Les crises politiques au Mali projettent les pays du Sahel dans un tourbillon d’insécurité

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Les crises politiques au Mali projettent les pays du Sahel dans un tourbillon d’insécurité
Un pays excessivement militarisé

Africa-Press – Mali. Le Mali est devenu un pays ‘sur-militarisé’ et paradoxalement très vulnérable face au terrorisme et aux autres formes de crime organisé.

C’est donc pourquoi la stabilisation tant attendue dans ce pays, qui comme le autres pays du Sahel, est en prise avec les défis sécuritaires, les changements climatiques, et la pandémie de COVID-19, passe par des élections libres, crédibles, et transparentes dans les délais impartis.

Il est bon de rappeler que le G5 Sahel, avec ses deux piliers ‘sécurité et développement’, constitue une réponse globale, adéquate et durable aux multiples défis de l’espace commun régional.

Aujourd’hui, nous revenons en quelque sorte sur les conséquences stratégiques sécuritaires, géopolitiques et humanitaires de la crise malienne sur toute la région du Sahel.

Ce qui ne peut être ignoré par tous, c’est l’existence de conséquences sécuritaires, stratégiques et politiques découlant de la crise en République du Mali sur l’espace de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en particulier, et sur le continent africain en général.

Ci-après quelques-unes de ces conséquences.

Implications stratégiques en matière de sécurité

En 2012, et avec la fin et les effets du printemps arabe en Libye, le pays voisin, deux menaces principales sont apparues au Mali.

• D’abord l’émergence du « Mouvement séparatiste des groupes rebelles touaregs dans le nord du Mali », qui constitue 66 % du territoire malien.

Groupes rebelles touaregs au nord du Mali

• Puis l’émergence de « groupes armés terroristes affiliés aux deux organisations ‘Al-Qaïda’ et ‘Daech’ ».

Positions occupées par les terroristes

Conséquences humaines

Les crises politiques en République du Mali – et l’imposition de sanctions à son encontre – sont indissociables des conséquences humanitaires et alimentaires et des violations des droits de l’homme dans ce pays et les pays voisins de la région de la CEDEAO.

En raison de la déstabilisation de la sécurité dans le pays, plus de 19 millions de personnes sont touchées par des guerres et des attentats terroristes, du fait que l’État, qui est enclavé, est démuni de ports maritimes et dépend directement de ses pays voisins pour importer des marchandises et des produits de première nécessité comme la nourriture, à savoir : le Sénégal, la Côte d’Ivoire, la Guinée Conakry et le Burkina Faso.

En conséquence, la crise politique ayant résulté du coup d’État perpétré contre l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta, a incité la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest à imposer des sanctions géopolitiques et économiques à l’encontre de la République du Mali.

Il ne fait aucun doute que ces décisions causent un danger humanitaire pour les populations civiles et les citoyens au Mali, en termes de raréfaction des produits de base et d’étouffement des exportations, qui procurent des revenus à une grande partie de la population, notamment de divers domaines, que ce soit de l’extraction de l’or ou d’autres.

Pour cela, il valait mieux tenir compte des conditions des civils en n’allant pas jusqu’à la fermeture des frontières face aux produits de première nécessité, que le Mali importait toujours de chez ses voisins.

Les conséquences géopolitiques

L’un des effets de la crise malienne reste également la dépendance géopolitique.

En effet, la démocratie dont le Mali avait joui ‘relativement’ de 1992 à 2012, a été remise en question par les problèmes politiques dans lesquels se débattait le pays.

En termes d’analyse géopolitique, la région peut être retracée à ses périodes sombres dans les années 80 et 90 du siècle dernier par les militaires, comme cela s’est produit au Nigeria, au Ghana et au Libéria, durant la même période, et en Guinée Conakry, lorsque son ancien président, le général Lansana Conté, mourut en 2008, et que le capitaine Moussa Dadis Camara en a profité pour prendre le pouvoir sans promulguer la constitution, à la place du président du Parlement qui devait conduire le pays aux élections selon le Constitution de l’Etat de Guinée.

La preuve en est que l’armée s’était emparée du pouvoir dans un certain nombre de pays africains hors du champ de la légitimité, au cours des trois dernières années.

Par exemple, au Tchad, lorsque son ancien président, Idriss Deby Itno, a été assassiné et que son fils le général Mahamat Idris Deby prit le pouvoir, et en Guinée Conakry, quand son président Alpha Condé fût renversé par le colonel Mamady Doumbouya le 17 septembre 2021, puis récemment au Burkina Faso, où le coup d’État commis contre le président Roch Marc Kaboré a permis au colonel Paul Henry Sandago Damiba de prendre le pouvoir.

L’incapacité à résoudre la crise politique qui a conduit aux coups d’État, menace la démocratie et la constitutionnalité dans la région.

Cela peut être dû au manque de confiance des peuples africains dans les principes de la démocratie occidentale.

D’ailleurs, il ressort des pourparlers politiques africains qu’un système politique doit nécessairement être créé et adapté aux coutumes et aux traditions africaines, qui accélèrent la croissance économique et la renaissance.

Bien que les récents coups d’État dans la région contredisent les constitutions locales et les chartes internationales et régionales, on constate tout de même qu’un grand nombre de peuples les soutiennent, affirmant que les dirigeants et les hommes politiques ne recherchent que l’intérêt de l’Occident, en particulier la France, le tout sous couvert de la démocratie.

Conclusion

Reconnaissons que la situation politique du Mali n’est pas très différente des pays de la région.

Géopolitiquement, si le problème n’est pas traité avec ruse et intelligence politique, ce qui s’est est passé au Mali risque de récidiver dans de nombreux pays du continent ou de créer ce que l’on pourrait appeler le ‘nouveau mouvement africain’ existant contre le système démocratique occidental, et trouver des alternatives économiques et politiques pour le continent ou le soulèvement de l’été africain, parallèle au soulèvement du printemps arabe en 2010, qui a déplacé les politiques et les gouvernements dans le monde arabe en raison de la propagation de la corruption administrative, du pillage de la richesse des personnes, et surtout l’incapacité à répartir équitablement les opportunités et les ressources nationales.

Cette série de putschs militaires va-t-elle s’arrêter ou bien la contagion va-t-elle prendre le dessus ?

Anouar CHENNOUFI

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