée de commerce au Centre de loisirs et culture de Martigny. Il y avait beaucoup de passage, de gens aux profils très variés, j’adorais cet environnement riche en cultures différentes.

J’ai compris là à quel point j’aimais être au contact des gens. Je continuais cependant à chercher un métier avec davantage d’action. C’est à ce moment que m’est venue l’envie de faire l’armée. J’y ai été sous-officier, tout en exerçant comme pompier volontaire pendant cinq ans à Martigny. Ce genre d’univers me plaisait vraiment et trouver un mix des deux m’apparaissait idéal. Participer à la sécurité tout en travaillant proche du public, le métier de policier offrait finalement un tel profil.

Que du positif!

J’ai donc passé le brevet fédéral de policier sous les couleurs de la Police régionale des villes du centre, qui réunit les forces municipales de Sierre et de Sion. J’ai ensuite entamé des formations de l’Institut suisse de police dans le but d’instruire policiers et aspirants aux techniques et tactiques d’interventions, ainsi qu’à la sécurité personnelle. J’adore ce job qui, je crois, correspond à ma personnalité.

Depuis toujours, j’aime que ça bouge, je me réjouis de l’imprévu, je recherche l’énergie positive. Toute petite déjà, en classe, j’étais celle qui faisait rire la galerie, une disposition qui m’amenait régulièrement à me faire traiter de pile électrique par les professeurs. Mais voilà, j’aime quand les gens ont de l’humour, je préfère l’approche bienveillante. Au quotidien, dans mon métier, on arrive à désamorcer pas mal de situations très tendues avec de la discussion et de l’ouverture d’esprit. Bien sûr, en tant que femme, on est parfois confrontée au sexisme, notamment dans un métier qui demeure sans doute dans l’imaginaire collectif très associé au masculin.

Cependant, ce genre de phrases ne m’atteint pas. Il faut juste mener sa mission et savoir s’imposer tel que le requiert la situation, ni trop ni trop peu. Quels que soient les difficultés et les obstacles qui surviennent, j’ai toujours cet amour du travail bien fait. Et cette détermination aussi. Mes proches le savent bien. Lorsque je leur ai parlé de ce projet de mission onusienne, après avoir découvert l’existence de ces postes dans une revue de police, ils ont tout de suite soutenu ma démarche. Et ce, alors même qu’ils comprenaient qu’une telle opportunité allait m’emmener loin d’eux durant plus de douze mois, la durée réglementaire de ce genre d’affectation. De ponctuels retours en Suisse, pour visiter la famille, sont possibles, mais plus d’un an, ça reste long pour eux. Et ils acceptent ça avec courage.

Ma mère s’est aussitôt dite très fière de voir son aînée partir œuvrer à l’étranger. Elle m’a toujours soutenue dans mes projets, même ceux qui présentaient le plus de dangers. Le Mali est en effet un pays en guerre et le récent coup d’État montre que cette région est pleine de surprises. Ma mère a intégré, je crois, le risque inhérent à mon activité. Récemment, nous avons discuté de l’éventualité que le pire arrive. S’il devait se passer quelque chose, tous les papiers nécessaires sont faits et elle sait où les trouver. De l’appréhension, elle en a sûrement un peu, c’est bien normal, mais elle sait bien qu’elle ne peut pas me faire changer d’avis. Elle sait à quel point je suis tronchue, comme on dit chez nous! Mon compagnon m’encourage également beaucoup. Il m’aide dans mes préparations et me dit: «C’est un peu comme si je partais avec toi.» Je n’ai pas d’enfants, sans doute que cette mission au long cours est plus facile ainsi.

Accro à l’aventure

Moi je n’y vois que du positif, je ne regarde pas les éventuels inconvénients d’une telle affectation. J’aime trop l’aventure. Quand on fait quelque chose qu’on adore, ça passe vite, malgré tout. Évidemment les débuts risquent d’être durs. Mes repères quotidiens voleront en éclats. Je me prépare au mieux. Le Mali n’était pas un choix personnel.

J’ai déjà voyagé, bien sûr, mais cette destination reste intimidante au regard de la situation locale. Là-bas, je serai néanmoins directement accueillie par la délégation suisse et par d’autres membres de l’ONU. Je logerai dans des bâtiments sécurisés, je ne serai pas livrée à moi-même. Nous suivons d’ailleurs une formation pour nous préparer à ce départ, avec des exercices de mise en situation, des tests, des épreuves sportives. J’officierai en uniforme et casque bleu, fameux symboles de la promotion de la paix, bien différent de l’uniforme usuel de policier. Toutefois, je resterai policière, femme et telle que je suis depuis toujours: engagée pour les autres.

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here