Météo : au cœur des nuages

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Météo : au cœur des nuages
Météo : au cœur des nuages

Africa-Press – Mali. Des aérosols pour constituer le noyau dur des nébulosités

À l’école, on enseigne que les nuages se forment lors des mouvements de masses d’air. Leur naissance est avant tout une histoire de condensation, c’est-à-dire de transformation de vapeur d’eau en gouttelettes liquides en suspension dans l’air. Désormais, la recherche regarde aussi ces processus à l’échelle microscopique. Car pour générer la condensation et créer les gouttelettes, il faut un support. Les scientifiques les nomment particules d’aérosols.

La taille et la nature de ces aérosols varient. Le plus souvent d’origine naturelle, comme les sels de mer ou des composés organiques émis par la végétation, ils peuvent même être vivants comme des bactéries, des microalgues, des pollens… Ils sont aussi produits par l’activité humaine, comme les poussières émises par les usines ou les feux de cheminée, particules issues de la circulation automobile. Lorsque les aérosols proviennent du sol, ils sont dits primaires. Créés directement dans l’air, par oxydation sous l’effet des rayonnements solaire et infrarouge, ils sont qualifiés de secondaires.

En fonction de la composition chimique des aérosols, un nuage peut avoir différentes propriétés. Les nuages riches en aérosols issus de la pollution sont par exemple particulièrement brillants. Car ces particules forment des gouttelettes plus nombreuses et petites que les particules naturelles. La réflexion de la lumière y est plus forte. Les sels de mer, eux, facilitent la production de pluie. Et les poussières de combustion semblent plus fréquentes dans les nuages de grêle.

Pour étudier ces phénomènes, les météorologues disposent d’un aspirateur à nuages, ou collecteur d’eaux atmosphériques: un dispositif de recherche unique au monde installé au sommet du puy de Dôme (1465 m). L’appareil capte les nuages de la troposphère libre, une partie de l’atmosphère qui permet le transport de masses d’air sur de grandes distances, au-dessus de la couche d’air qui reçoit les émissions locales, provenant de la surface. On y trouve les traces de composés provenant de l’autre bout du globe, par exemple les mégafeux ayant ravagé les forêts du Canada l’été dernier.

De la pluie à volonté ?

Avec la maîtrise des mécanismes moléculaires impliqués dans la condensation des nuages revient un ancien rêve: savoir faire tomber la pluie. L’ensemencement des nuages consiste à envoyer dans l’atmosphère un produit, iodure d’argent, sels de sodium ou cristaux de glace, afin qu’il constitue des noyaux de condensation.

On peut ainsi “récolter” l’humidité d’une masse d’air, faire pleuvoir chez soi plutôt que chez son voisin… Le tout avec une efficacité toute relative: d’après un rapport de l’OMM, 0 à 20 % selon les conditions et les techniques. Le procédé n’est soumis à aucune réglementation. En France, certains vignobles l’emploient afin de réduire les dégâts liés à la grêle.

Reste que la toxicité des produits envoyés dans l’atmosphère doit être surveillée… L’iodure d’argent est par exemple soupçonné d’affecter les écosystèmes terrestres et aquatiques.

Et avec le réchauffement ?

“Les nuages ont un effet ambivalent sur le climat, précise Laurent Deguillaume, du Laboratoire de météorologie physique à Aubière (Puy-de-Dôme). En bloquant la radiation solaire, ils abaissent la température terrestre. Mais ils retiennent aussi les rayons infrarouges – chauds – émis par le sol. ” Comprendre leur effet global est un défi pour la recherche. Même les modèles climatiques les plus puissants s’y perdent. Ceux utilisés par le Giec ont une résolution de plusieurs kilomètres, bien trop grande pour simuler correctement les nuages. Les géants blancs restent de grands inconnus du changement climatique.

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