Assimi Goïta, formé aux Etats-Unis, pourra-t-il restructurer les forces armées du Mali ?

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Assimi Goïta, formé aux Etats-Unis, pourra-t-il restructurer les forces armées du Mali ?
Assimi Goïta – Un officier militaire formé aux Etats-Unis

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Mali. La prise du pouvoir par l’armée à Bamako, que ce soit lors du coup d’État de 2020 ou encore celui de 2021, deux putschs lancés par le même Colonel Assimi Goïta, n’a pas enrayé le cycle des violences qui ont été exacerbées par les conflits locaux et les pillages dans le centre du pays, ainsi qu’au Nord du Mali où la majorité des attaques sont commises en général contre des civils, selon les Nations unies. Des violences qui se sont propagées même au Burkina Faso et au Niger voisins.

En plus, on constate que la région du Sahel vit toujours sous les multiples menaces d’une escalade remarquable de l’activité terroriste, qui s’est presque « félicitée » depuis que la France ait annoncé le retrait de ses forces du nord du Mali.

Ces attaques se sont accompagnées de la chute d’un certain nombre d’éléments terroristes dans les frappes militaires françaises et onusiennes, qui a créé une situation sécuritaire tendue touchant de très prés une phase difficile menaçant la plupart des pays du Sahel.

Forces armées maliennes

Assimi Goïta, aujourd’hui président de la République est également le Commandant suprême des Forces armées qui comptent, selon les données publiées en Mai 2017, 16.200 éléments réguliers répartis entre :
• Armée de terre
• Armée de l’air du Mali
• Garde nationale du Mali
• Gendarmerie nationale malienne

Les Forces armées maliennes, qui sont regroupées sous le FAMa, sont en fait les responsables de la défense de l’intégrité territoriale et de la souveraineté du Mali.

Il importe de noter, dans ce contexte, que la menace terroriste a augmenté encore plus en raison du retrait partiel des forces françaises qui prenaient les groupes armés, rebelles et terroristes, comme leur « cheval de bataille ».

C’est d’ailleurs pourquoi l’armée malienne, elle, sera attaquée très directement et n’aura plus le soutien de ses autres partenaires traditionnels. Les civils seront les premiers à souffrir et à être tués. Ce sont eux qui perdront le plus dans cette histoire qui ressemble de plus en plus à la lutte pour le pouvoir. Après cela, les militaires maliens seront sur le terrain, sachant que ce sont eux qui paient déjà un lourd tribut.

Poursuite des attaques terroristes

groupes armés au nord du Mali

Il faut reconnaître qu’aucun des pays du Sahel n’a été épargné par les attaques terroristes qui visent désormais les civils et les forces gouvernementales ainsi que les étrangers. Au cours du mois de novembre dernier, l’État du Mali a connu une attaque perpétrée contre un convoi militaire qui a fait 9 morts parmi les militaires et 11 autres blessés, tandis que 15 terroristes furent éliminés et 20 véhicules leur appartenant ont été saisis. .

De nombreuses attaques aussi meurtrières les unes que les autres suivirent, mais elles ne sont pas restées sans une réponse punitive. En effet, l’armée française a réussi à tuer plusieurs terroristes, dont une vingtaine lors d’une frappe aérienne qui avait eu lieu à 1,5 kilomètre de la frontière avec le Mali, à l’intérieur du territoire nigérien, dans une zone où l’organisation Daech est active au Sahel et au Sahara.

Les attaques se sont intensifiées en raison des représailles entre tribus entraînant la mort de civils, du fait que la situation était fragile au regard de la forte division ethnique tribale, qui a généré des rivalités à la suite de la défaillance de l’Etat, ainsi que du retrait français, qui a alimenté le conflit sur les zones d’influence et dont le bûcher sont généralement des civils.

« Les conflits sanglants dans le nord du Niger et du Mali brilleront à l’avenir, mais à des fins politiques, dans le forme de batailles ethniques, et les groupes terroristes joueront le rôle de nourrisseur et de carburant », dit-on.

Il s’agit d’une situation dont la responsabilité est supportée par les régimes centraux et par la France qui s’est retirée sans plan de transition, en douceur, ni terrain social consensuel dans les pays défaillants, notant que le rétablissement de la sécurité et de la stabilité nécessite que les autorités centrales adoptent le dialogue avec leurs entités en les intégrant dans le processus politique, et dans le processus de construction du concept de l’État, pour l’exercer en douceur entre toutes les parties marginalisées.

Violence armée… meurtres et déplacements

Affrontements entre militaires et éléments armés

La violence armée a contraint les autorités centrales à évacuer certains villages et à rassembler la population dans des villages plus importants pour la protéger de toute attaque, et a également provoqué le déplacement de millions de personnes de leurs foyers, notamment au Mali, Burkina Faso, et au Niger, selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.

Selon une étude publiée par le Centre français de recherche et d’analyse des politiques internationales, la France aurait porté des coups sévères aux leaders d’organisations terroristes dans la région de la côte ouest de l’Afrique, dont le plus important a été l’assassinat du chef de Daech dans le Grande Sahara, Adnan Abu Walid al-Sahrawi, à la mi-août 2021.

Ce succès ne signifie guère que Daech est sur le point de s’effondrer dans la région du Sahel. Au contraire, la tâche des forces dans cette région est devenue plus complexe, en particulier suite à des événements qui entravent la lutte contre le terrorisme.

Une situation très mal gérée

On estime que « le terrorisme n’a jamais été fort, mais les faibles performances sécuritaires et le manque de coordination entre les pays du Sahel sont ce qui a ouvert la voie à l’infiltration de groupes armés criminels ».

L’escalade des attentats terroristes au Sahel est une conséquence inévitable de la mauvaise gestion de la situation de la part de la France et de l’échec de sa démarche sécuritaire, l’instabilité politique et sécuritaire au Mali et au Tchad, et la fragilité de la situation au Niger et au Burkina Faso, même la Mauritanie, qui connaît un conflit interne, ont donné l’occasion à des groupes terroristes d’infliger des coups sévères, dont les victimes sont des civils non armés.

Pour rappel, selon des médias américains, l’armée malienne, dont les États-Unis espéraient qu’elle deviendrait un modèle pour combattre les djihadistes islamistes dans l’une des régions les plus impitoyables du monde, est faible et désorganisée et qu’elle a été la cause de la crise au Mali « plutôt qu’une partie de la Solution ».

La même source indique également que l’armée malienne est secouée par des divisions internes qui la rendent plus préoccupée d’elle-même que de combattre des groupes armés, soulignant que, selon la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU prise en décembre de l’année dernière, la formation au respect des droits de l’homme et du droit international est censée être la principale composante du programme de formation de l’armée malienne.

Les islamistes auraient pu s’emparer de tout le Mali, nord et sud, si les forces françaises n’étaient pas intervenues à temps Mais il ne faut pas oublier que le peuple malien ne sympathise pas avec ses forces armées, car elles ont plongé le pays, selon lui, dans le chaos.

Néanmoins, le département américain de la Défense (Pentagone) avait confirmé auparavant que l’officier de l’armée qui s’est déclaré responsable du Mali (Assimi Goïta), a reçu une formation des États-Unis. Il a travaillé pendant des années avec les forces d’opérations spéciales américaines luttant contre l’extrémisme en Afrique de l’Ouest.

Goïta, qui a également reçu une formation en Allemagne et en France, a dirigé une unité des forces spéciales au Mali dans la région centrale instable du pays, où des combattants liés à al-Qaïda et à Daech, avaient installé un bastion qui a inquiété les dirigeants.

Par ailleurs, selon le Pentagone : « L’insurrection au Mali est fermement condamnée et elle entre en conflit avec l’éducation et la formation militaire américaine. »

Assimi Goïta pourra-t-il donc restructurer les forces armées dont il est le « Commandant suprême » pour pouvoir sécuriser tout le territoire de son pays, le Mali ?

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