Le Mali le plus touché par la fermeture de l’espace aérien algérien aux avions français !

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Le Président algérien Abdelmadjid Tebboune

Rapporté par
Anouar Chennoufi

Africa-PressMali. Les autorités françaises ont confirmé que l’Algérie a pris la décision de fermer son espace aérien à ses avions militaires, le dimanche 3 octobre 2021, dans le cadre d’une « réponse » des pays du Maghreb aux dernières déclarations du président Emmanuel Macron, que la France a qualifiées d'”offensives”.

Hormis les difficultés visant directement la France, cette décision coïncide avec plusieurs problèmes connus et impliquant la présence militaire française dans la région du Sahel, particulière au Mali, qui apparaît ici comme étant le pays le plus touché par la décision algérienne.

En effet, l’attention se tourne vers la République du Mali, ainsi que vers les autres pays du Sahel saharien, dont évidemment le Niger, à un moment où la région devrait se transformer en une arène de « conflits » entre plusieurs puissances régionales et internationales, d’une manière qui laisserait grande ouverte la porte à la voie de l’escalade des activités terroristes.
Quel avenir donc pour la région du Sahel après la fermeture de l’espace aérien algérien à la France ?

Avion français se dirigeant vers le Mali

Le communiqué rendu public par la Présidence algérienne, a mis l’accent sur le fait que les actions de Macron représentent « une insulte inacceptable à la mémoire des 5 millions et 630.000 martyrs qui se sont sacrifiés par une courageuse résistance contre le colonialisme français », expliquant que l’Algérie « rejette catégoriquement l’ingérence dans ses affaires intérieures, comme indiqué dans ces déclarations ».

Ambassadeurs convoqués

A noter qu’auparavant, Alger avait convoqué son ambassadeur à Paris, Mohamed Antar Daoud, « pour des consultations », selon la télévision nationale algérienne.

Et dans le même contexte, le Mali n’a pas hésité à convoquer à son tour l’ambassadeur de France à Bamako, le mardi 5 octobre 2021, à la suite des commentaires formulés par le Président français, Emmanuel Macron, pour lui exprimer son mécontentement à la suite des commentaires du Président Macron, décrits comme inamicaux et désagréables, marquant une nouvelle étape dans les tensions bilatérales.

A noter également que les relations entre Bamako et Paris n’ont cessé de se dégrader depuis l’annonce cet été par Emmanuel Macron de la mise en œuvre d’une « transformation profonde » de la présence militaire française au Mali, avec l’objectif de maintenir à terme prés de 2.500 / 3.000 soldats au Sahel, sur un total de 5.100 soldats mobilisés actuellement dans le cadre de l’opération Barkhane.

L’Algérie exprime son soutien au Mali

Le Chef de la diplomatie algérienne Ramtane Lamamra

Par ailleurs, le Premier ministre et Chef du gouvernement malien, Choguel Kokalla Maïga, qui reproche à la France d’abandonner le Mali dans la lutte contre les groupes islamistes, une accusation rejetée par Emmanuel Macron, a reçu à Bamako, le mercredi 6 octobre courant, le Ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, lequel a exprimé le grand soutien du Peuple algérien au Peuple malien ami.

Rappelons que le président Macron aurait mis en doute, la semaine dernière, la légitimité des autorités maliennes supervisant la période de transition après deux coups d’État en à peine un an.

Réaction du Chef de la diplomatie du Mali

Le Chef de la diplomatie malienne Abdoulaye Diop

En réponse aux commentaires du Président français, le Ministère malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, qui a indiqué avoir convoqué l’ambassadeur de France, Joël Meyer pour lui signifier son indignation et sa désapprobation, a « vivement protesté contre les remarques regrettables (du président français), lesquelles sont de nature à nuire au développement de relations amicales ».

Retour sur la décision prise par le Président algérien Abdelmadjid Tebboune

Selon certaines sources algériennes dignes de foi, le président Abdelmadjid Tebboune aurait décidé de fermer l’espace aérien algérien au passage de tous les avions militaires français se dirigeant vers la région du Sahel, dans le cadre de l’opération Barkhane.

La même source a précisé que ce passage était « un privilège accordé à la France depuis le règne de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika, et qui est resté en vigueur pendant 4 ans ».
Il s’agirait là d’une démarche officielle qui « affectera gravement les opérations militaires françaises et corrigera une erreur stratégique de l’ancien président (Bouteflika), et conduira à un ralentissement de la coopération militaire franco-algérienne dans les prochaines semaines ».

Qu’est-ce qui se cache derrière la décision ?

L’expert militaire algérien, Akram Khreif, aurait déclaré au site d’actualités TRT Arabic que « l’effet sera minime, car les avions militaires français détourneront leur cap pour traverser l’espace aérien marocain ».

Il a expliqué qu’en vertu de cette décision, le passage des avions militaires français dans l’espace aérien mauritanien et marocain devient impératif, compte tenu de l’interdiction internationale de survoler le territoire libyen et que, techniquement, il y aurait des problèmes logistiques que ce changement va créer car « les avions français devront s’arrêter pour faire le plein le long de la trajectoire de vol, en plus du coût élevé des vols ».

Pour Khreif, revenant sur la question de la coopération militaire franco-algérienne : «…il n’y a pas eu de coopération militaire majeure entre l’Algérie et la France, ni au niveau de l’armement et ni au niveau des échanges d’expériences et d’informations. »

Point de vue du professeur de relations internationales Mabrouk Kahi
Dans ce contexte, Mabrouk Kahi, professeur de relations internationales, qui s’intéresse aux affaires africaines, considère dans une déclaration à « L’Arabie indépendante » que la région du Sahel, comme le Moyen-Orient, est devenue une arène de lutte des grandes puissances et l’agencement des centres d’influence, après avoir été l’apanage de l’influence française pendant de nombreuses années
Kahi poursuit en assurant que la France est dans une course contre la montre pour remédier à la situation au Sahel, déclarant que la décision de l’Algérie de fermer son espace aérien aux avions militaires français, va coûter cher à la France, car il n’y aura pas de coopération future, notamment dans le domaine de la sécurité, révélant à l’occasion que l’Algérie avait « arrêté » l’approvisionnement en « carburant et en kérosène » des forces françaises au Sahel.

Il a ajouté qu’aucun pays de la région ne peut répondre à ces besoins, soulignant quant à l’avenir de la région, que la question est liée à la mesure dans laquelle les élites sont conscientes des fils du jeu et les font en leur faveur.

Point de vue de l’Etat-major français

Colonel Pascal Iani – porte-parole de l’Etat-major français

Le porte-parole de l’état-major français, le colonel Pascal Iani, avait confirmé l’impact limité de la décision algérienne sur le flux de soutien français pour affronter les groupes extrémistes au Mali.
Il a estimé que les avions militaires français devront modifier leurs plans de vol, soulignant que cela « n’affectera pas les opérations ou les missions de renseignement » menées par la France dans la région du Sahel.

Il a également souligné que les vols de reconnaissance français dans la région du Sahel, qui sont généralement effectués par des drones, ne seront pas affectés, puisque ces avions partent de Niamey au Niger et ne survolent pas l’Algérie.

Un coup douloureux qui risque fort de porter préjudice au Mali, autant qu’aux autres pays du Sahel saharien, notamment en cette période et à l’avenir !

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