Evgueni Prigojine : Fin accidentelle d’une légende ou simple liquidation ?

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Evgueni Prigojine : Fin accidentelle d’une légende ou simple liquidation ?
Evgueni Prigojine : Fin accidentelle d’une légende ou simple liquidation ?

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Mali. Comme dans une pièce de théâtre qui s’est achevée sur un acte tragique, le rideau est finalement tombé sur le dernier acte existentiel de la vie du patron du groupe russe privé Wagner, Evgueni Prigojine, qui a péri avec plusieurs de ses lieutenants et aides de camp, y compris son bras droit Dimitri Outkine, dans le crash d’un avion qui a eu lieu le mercredi 23 août, dans la région de Tver, en Russie. L’appareil est un avion privé de type Embraer ERJ-135 qui transportait 10 personnes à son bord, dont un équipage composé de trois membres.

Il s’agirait là d’une fin dramatique et mystérieuse qui n’aurait probablement pas pu être « prédite » ni même « prévue », en cette période, mais qui s’est quand même « produite » pour quelqu’un qui a sillonné presque toute l’Afrique, et qui excellait en tentant de « changer la destinée de certaines des nations du contient », sans oublier l’intrigante opération de « mutinerie », perpétrée à Moscou même et qui a ciblé le président russe, Vladimir Poutine, son soi-disant « ami et proche ».

Une question que presque tout le monde se pose actuellement : « La disparition de Prigojine dans un tel scénario serait-elle la fin accidentelle d’une légende ou bien une simple liquidation ? »

Retour sur certains évènements tournant autour de cette disparition

Selon les données de suivi des vols publiées à l’occasion, on constate qu’elles indiquent que l’avion privé qui aurait transporté mercredi le patron-fondateur du groupe paramilitaire russe privé Wagner, n’a montré aucun signe de problème jusqu’à sa « descente abrupte » au cours des 30 dernières secondes de son vol.

Le ministère russe des Situations d’urgence a déclaré quant à lui que l’avion se dirigeait de Moscou vers Saint-Pétersbourg lorsqu’il s’est écrasé près du village de Kozhenkono, dans la région de Tver.

Par ailleurs, les enquêteurs russes ont ouvert une enquête « criminelle » pour connaître les circonstances de ce qui s’est passé, et des sources non identifiées auraient déclaré à des médias russes que l’avion s’était écrasé après avoir été touché par « un ou plusieurs missiles sol-air », information que Reuters n’a pas pu confirmer.


Le « faux pas » de Prigojine au mois de juin

La mutinerie qu’Evgueni Prigojine avait « organisée » prés de deux mois en arrière, lorsque durant quelques heures de la rébellion ses hommes s’emparèrent de plusieurs positions militaires dans le sud de la Russie, et prirent le QG de l’armée russe pour les opérations en Ukraine avant même de marcher sur Moscou en réclamant la tête du chef d’état-major et du ministre de la Défense, ne passa aucunement « inaperçue », ni sans « grands vacarmes » pour le président Vladimir Poutine.

Néanmoins, Prigojine s’était rétracté et décida de stopper aussitôt son avancée vers la Capitale russe et mit fin à sa rébellion dans la soirée du 24 juin dernier, suite à un accord avec le Kremlin négocié par la Biélorussie.

Sauf que Poutine qualifia Prigojine, sans le nommer, de « traître » à la suite de l’échec de ladite rébellion et, pour des raisons qui ne sont toujours pas claires, le patron de Wagner a semblé continuer à voyager vers et depuis la Russie après son soulèvement contre les dirigeants militaires, et a même participé quelques jours après l’échec de sa rébellion à une réunion au Kremlin.

Malgré tout cela, Prigojine a échappé à toute poursuite judiciaire.

Autre point culminant sur l’affaire

Il importe de noter que le crash de l’avion s’est produit à un moment où le président russe Vladimir Poutine « écoutait de la musique marquant le 80e anniversaire de la bataille de Koursk pendant la Seconde Guerre mondiale », en plus, cet accident d’avion est survenu le jour même où Moscou venait d’annoncer que le général Sergueï Sourovikine, commandant de l’armée de l’air russe et l’un des officiers les plus éminents de l’armée, avait été démis de ses fonctions.

Il semblerait que des liens étroits s’étaient tissés entre le général Sourovikine, célèbre pour sa dureté et sa cruauté, et le groupe « Wagner ». Des rumeurs circulent depuis des semaines selon lesquelles il aurait été démis de ses fonctions à la suite de la rébellion du groupe.

Le New York Times a rapporté dans un article, citant des sources des services de renseignement américains, que Sergueï Sourovikine avait connaissance préalable de la rébellion de Prigojine et qu’il aurait pu être arrêté. Mais le Kremlin a démenti les informations contenues dans le rapport, sans lever l’ambiguïté sur son sort.

Il est important de noter que dans la nuit du 23 au 24 juin, alors qu’Evgueni Prigojine venait d’appeler à renverser le commandement militaire russe et que ses mercenaires foncent vers Moscou, Sergueï Sourovikine était apparu dans une vidéo pour lancer le présent message : « Je m’adresse aux combattants et chefs du groupe Wagner […] Nous sommes du même sang, nous sommes des guerriers. Je vous demande de vous arrêter », aurait-il dit, sur un ton sur lequel reposait de la lenteur imbibée d’angoisse, le visage étant mal rasé, en fixant sévèrement la caméra, « avant qu’il ne soit trop tard », avait insisté l’homme originaire de Sibérie.

Moins de 24 heures plus tard, Evgueni Prigojine faisait marche arrière et partait en exil en Biélorussie. Mais l’appel à la raison de Sergueï Sourovikine, publié très rapidement et jugé « contraint » par certains observateurs, n’a pas suffi à éviter au général sa mise à l’écart, tant il était lié à Wagner.

Ainsi, Sergueï Sourovikine, le commandant emblématique de l’invasion russe contre l’Ukraine, a finalement payé ses liens avec le groupe paramilitaire Wagner et son chef Prigojine.

Toutefois « Poutine ne pardonne à personne », dit-on, comme le rappelle ci-après le président américain.

Réaction « accusatrice » du président américain Joe Biden

Le président américain Joe Biden s’est exprimé sur ce crash, dès les premières nouvelles publiées sur l’accident, soulignant à ce propos qu’il n’était « pas surpris » que Prigojine ait pu être tué.

« Il n’y a pas beaucoup de choses qui se passent en Russie sans que Poutine ne soit derrière », a déclaré Biden. Il a également indiqué qu’il ne dispose pas actuellement de suffisamment d’informations pour connaître la réponse, mais que cela se saura bientôt.

La France émet des doutes

Le porte-parole du gouvernement français, Olivier Ferrand, a déclaré qu’il existait des « doutes raisonnables » sur les circonstances du crash d’avion d’Evgueni Prigojine, patron incontestable du groupe paramilitaire privé russe Wagner.

Autre réaction

De son côté, la cheffe de l’opposition biélorusse en exil, Svetlana Tikhanovskaïa, n’a pas hésité à qualifier le leader du groupe Wagner de « meurtrier », tout en assurant que « sa disparition ne fera de peine à personne ».

Néanmoins, Tikhanovskaïa espère bien que « sa mort démantèlerait la présence de Wagner dans son pays, la Biélorussie ».

Pour conclure ce dossier dans son premier volet, car d’autres articles suivront sûrement sur le même sujet, surtout que divers « scénarios » ont été évoqués dont celui par lequel on affirme que des preuves sont apparues selon lesquelles au dernier moment, avant que l’avion ne décolle, un cadeau particulier sous la forme d’une boîte contenant des bouteilles de vin coûteux a été chargé à bord de l’avion », qui pourrait contenir une bombe, indiquant que « l’avion (avant le chargement de la caisse) a été soigneusement inspecté, même par des chiens ».

Par ailleurs, quant à la relation « Poutine – Prigojine », on peut dire qu’alors que le patron de Wagner s’était montré plus ouvertement opposé à la façon dont l’armée conventionnelle russe menait les combats en Ukraine, il a continué à jouer un rôle apparemment indispensable dans l’offensive russe, et n’était pas tenu pour responsable par Poutine de ses critiques à l’égard de ses généraux.

Les médias ont parfois indiqué que l’influence de Prigojine auprès de Poutine était croissante et qu’il cherchait à occuper un poste politique de premier plan. Mais les analystes ont mis en garde contre une exagération de son influence auprès de Poutine.

Dans ce contexte, Mark Galeotti, de l’University College London, spécialisé dans les affaires de sécurité russes, a déclaré, dans son podcast intitulé « Dans l’ombre de Moscou », qu’il ne faisait « pas partie des personnalités proches de Poutine ni de ses proches ».

« Evgueni Prigojine faisait tout ce que le Kremlin voulait et obtenait de très bons résultats en retour. Mais le problème est celui-ci : Progojine fait seulement partie du personnel…pas de la famille », a-t-il ajouté.

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