Le Mali a-t-il divorcé de la France pour se jeter dans les bras du Maroc ?

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Nasser Bourita recevant Abdoulaye Diop à Rabat

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Mali. Le Mali, qui se débat âprement dans les filets des multiples situations trop controversées dans lesquelles le pays s’était embrouillé, particulièrement vis-à-vis de la France qui continue à le manipuler comme s’il était encore « une colonie française », tente par tous les moyens de s’en extraire avec le moins de « bobos » possible.
C’est d’ailleurs pourquoi le Mali a décidé de s’orienter vers d’autres pays, africains et autres, en particulier le Royaume du Maroc, pour développer et renforcer des relations bilatérales avec eux.

Abdoulaye Diop à Rabat

Accord de coopération signé entre le Mali et le Maroc

Dans ce contexte, les ministres des Affaires étrangères du Mali et du Maroc, qui s’étaient rencontrés à Rabat, le 11 Octobre 2021, ont affirmé leur souci de renforcer les relations de coopération entre les deux pays. La rencontre était intervenue dans un contexte de relations diplomatiques tendues entre les deux pays avec Paris, qui rejette le régime au pouvoir au Mali et fait pression sur le Maroc quant à la question des migrants.

Ni les visites répétées des ministres des Affaires étrangères maliens au Maroc, ni leur confirmation à chaque visite des liens historiques unissant les deux pays, ne sont un événement étrange. Parallèlement, la présence récente de l’actuel Chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, dans la capitale du royaume du Maroc, intervient dans un climat de tensions diplomatiques entre les deux pays d’un côté et leur ancien colonisateur, la France, de l’autre côté.

Les tensions, surmontées par le vif différend entre Paris et le régime au pouvoir d’Assimi Goïta au Mali, font de l’affirmation venue de la bouche du responsable malien de la volonté de son pays de renforcer les relations de coopération entre celui-ci et le Royaume une preuve supplémentaire de la recherche par cet Etat africain de nouvelles alliances, pour compenser le « défaut » des relations avec la France. Ainsi, la visite à Rabat s’inscrira dans la continuité des alliances saignantes que Paris a connues depuis l’hiver dernier, dans la région du Sahel.

Rappelons que le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita avait reçu lundi à Rabat son homologue Abdoulaye Diop, dans le cadre d’une visite que le responsable marocain a décrite comme étant « une occasion d’échanger des points de vue et des positions sur la situation dans le pays », soulignant que « les relations entre le Mali et le Maroc sont également historiques et profondes, et ont des dimensions humanitaires et religieuses bien enracinées ».

Au cours d’une conférence de presse conjointe tenue à l’issue de la rencontre, Bourita a souligné que le Royaume chérifien est « prêt à tendre la main à l’Etat malien pour l’accompagner durant la phase transitoire, notamment en ce qui concerne la réhabilitation de l’infrastructure, l’eau, l’énergie, l’agriculture, et la promotion des projets », ajoutant que « le Maroc n’a pas d’agenda au Mali, et a pleine confiance dans les autorités maliennes pour faire passer le pays à l’étape suivante ».

De son côté, le chef de la diplomatie malienne a réitéré l’attachement de son pays aux relations fraternelles qui le lient au Royaume, indiquant dans ce sens que son pays « ne prendra aucune position qui porte préjudice aux intérêts du Maroc, soulignant qu’il avait remis le message de paix, d’amitié, de solidarité et de fraternité du chef de l’Etat du Mali au roi Mohammed VI ».

A noter que le Mali se classe troisième du point de vue investissements marocains dans les pays africains, et deuxième en termes de bourses marocaines offertes aux étudiants.
Les alliances sanglantes de la France ne plaisent plus à Goïta

Un divorce qui risque d’être plus douloureux à la France qu’au Mali

Rappelons encore une fois que la visite effectuée par Abdoulaye Diop intervient dans un climat de tension entre Paris et le gouvernement de Bamako, et que le gouvernement français n’a pas encore reconnu le régime d’Assimi Goïta, arrivé après le coup d’État de mai dernier. En revanche, la France a annoncé le retrait de ses forces du pays et la fin de l’opération Barkhane qu’elle menait au Sahel contre les groupes terroristes qui contrôlent un tiers du pays.

Ainsi, la République du Mali a procédé à la consolidation de ses relations avec la Russie, en commençant par une coopération sécuritaire sous l’égide de la société « Wagner » pour les Institutions de sécurité, proche du Kremlin. Des rapports précédents mentionnaient que les éléments de ce groupe étaient entrés sur le territoire malien à plusieurs reprises. D’autres informations ont également révélé la signature imminente d’un contrat entre le gouvernement Goïta et “Wagner”, selon lequel le Mali recevrait 1000 mercenaires de la société russe, en contrepartie d’un pactole estimé à dix millions de dollars par mois.

Russie, Turquie, Maroc, et puis après ?

Outre la Russie, le Mali a jeté son dévolu également sur la Turquie, qui a récemment remporté de grands succès dans le domaine des industries de défense. Récemment, Bamako a annoncé son intention de mener une coopération conjointe avec Ankara dans ce domaine, afin de lutter contre les organisations terroristes. Le président malien a déclaré qu’il existe « de bonnes relations entre le Mali et la Turquie » et que son pays « se félicite de la coopération avec la Turquie, qui est l’un des plus grands pays islamiques ».

Il importe de noter que les derniers accords signés lors de la visite du roi Mohammed VI dans la capitale malienne, Bamako, en 2014, dans le cadre des solides relations de coopération, s’élevaient à 17 accords relevant des domaines de l’investissement, de l’industrie, de l’agriculture et des services aériens. Des relations qui ont été confirmées par la dernière visite, au cours de laquelle le discours de la diplomatie marocaine est venu en totale opposition avec la position française envers les autorités de Bamako.

En revanche, les relations entre Paris et Rabat ne sont pas au mieux, après que la France ait décidé de durcir les procédures de visa pour les citoyens marocains, ce que le ministre marocain des Affaires étrangères a qualifié de « décision incompréhensible et injustifiée », tout en soulignant que le problème des expulsions de migrants, dont la France a justifié sa décision, est un « problème franco-français » et que son ministère, contrairement à ce que prétend Paris, « traite avec responsabilité le dossier de l’immigration. »


On se demande combien ce feuilleton va-t-il durer, et de combien d’épisodes sera-t-il constitué ?

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