Vaccins anti-Covid : controverses, innovations… que retenir de 4 ans de campagnes de vaccination ?

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Vaccins anti-Covid : controverses, innovations… que retenir de 4 ans de campagnes de vaccination ?
Vaccins anti-Covid : controverses, innovations… que retenir de 4 ans de campagnes de vaccination ?

Africa-Press – Mali. La nouvelle campagne de vaccination contre le Covid-19 débute ce 15 octobre en France métropolitaine et ultramarine, et a commencé dès le 10 septembre à Mayotte. Du tout premier signalement du coronavirus auprès de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en décembre 2019 aux premières vaccinations en France en décembre 2020, il s’est écoulé à peine 12 mois. Ces vaccins conçus en un temps record ont suscité beaucoup de questionnements que Sciences et Avenir n’a eu de cesse de porter auprès de chercheurs et de médecins dans un contexte de polémiques et de défiance vaccinale. Voici un tour d’horizon de ce que notre rédaction a produit sur la vaccination anti-Covid et ce qu’il nous faut retenir avant d’aller faire son injection.

Pourquoi se faire vacciner ?

Le virus circule toujours et se révèle dangereux encore pour les plus fragiles d’entre nous ; il reste fortement recommandé pour les 65 ans et plus, les personnes immunodéprimées, les personnes atteintes de comorbidités, les femmes enceintes et toutes celles qui travaillent avec des populations à risque. Le virus connaît plusieurs moments de recrudescence, même au creux de l’été contrairement à la grippe et aux rhumes qui circulent d’autant mieux lorsque que nous sommes contraints par le froid à rester à l’intérieur. La protection apportée par un vaccin est efficace à l’échelle de l’individu mais elle a aussi pour objectif de stopper la propagation de la maladie au niveau d’une population entière. La route du virus est entravée s’il ne peut plus se propager d’un organisme immunisé à un autre. Dès 2021, une étude de l’impact des toutes premières campagnes de vaccination confirmait que celles-ci avaient très probablement permis d’éviter près de 50.000 décès en France. En janvier 2024, le responsable régional de l’OMS estimait à au moins 1,4 million de vies en Europe sauvées par les vaccins. En 2023, le virologue Étienne Simon-Loriere expliquait à Sciences et Avenir que “le Covid-19 reste une sorte de loterie puisque certains, même en bonne santé, font malheureusement des formes sévères”. Pour chaque nouveau variant qui menace les plus fragiles et les immunodéprimés, la prudence reste de mise. Ce sont ces personnes qui sont enjointes à faire un rappel du vaccin Covid-19 lors de chaque campagne de vaccination.

Comment fonctionnent les vaccins anti-Covid retenus par la France?

Tous les vaccins ont pour objectif de stimuler le système immunitaire pour l’aider à reconnaître l’incursion d’un virus et l’affronter. Cette stimulation prend la forme d’un simulacre: le vaccin se comporte comme un virus, que l’organisme va apprendre à reconnaître et à combattre. La manière d’endosser ce rôle de leurre est différente d’un vaccin à l’autre.

Les vaccins anti-Covid qui ont fini par s’imposer en France, et qui seront proposés lors de la campagne d’automne-hiver 2024-2025 sont les vaccins à ARN messager ( pour acide ribonucléique messager ou ARNm). Quand vient le temps de l’achat, se pose pour les autorités sanitaires la question de l’efficacité. Elles s’orientent très vite vers les premiers vaccins homologués annonçant 95% d’efficacité pour celui du laboratoire Pfizer, 94,5% pour celui de Moderna.

Cette technologie a été mise au point dans les années 1990 mais testée pour la première fois pendant cette pandémie. Au lieu de délivrer un virus atténué ou inactivé au sein de l’organisme, ils apportent un ARNm du virus SARS-CoV-2 , celui qui est capable de fabriquer la protéine Spike présente à la surface du virus SARS-CoV-2. Le brin d’ARNm se dégrade une fois son message délivré au système immunitaire capable à partir de là de reconnaître une protéine Spike. Une variation récente de cette technique consiste à permettre à cet ARNm de se répliquer et de renforcer la réponse immunitaire humaine. Ce sont ces vaccins qui ont fini par s’imposer en France sont issus des laboratoires Moderna et BioNTech-Pfizer.

L’autre technique, plus classique, présente chez d’autres vaccins proposés aux Français est celle du vaccin à vecteur viral, un adénovirus. C’est le cas de celui de l’université d’Oxford et AstraZeneca, le Vaxzevria, retiré de la vente en 2024 faute de demandes, alors qu’il a été l’un des premiers mis sur le marché pendant la pandémie. Il a connu quelques déboires et beaucoup de méfiance de la part de différents publics. Cependant, il a joué un rôle de protection effectif contre le Covid-19.

Les vaccins que l’on a oubliés ou qui n’ont jamais franchi la ligne d’arrivée

Se souvient-on des réticences du monde occidental envers Spoutnik-V ? Le vaccin russe a prouvé pourtant son efficacité mais sa réputation y est entachée par l’aura politique de la Russie en Europe et aux États-Unis.

Les vaccins Janssen et Nuvaxovid de l’américain Novavax basés sur des technologies plus classiques n’apportent pas les mêmes garanties de protection. En les proposant, alors que le vaccin AstraZeneca inquiétait, les autorités françaises espéraient convaincre ceux à qui les vaccins ARN faisaient peur.

Il n’y aura pas eu de vaccin “made in France”. L’Institut Pasteur a dû renoncer en janvier 2021 à son vaccin , jugé moins efficace qu’un vaccin à ARNm. Et celui du laboratoire Sanofi, aura été abandonné face à des concurrents déjà bien installés économiquement.

CureVac, développé par une start-up allemande pionnière avec une technologie d’ARNm, ne requérait pas de températures de conservation très basses au contraire des vaccins de Moderna et BioNTech. Il aurait parfaitement convenu à des pays en voie de développement. Mais peu efficace pour se maintenir dans la course.

Pourquoi faut-il autant de rappels contre le Covid-19?

Des rappels vaccinaux ou boosters rapprochés de 6 à 3 mois après la primo-vaccination (qui elle-même a nécessité plusieurs injections) contrastent avec les protocoles d’injection d’autres vaccins comme ceux qui ciblent rougeole, oreillons et rubéole par exemple, et valable à vie.

L’arrivée de nouveaux variants – Omicron par exemple – pose question sur l’efficacité des vaccins qui ont été formulés avant l’émergence de variants ultérieurs. Des études sur des modèles animaux tendent à prouver l’efficacité des doses de rappel, quelle que soit la marque du sérum. Chaque booster augmente le niveau des anticorps et leur qualité, il génère une plus large palette d’anticorps encore plus aptes à reconnaître les variants du virus. Chez les patients plus à risque parce qu’atteints de cancer ou immunodéprimés, le rappel devrait intervenir beaucoup plus fréquemment pour stimuler cette production d’anticorps.

Qu’en est-il des effets secondaires ?

Les effets secondaires ont été au cœur des débats sur les vaccins en France. Face à de nouveaux vaccins, conçus en un temps record, la suspicion de la population était légitime.Trois ans plus tard, quel bilan tirer? Sur “près de 157 millions de doses tous vaccins confondus en France”, 50.000 effets secondaires considérés comme graves ont été rapportés à l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. Ce qui correspond à “un taux de déclaration de 0,03 % “. Parmi ces effets secondaires notables, les thromboses ont beaucoup marqué les esprits. Ces cas très rares de caillots sanguins inhabituels s’additionnant à une efficacité moins bonne de ces vaccins à vecteur adénoviral (Janssen et AstraZeneca) ont conduit les autorités à y renoncer. Les vaccins à ARNm, les plus administrés en France, ont eu également leur lot de signalements ; parmi les cas les plus graves, on note des inflammations du muscle cardiaque (des myocardites et des péricardites), de l’hypertension artérielle et des saignements menstruels importants mais pas de risque cardio-vasculaire ou de risque de syndrome de Gillain-Barré supplémentaires.

Au pays du vaccinoscepticisme

L’épidémie de Covid-19 en France aura été marquée par une flambée concomitante…de vaccinoscepticisme. La défiance vaccinale est ancienne au pays de Pasteur. Plusieurs événements antérieurs ont construit la méfiance de la population à l’égard des vaccins anti-Covid: controverse autour du vaccin contre l’hépatite B, gestion politique défaillante de la pandémie de grippe H1N1, crise du Mediator. Pour un territoire ultramarin comme la Martinique, l’hésitation vaccinale est motivée également par le passé colonial de l’île et des scandales sanitaires comme le chlordécone. S’ajoutent des objections récurrentes portant sur les adjuvants ou l’influence d’industries pharmaceutiques trop gourmandes. Au moment où la pandémie battait son plein, à l’automne 2020, un peu plus d’un Français sur deux seulement acceptait de se faire vacciner alors la moyenne mondiale se situait plutôt aux alentours de 75% selon une enquête Ipsos. Convaincre une majorité de Français de se faire vacciner n’était pas donc pas gagné.

Le Covid et la grippe, même combat vaccinal ?

Les campagnes hivernales de vaccination tentent d’enrayer simultanément la grippe saisonnière et un Covid devenu endémique, qui circule en continu au sein de la population. La double vaccination pouvant être effectuée le même jour permettra d’éviter la concomitance de ces vagues épidémiques pendant l’hiver qui exercent des pressions sur le fonctionnement du système de santé français. Arrivera le jour où l’on administrera un vaccin combiné contre les deux maladies. Le laboratoire Moderna est en attente d’une autorisation de mise sur le marché pour un vaccin de ce type (2024).

Au contraire des autres infections respiratoires aigües comme la grippe et la bronchiolite, qui connaissent essentiellement des pics hivernaux, le virus du Covid-19 connaît plusieurs vagues épidémiques intenses au cours d’une année. Il progresse à partir de juillet, et semble culminer en septembre et décembre. Le Covid-19 n’est pas encore un virus saisonnier comme celui du rhume.

Quel aura été l’impact de la vaccination anti-Covid-19 en France?

Il y a eu un avant/après indubitable pour les analystes de Santé publique France qui se penchent sur les taux d’incidence de la maladie, et encore plus si l’on se concentre sur les différentes tranches d’âges. Les plus âgés ayant été les cibles initiales de la campagne vaccinale sont les premiers à voir leur nombre décroître du côté des hospitalisations. Un an après la toute première campagne débutée en décembre 2020, 75% de la population française était entièrement vaccinée, avec les deux doses requises pour une primo-vaccination.Au 1er janvier 2023, la couverture vaccinale (schéma vaccinal initial complet) en France est estimée près de 80% de la population française.

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