Grande Purge dans L’armée Malienne: Coup D’ÉTat Avorté?

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Grande Purge dans L’armée Malienne: Coup D’ÉTat Avorté?
Grande Purge dans L’armée Malienne: Coup D’ÉTat Avorté?

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Mali. Le Mali aurait connu ces derniers jours une vague d’arrestations massives de plusieurs dizaines de militaires, suite à des informations faisant état d’une tentative de coup d’État visant la junte militaire au pouvoir.

Dans son communiqué, la junte a annoncé « l’arrestation d’un groupuscule d’éléments marginaux des forces armées de sécurité maliennes » qui cherchait selon elle à « déstabiliser les institutions de la République ».

Il s’agirait là d’une situation qui s’inscrit dans un contexte d’escalade des tensions au sein de l’armée et de critiques croissantes concernant l’influence russe dans le pays.

On relève que, selon des sources sécuritaires et politiques maliennes, les autorités maliennes ont arrêté plus de 50 militaires en trois jours, soupçonnés de tentative de « déstabilisation du pays ».

Dans le même contexte, un membre du Conseil national de transition (l’organe législatif intérimaire mis en place par les autorités militaires) aurait révélé quant à lui que le nombre de détenus pourrait dépasser les 50 – tous des militaires – accusés de chercher à « renverser la junte militaire au pouvoir ».

Il importe de noter que ces arrestations interviennent alors que les autorités maliennes n’ont publié aucune déclaration officielle pour clarifier les circonstances de l’affaire ni le nombre exacte de détenus, ce qui accroît l’ambiguïté du paysage politique et sécuritaire du pays.

• S’agit-il d’un mécontentement au sein de l’armée?

Rien ne le prouve explicitement, toutefois, selon le sociologue Omar Maïga, ces développements reflètent « la difficulté de l’armée à contrôler la situation », soulignant entre-autres un « mécontentement au sein de l’armée », notamment au vu de ce qu’il décrit comme une « discrimination dans le traitement des mercenaires russes au détriment des soldats maliens ».

Une autre source sécuritaire malienne aurait confié que les arrestations se sont déroulées sur plusieurs jours et ont visé plusieurs hauts responsables.

A noter que ces arrestations sont perçues comme le début d’une « guerre » non déclarée entre Assimi Goïta et son ministre de la Défense, renforçant les soupçons de tensions internes au sein de la junte au pouvoir. Des divergences de vues portent notamment sur la coopération et les partenariats internationaux, certains hauts responsables estimant nécessaire de s’ouvrir à une collaboration sécuritaire avec des pays occidentaux comme les États-Unis.

C’est ainsi que la perte de confiance entre le chef de la junte et l’armée malienne est arrivée à un point où Assimi Goïta s’était aventuré même à annoncer le recrutement de 124.000 soldats.

Selon plusieurs observateurs et experts des affaires sécuritaires, cette initiative serait une tentative de reconstruire une nouvelle armée, Goïta ayant perdu le contrôle total des forces armées maliennes.

Quant au gouvernement et à l’armée, les deux n’ont pas commenté ces arrestations, et leurs porte-parole n’ont pas répondu aux demandes d’éclaircissements sur cette affaire, mais au sein de l’armée, une réaction aurait fait son apparition: « Le règlement militaire est clair. Ils voulaient déstabiliser la transition et ils sont en état d’arrestation », d’après un officier supérieur proche de la junte.

Même si les observateurs sont divisés sur cette « nouvelle tentative de déstabilisation de la transition », un responsable politique malien a quant à lui posé cette question: « S’agit-il d’une réalité ou d’un complot visant à se débarrasser des soldats gênants?… On ne le sait pas encore ».

Les médias locaux restent tout de même encore silencieux sur ces développements.

• Des arrestations faisant suite à une enquête

Il semble que ces arrestations font suite à une enquête approfondie tenue pendant trois jours, selon des sources sécuritaires et politiques, lesquelles ont expliqué que « les investigations ont révélé un réseau visant à déstabiliser les institutions », confirmant de facto que « les arrestations incluaient des membres actifs de l’armée ».

Dans le même contexte, ces sources militaires ont également indiqué que « les mesures de sécurité ont été prises pour contrer toute tentative de porter atteinte à la stabilité ».

• Deux généraux d’influence parmi les officiers arrêtés

Deux officiers supérieurs figureraient parmi les personnes arrêtées, à savoir:

1. Le « général Abbas Dembélé », un ancien commandant dans le nord du pays et ancien gouverneur de la région centrale de Mopti, récemment démis de ses fonctions (arrêté sans préavis à son domicile, dans la banlieue de Bamako),

2. La « générale de brigade Nema Sagara », de l’Etat-major de l’armée de l’air, une femme officier ayant atteint le grade de général en Afrique. Elle est connue pour sa participation directe aux opérations de combat, notamment dans les zones touchées par le conflit armé au nord et au centre du pays. Elle est l’une des rares femmes soldats occupant un poste élevé dans l’armée malienne.


• Ce qui exfiltre des coulisses « militaires »

Une source militaire malienne de haut rang a souligné que l’affaire n’a pas encore été pleinement élucidée et que les autorités compétentes informeraient le public de tous les détails dès que possible. Elle n’a pas exclu l’implication d’autres dirigeants dans la tentative de coup d’État, soulignant que les heures et les jours à venir, ainsi que le professionnalisme des services compétents de l’armée, mettront à nu tous les fils de la toile d’araignée relative à ce complot contre le pays, a-t-elle déclaré.

De nombreux observateurs maliens confirment l’existence d’un conflit féroce depuis un certain temps entre les principaux dirigeants du Conseil militaire au pouvoir, alors que l’on parle de divisions entre les nouvelles alliances internationales du pays.

• Qu’en est-il du Français arrêté à Bamako?

Les récentes arrestations interviennent dans un contexte sécuritaire extrêmement complexe que connaît le Mali depuis des années. Tout le monde sait que ses forces armées mènent une guerre sur plusieurs fronts contre des groupes armés liés à Al-Qaïda et à Daech, dans un contexte de multiplication des attaques ciblant les civils et les infrastructures, et de difficultés logistiques qui entravent les opérations militaires.

On parle ouvertement de l’arrestation par les autorités maliennes d’un citoyen Français soupçonné de travailler pour « le service de renseignement français ». Les autorités maliennes ont accusé les services de renseignement français d’être impliqués dans une tentative de coup d’État au Mali.

Il s’agirait de Yann Vézilier (ou Yann Christian Bernard Vézilier selon certaines sources), soupçonné d’agir « pour le compte des services de renseignement français ». Il est accusé d’avoir mobilisé des acteurs politiques, militaires et civils dans le cadre d’un complot visant à déstabiliser les institutions maliennes.

Dans un communiqué lu ce jeudi 14 août 2025 à la télévision nationale, le Mali a effectivement confirmé l’arrestation d’un Français soupçonné de travailler pour les services de renseignement français. Selon la junte au pouvoir, plusieurs « États étrangers » ont tenté à maintes reprises de déstabiliser les institutions maliennes.

• Implication présumée de la France

La junte malienne affirme que ce complot aurait bénéficié du soutien de divers Etats étrangers, « visant explicitement la France ». Selon le ministre malien de la Sécurité, le général Daoud Aly Mohammedine, les services de renseignement français auraient coordonné des efforts pour renverser le gouvernement militaire en place.

La France n’a pas encore commenté officiellement ces accusations, ni confirmé l’identité ou la nationalité de Yann Vézilier.

Toutefois, des analystes internationaux suggèrent que ces accusations pourraient aussi servir à justifier une répression accrue contre l’opposition interne au Mali.

• La situation au Mali est-elle réellement imputable à des acteurs étrangers?

Les troubles et les crises politiques et sécuritaires qui sévissent au Mali présentent des dimensions complexes, englobant des facteurs internes et externes. Certains évoquent l’ingérence d’acteurs étrangers dans les affaires maliennes, directement ou indirectement, pour des raisons liées à l’influence géopolitique, aux ressources naturelles ou à la lutte contre le terrorisme dans la région.

Parmi les acteurs extérieurs dont le rôle est débattu figurent:

a) La France et les puissances occidentales:

La France a joué un rôle majeur au Mali grâce à l’opération « Barkhane » pour lutter contre les groupes terroristes, mais ses relations avec le gouvernement malien se sont tendues suite aux récents coups d’État militaires et à la demande du Mali de retirer les forces françaises du pays.

Certes, le Mali traverse une crise sécuritaire et politique profonde depuis 2012, marquée par des insurrections jihadistes et une instabilité gouvernementale. La junte au pouvoir, dirigée par le général Assimi Goïta, a prolongé la période de transition jusqu’en 2030, malgré des promesses initiales de retour à un régime civil qui n’a pas encore vu le jour.

Ces développements risquent d’aggraver les relations déjà tendues entre Paris et Bamako, dans un contexte où la France avait été expulsée du Mali au profit de partenariats militaires russes.

b) La Russie et le Groupe d’Africa Corps (ex Wagner):

Des rapports font état de la présence de mercenaires affiliés au Groupe russe d’Africa Corps (ex Wagner) au Mali, suscitant une controverse quant à l’influence croissante de la Russie dans la région.

c) Les groupes terroristes, tels qu’Al-Qaïda et Daech au Grand Sahara qui exploitent l’instabilité pour renforcer leur influence.

d) États régionaux et groupes africains:

Tels que la CEDEAO (Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest), qui milite pour le rétablissement d’un régime civil, et l’Algérie, qui a des intérêts sécuritaires et stratégiques dans la région.

En fin de compte, la crise malienne résulte d’une interaction de facteurs internes (faiblesse de la gouvernance, coups d’État, conflits ethniques) et externes (interventions internationales et régionales). Le rôle des puissances étrangères ne peut être négligé, mais se concentrer uniquement sur le facteur externe risque de simplifier excessivement la situation complexe du pays.

• Qu’en pensent les observateurs?

Les observateurs estiment que ces changements dans la carte des alliances, ainsi que le discours souverainiste qui les accompagne, opposé à toute intervention étrangère, ont contribué à redessiner l’équilibre des pouvoirs au sein même de l’armée malienne, créant potentiellement des tensions entre différentes factions au sein de l’armée.

Certains d’entre eux n’excluent pas que la tentative de coup d’État signalée trouve son origine dans la nature du conflit sur les orientations stratégiques du pays, entre ceux qui soutiennent une ouverture continue à des partenariats non conventionnels avec la Russie et d’autres pays extérieurs à la sphère occidentale, et ceux qui privilégient un retour aux alliances traditionnelles avec les puissances occidentales et régionales, dont en particulier la France.

Cette crise est indissociable du contexte des coups d’État militaires répétés au Sahel et en Afrique de l’Ouest ces dernières années, y compris au Mali en 2020 et 2021, qui ont suscité un large débat sur la stabilité des régimes politiques et leur capacité à gérer les transitions politiques.

Les répercussions de ces arrestations opérées au sein de l’armée malienne dépendent des résultats des enquêtes militaires et de la manière dont les autorités abordent les divisions potentielles au sein de l’institution militaire, compte tenu des défis sécuritaires et économiques persistants auxquels le Mali est confronté à un tournant critique de son histoire.

Ces arrestations interviennent dans un climat politique et sécuritaire tendu dans le pays, en raison de désaccords au sein du conseil militaire sur certaines questions, notamment l’alliance avec la Russie et la nécessité de nouer de nouveaux partenariats avec des pays comme les États-Unis. Cela est d’autant plus vrai après les visites répétées d’envoyés américains qui ont exprimé leur volonté de coopérer avec le Mali.

Les mêmes sources indiquent que tous les officiers arrêtés sont membres de la Garde nationale, sous le commandement du ministre de la Défense, le général Sadio Camara, qui serait semble-t-il « impliqué dans la soi-disant tentative de coup d’État ».

Si à ce jour, les autorités n’ont pas encore publié de communiqué officiel détaillé concernant l’avancement de l’enquête ou les accusations portées contre les détenus, elles se sont tout de même contentées de souligner que toute personne dont l’implication dans une « atteinte à la sécurité de l’État » serait avérée sera tenue responsable conformément à la loi, comme elles l’ont indiqué.

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