Le Chef du gouvernement de transition au Mali accuse la France de former des terroristes à Kidal

16
Le Premier ministre – Chef du gouvernement de transition au Mali Choguel Maïga

Rapporté par
Anouar Chennoufi

Africa-PressMaliLa tension entre le Mali et la France ne cesse de prendre de plus en plus de l’ampleur, et les différends sont en train de se multiplier de jour en jour.

C’est d’ailleurs dans ce contexte que le Chef du gouvernement de transition du Mali, Choguel Kokalla Maïga, a accusé la France d’être à l’origine de la formation de ce qu’il a qualifié de “groupes terroristes” actifs dans le pays, et que son gouvernement en détient les preuves.

Maiga a révélé dans un entretien accordé à l’agence russe “Novosti”, publié le vendredi 8 octobre 2021, que les “terroristes” qui se trouvent actuellement au Mali étaient venus de Libye, après la destruction de l’Etat libyen par la France et ses alliés de l’OTAN, soulignant que les forces françaises ont mis en place une armée à Kidal – dans le nord du Mali – et l’ont confiée à un mouvement formé par “Ansar Eddine” coopérant avec Al-Qaida.

Il a ajouté que son gouvernement est actuellement dans l’impossibilité d’atteindre Kidal, car il s’agit d’une zone isolée et contrôlée par la France, où des groupes armés sont entraînés par des officiers français.

Au passage, Maïga a laissé entendre que le gouvernement malien, lorsqu’il a accepté de coopérer avec la partie française dans la lutte contre le terrorisme sur son territoire, n’avait demandé à Paris que de l’aider à travers des données de renseignement et d’un soutien aérien, et il n’a pas été question de déployer des troupes sur le territoire malien.

Il a déclaré entre-autres que la France devrait se rendre compte que l’autorité officielle actuelle du Mali est responsable de la sécurité du pays et, compte tenu de son mécontentement face aux actions de Paris, elle demandera de l’aide auprès de ses autres partenaires.

Choguel Kokalla Maïga devant l’Assemblée générale des N.U

Maïga en compagnie d’Antonio Guterres S.G. des Nations Unies

A noter que Choguel Maïga avait déjà accusé la France – dans son discours prononcé du haut de la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies à New York, le mois dernier – d’abandonner son pays en cours de route lorsqu’elle a décidé de retirer la force “Barkhane”, venue en aide à Bamako pour faire face aux groupes “terroristes”, ce qui a poussé son pays à s’orienter vers d’autres partenaires.
Il a déclaré que son pays cherchait d’autres aides militaires « pour combler le vide qui résultera certainement du retrait de la force Barkhane du nord du pays ».

Le Chef du gouvernement de transition a également déclaré que son pays ne coopérerait pas sur la question des achats d’armes avec les pays qui pratiquent une politique de chantage contre son pays et s’ingèrent dans ses affaires, soulignant que le Mali considère la Russie comme un partenaire fiable.

Par ailleurs, début septembre, la France a entamé le redéploiement des bases du nord du Mali, dans le cadre de la reconfiguration de sa force Barkhane de 5.000 hommes, pour inclure d’autres partenaires européens.

Dominé par l’armée, le gouvernement malien serait sur le point de recruter 1.000 éléments formateurs du groupe russe Wagner, proche du Kremlin.

Ce, à quoi Paris aurait mis en garde Bamako contre l’embauche de mercenaires russes, déclarant que cela n’était pas conforme à la présence française continue dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, et l’Union européenne aurait également averti que cette démarche affecterait les relations entre elle et le Mali.

Forum Afrique-France

Emmanuel Macron lors du Forum Afrique-France

Rappelons que, lors du Forum Afrique-France, le président français Emmanuel Macron a annoncé que son pays n’entendait pas poursuivre longtemps sa présence militaire au Mali : « Je pense que la France n’est pas destinée à maintenir sa présence militaire au Mali pendant longtemps. C’est pourquoi nous fermons actuellement nos bases militaires à Tessalit et Kidal au nord du Mali. Notre objectif n’est pas d’avoir une armée et des bases. »

Il va sans dire que Paris a été fortement critiqué par un certain nombre de participants africains, notamment le blogueur sénégalais Chaik Valle qui a appelé la France à « cesser de coopérer avec les présidents dictatoriaux ».

Le Tchad, la Guinée et la Côte d’Ivoire ont accusé à leur tour la France de « soutenir les dictateurs qui manipulent la constitution », pour se maintenir au pouvoir.

La réponse du Président français à ces critiques était la suivante : « dans ces pays, la France a fortement réduit les projets d’investissement mis en œuvre au niveau intergouvernemental, et les met désormais en œuvre avec la société civile ».

Dans tout ce méli-mélo, notons que le ministère des Affaires étrangères du Mali avait auparavant convoqué l’ambassadeur de Paris, sur fond de “déclarations inamicales” du président français Emmanuel Macron.

Retrait de la « Médaille nationale du Mali » à un général français

Le Général français Alain Vidal

Pour l’anecdote, et probablement en signe de mécontentement, le Gouvernement malien de transition avait décidé de retirer à un éminent général français la plus haute distinction nationale qui lui aurait été décernée auparavant.

Cette décision, d’après le site Abamako, serait intervenue à l’encontre du général français, Alain Vidal, l’ancien commandant de la force “Barkhane”, l’un des trois généraux français à avoir reçu la “Médaille nationale du Mali”, la plus haute décoration du pays, et ce en juin dernier.

Le mystère entoure toujours le fond de la décision de dépouiller le général de la médaille, mais le site a indiqué que cette évolution s’inscrit dans un contexte d’escalade des tensions entre les deux pays, Paris s’opposant clairement au rapprochement des autorités de transition au Mali, avec la Russie.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Mali, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here