Assimi Goïta entre « Baguette magique européenne » et « Encens marocain » !

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Assimi Goïta entre « Baguette magique européenne » et « Encens marocain » !
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Africa-Press – Mali. Le contexte dans lequel se trouve actuellement le Mali, nous laisse poser pas mal de question sur le devenir politique de ce pays du Sahel africain, qui se trouve depuis le 9 Janvier 2022 sous l’étranglement des sanctions qui lui furent infligées par la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), et en parallèle par l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).

Il s’agit là d’une situation vraiment chaotique, dont certains pensent qu’elle pourrait transformer le Mali en une scène de guerre internationale par procuration entre les États-Unis et la France d’un côté, et la Russie de l’autre.

En plus, il n’échappe à personne, particulièrement aux observateurs et experts, que le Mali et le Maroc sont liés par une solide relation historique qui date de plusieurs siècles, et que cette relation pourrait être entachée à son tour par ce qui pourrait devenir un champ de bataille régional entre le Maroc et l’Algérie, à cause de ce qui se passe au Mali qui a connu des coups d’État et des troubles sécuritaires majeurs, menaçant non seulement la stabilité du pays lui-même et certains pays d’Afrique de l’Ouest, mais aussi celle des pays voisins, dont évidemment le Royaume du Maroc, qui considère cette région comme une extension des problèmes et des solutions communs.

En effet, tout observateur peut découvrir cet intérêt marocain pour la question malienne depuis le déclenchement des troubles sécuritaires qui ont précédé le coup d’État militaire survenu en 2020, c’est-à-dire lorsque le roi Mohammed VI a tenté de servir de médiateur entre les parties en conflit au Mali pour épargner à ce pays les conséquences du putsch militaire.

Mais la réalité a entraîné le Mali dans un autre état d’instabilité sécuritaire, en raison des coups d’État successifs et des troubles sécuritaires internes, ce qui a poussé le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, à insister sur la nécessité de coopérer avec les organisations internationales pour rétablir la paix et la stabilité au Mali.

Le Maroc a toujours encouragé l’investissement au Mali

Le roi Mohammed VI en visite à Bamako en 2014

De nombreux acquis politiques, économiques et sécuritaires ont été concrétisés par le Maroc au Mali, pendant des années, et les visites du roi Mohammed VI à Bamako en 2013 et 2014, au cours desquelles les deux parties avaient signé une multitude d’accords dans divers secteurs, est un exemple frappant de l’importance des relations entre le Mali et le Maroc, avant les derniers coups d’État.

Ceci a fait du Mali la 3ème destination des investissements marocains en Afrique, et a fait également du Mali le 2ème bénéficiaire des bourses marocaines du point de vue ‘formation’ sur le continent.

Cependant, le coup d’État mené par le colonel Assmi Goïta en août 2020 contre le président Ibrahim Boubacar Keita, qui a dirigé le pays pendant sept ans, a compliqué la scène pour le Mali et ses partenaires en Afrique, et à leur tête le Maroc, d’autant plus qu’il a accumulé de grands efforts avec le Mali pour ce qu’il représente pour le Maroc sur les plans géopolitique et sécuritaire.

L’un de ces investissements sécuritaires que le Maroc a recherché avec le Mali est l’accord pour établir un centre de formation conjoint à la sécurité des frontières, qui devait être implanté au Maroc pour inclure un groupe de pays, dont le Mali évidemment, en vue de lutter contre le terrorisme.

Il importe quand même de souligner que la rébellion au Mali n’est pas nouvelle, car le Mali a été témoin d’un scénario similaire à ce qui se passe aujourd’hui, notamment en 2012, quand il a été l’objet de troubles qui se sont terminés par un coup d’État, et à cet égard, le Maroc a rapidement rejoint l’intervention menée par la France au Mali, sachant qu’à la suite de ce ralliement, le Maroc a devancé son homologue algérien dans le processus de positionnement géopolitique dans la région, notamment en l’absence de la partie algérienne qui ne s’était pas impliquée dans le dossier malien à l’époque, malgré l’existence de frontières étendues entre les deux pays, et malgré ce que ces frontières représentaient pour sa sécurité intérieure, particulièrement durant la guerre civile en Algérie.

L’autre raison de la non-ingérence algérienne à l’époque était due à la présence du président Abdelaziz Bouteflika à la tête du pouvoir en Algérie.

Ceci n’a fait qu’ouvrir la voie au Maroc, plus tard, pour consolider ses relations avec les forces civiles au Mali, pour élargi l’ampleur de ses initiatives vers le Mali, en offrant des bourses d’études islamiques dans les universités marocaines en faveur des étudiants maliens.

Le but de ces bourses était de tarir les sources de l’extrémisme religieux qui pouvait apparaître dans les régions du Sahel, et comme tentative de transfert du modèle religieux marocain, sachant qu’en septembre 2013, le Maroc et le Mali avaient signé un accord pour ramener 500 imams du Mali au Maroc pour bénéficier d’une formation religieuse.

Outre les accords sécuritaires et religieux avec le Mali, le Maroc a cherché à renforcer ses relations économiques avec ses voisins du sud et a établi des succursales de ses banques au Mali et au Sénégal.

Dans ce contexte, Attijariwafa Bank, qui est une importante banque marocaine, a réussi à acquérir plus de 50 % des actions de la Banque Internationale du Mali.

Par ailleurs, l’OCP Maroc (anciennement appelé Office Chérifien des Phosphates) a intensifié ses investissements pour explorer les phosphates dans l’est du Mali, en plus de ses projets visant à renforcer la sécurité alimentaire dans ce pays.

Comme le Mali dispose également de ressources naturelles telles que l’or, l’uranium, le minerai de fer et probablement des diamants, le Maroc espérait y investir pour les extraire.

Seulement, voilà que la CEDEAO est venue imposer de dures sanctions au Mali, y compris des fermetures de frontières, des embargos commerciaux et des gels d’avoirs auprès de la Banque centrale des pays d’Afrique de l’Ouest, qui sont des sanctions soutenues par la France, les États-Unis et l’Union européenne, visant l’économie faible et fragile du Mali.

Les acquis du Maroc accumulés au Mali sont-ils menacés de disparition ?

Il est vrai que ces sanctions imposées par la CEDEAO ont eu un effet limité, car cette organisation, à laquelle le Maroc avait précédemment cherché à y adhérer, n’a pas été en mesure de freiner l’expansion de la force du coup d’État militaire au Mali.
Mais qu’y a-t-il de nouveau au Mali sur le plan international, qui fait que tout ce que le Maroc avait accumulé avec le Mali soit menacé de disparaître ?

La vérité est que ce qui a rendu la situation compliquée pour le Maroc et ses partenaires occidentaux au Mali, ces derniers temps, c’est l’aide proposée aux putschistes par la Russie, sachant que, si l’on croit certains rapports, il y aurait actuellement plus de 600 mercenaires russes du groupe privé Wagner au Mali.

Sauf que la junte militaire au pouvoir au Mali, ne fait que confirmer la présence de “formateurs russes” au Mali (pas de mercenaires paramilitaires), mais selon les occidentaux, la Russie est présente avec environ 600 militaires armés à Bamako, que ces forces paramilitaires opèrent aux côtés de l’armée malienne et sont stationnées dans une base adjacente à l’aéroport de Bamako, et qu’ils opèrent principalement dans le centre du pays.

Cette expansion russe au Mali, qui a été suivie d’une réduction de l’influence française et occidentale, pourrait permettre à l’Algérie d’entrer dans le jeu et de jouer un rôle plus important, et ce en raison de la relation forte qui unit l’Algérie à la Russie.
Rappelons que cette relation est renforcée par le volume des échanges militaires entre les deux pays, du fait que 67 % des achats d’armes algériens à l’étranger proviennent principalement de Russie.

Anouar CHENNOUFI

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